Le secteur des matériaux ne déroge pas à la règle. Lui aussi subit de plein fouet la crise du logement qui gangrène le pays depuis de nombreux mois. C’est en tout cas ce que révèlent les résultats d’une enquête dévoilée ce mercredi par l’Association des industries des produits de construction (AIMCC), à laquelle ont participé 29 des 39 organisations professionnelles du secteur.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2023, 86 % des répondants ont connu une baisse d’activité, et 47 % d’entre eux estiment la baisse supérieure à -5 %. Une baisse de l’activité qui s’explique surtout, pour 35 % des répondants, par une baisse de la demande. L’inflation est la deuxième cause, puisque 25 % des répondants la considèrent comme responsable de la baisse de leur activité.
Or, 2024 ne présage rien de mieux pour les organisations du secteur, puisque 73 % d’entre elles s’attendent à une baisse prononcée de leur activité cette année. Les trois segments du marché prévoient une baisse d’activité, mais celle-ci varie selon le type d’acteur : le gros œuvre anticipe une baisse des résultats très importante, tandis que le second œuvre prévoit des baisses, mais pas au-delà de -15 %.
Des réponses attendues de la part de l’exécutif
Contrairement à l’année 2023, durant laquelle les principales craintes portaient sur les tensions sur les prix d’approvisionnement et de l’énergie ou sur la pénurie de main d’œuvre, ce sont désormais les contraintes financières et la baisse de la demande qui arrivent en tête des préoccupations des industriels.
En conséquence de quoi les professionnels du secteur réclament aux pouvoirs publics un « soutien à l’activité des entreprises », avec une « politique de la relance (de l’immobilier) neuf et des rénovations d’ampleur ». « L’absence de politique claire concernant le logement » des derniers gouvernements « a été un facteur aggravant de la crise qui s’annonce », a regretté Philippe Gruat, président de l’AIMCC.
Ce dernier a néanmoins salué les annonces du Premier ministre faites lors de son discours de politique générale, notamment sur la « simplification des normes ». Philippe Gruat reste toutefois prudent, et attend de voir comment le gouvernement compte les appliquer.
Point positif, la crise actuelle ne semble pas trop inquiéter les organisations du secteur en ce qui concerne l’évolution des effectifs de leur entreprise. En effet, 60 % des répondants considèrent que les effectifs devraient rester stables, voire progresser en 2024. Une tendance qui s’explique notamment par le fort recours à l’intérim, premier « levier » de baisse des effectifs cité par les entreprises pour s’ajuster.
L’AIMCC rappelle également son alignement sur les priorités de l’industrie et de la filière construction en termes de transition écologique et de compétitivité, même si son président estime qu’en ces temps de crise, la « priorité sera de soutenir l’activité des industriels du secteur ».
Pour conclure, et concernant l’objectif du gouvernement de 200 000 rénovations énergétiques d’ampleur, l’AIMCC a déclaré que ce nombre pourra être atteint si et seulement si des mesures complémentaires sont mises en place. L’Association des industries des produits de construction réclame notamment « un dispositif d’octroi des aides et d’accompagnement rapidement opérationnel et efficace », et un renforcement de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) « pour faire face à l’afflux de dossiers ».
Jérémy Leduc
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