Ils ont tous répondu présents : entreprises du bâtiment, architectes, bureaux d’études, plombiers, électriciens, maitres d’œuvre… à l’appel lancé par Sikoa Action Logement. Il faut dire que l’enjeu est de taille puisqu’il s’agit d’apprendre à cohabiter pour relancer la construction dans le logement social.
Entre novembre et décembre 2023, Sikoa a lancé pour 50 millions d’euros d‘appel d‘offre. 76% d’entre eux sont restés infructueux dont 40% sans même une réponse. C’est pour ne plus avoir à revivre de telles situations que Sikoa a souhaité jouer la transparence et réunir ses partenaires. « Nous devons trouver des solutions qui passent par une optimisation du cahier des charges confiait Jules Goval, directeur général de Sikoa, en rationnalisant l’augmentation des coûts. Je ne parle pas de baisser la qualité mais d’optimiser les constructions ». L’effort doit se porter sur des points stratégiques tels que la Haute Qualité Environnementale (HQE), la décarbonation, la transition écologique, le confortement parasismique, la performance énergétique, la certification environnementale et surtout l’accessibilité aux handicapés. Autant d’éléments essentiels sur lesquels les entreprises doivent se positionner.
« Il faut penser la construction autrement et nous avons besoin des entreprises et des maitres d’œuvre pour nous aider à transformer l’essai, poursuit le directeur, qui mieux qu’elles sont au fait des techniques et matériaux innovants »
Une nouvelle feuille de route
En 2023, Sikoa a réhabilité 761 logements pour un cout de 49 millions d’euros. « Le secteur du logement social est un acteur de la cohésion sociale et un régulateur sociétal, assure Tierry Romanos, le président de Sikoa. Tous bailleurs confondus c’est plus d’1,5 milliard euros injectés dans le BTP chaque année, malgré une baisse sensible dans la construction des logements neufs. A elle seule Sikoa va injecter plus de 120 millions d’euros en 2024, dont 50 millions pour la construction neuve et le reste en démolition, reconstruction, réhabilitation, gros entretien, et rénovation urbaine. « C’est la lisibilité qui fait défaut aux entreprises », assure le directeur de Sikoa qui lors de cette rencontre avec les professionnels a dévoilé sa programmation ainsi que ses futurs axes de développement pour permettre aux acteurs de s’organiser pour répondre aux appels d’offre. « Les règles du jeu sont claires : définir une stratégie commune, renforcer notre niveau d’exigence et de transparence en matière de commande publique ».
Apprendre à répondre aux appels d’offre
La première réponse à la problématique actuelle est de trouver des entreprises en capacité d’assurer les travaux dans des créneaux financiers prédéfinis. A titre d’exemple, récemment pour une estimation par le maitre d’oeuvre de 20 millions d’euros, la réponse des moins disant fut de 31 millions, soit un écart de 60%. « Il nous est impossible de démarrer une opération avec de tels écarts, même avec le soutien de nos partenaires financiers». Or la règle est simple : si tous les corps d’état ne répondent pas, l’opération est bloquée. « Le point de départ pour les entreprises, précise Nicolas Mielle, le directeur Développement, Travaux et Patrimoine, c’est de proposer des prix cohérents, des dossiers complets et des attestations fiscales et sociales et on se rend compte que pour les artisans comme les carreleurs ou les plombiers c’est compliqué ». Aujourd’hui Sikoa a mis en place une place forme dédiée à ses appels d’offre. « Nous souhaitons faire acquérir aux entreprises l’expérience des marchés qui leur fait défaut. »
Marie-France Grugeaux-Etna
Photos : Fred Sapotille