Jeudi 8 février, Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment, s’est penché sur la crise du secteur du BTP, de l’immobilier et des promoteurs, avec en perspective de perdre 150 000 emplois dans les deux prochaines années, dans l’émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier et Christophe Jakubyszyn. Good Morning Business est à voir ou écouter du lundi au vendredi sur BFM Business. A partir de cet enregistrement nous avons fait une interview de Mr Salleron en reprenant ses propres mots.
Retranscription dans l’intégral de son interview sur BFMTV
Dans une période marquée par des défis considérables, le secteur du bâtiment en France fait face à une crise. Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), a partagé ses perspectives lors d’une interview sur BFMTV le 8 février. Voici un compte-rendu de cet échange sous forme de questions-réponses.
Q : Pouvez-vous nous parler de la crise actuelle dans le secteur du bâtiment?
Olivier Salleron : La crise que nous vivons aujourd’hui est profondément ancrée dans le secteur du bâtiment, affectant non seulement les promoteurs immobiliers mais aussi les ouvriers et l’ensemble de la filière. Nous avons perdu 8 000 emplois au 31 décembre de cette année, s’ajoutant aux 90 000 perdus auparavant, et nous anticipons la perte de 150 000 emplois dans les deux prochaines années. Cette situation est exacerbée par les défis liés au logement, avec 300 000 salariés qui risquent de se retrouver sans emploi d’ici mi-2025.
Q : Qu’en est-il des initiatives en matière de rénovation énergétique?
Olivier Salleron : Les efforts de rénovation énergétique, en particulier chez les particuliers, sont également en crise. Les régulations de plus en plus complexes et un récent décret ont introduit la nécessité d’un accompagnateur Renov pour MaPrime Renov, ce qui est en théorie une bonne idée. Cependant, il n’y a qu’un tiers des accompagnateurs nécessaires disponibles, ce qui retarde significativement les projets de rénovation. En outre, les conditions pour obtenir l’aide MaPrime Rénov sont devenues plus contraignantes, exigeant par exemple le remplacement de chaudières lors du changement de fenêtres, ce qui augmente considérablement les coûts pour les ménages.
Q : Quelle est votre perspective sur les solutions à apporter à cette crise?
Olivier Salleron : Nous avons un besoin urgent de simplification. J’ai un rendez-vous avec Christophe Béchu pour discuter de la simplification des processus. Il est crucial que nous agissions rapidement car de nombreux artisans risquent de mettre la clé sous la porte. Notre secteur a également été touché par des réductions de soutien financier telles que celles apportées au prêt à taux zéro et au dispositif Pinel, aggravant encore la situation.
Q : Face à ces challenges, quel message souhaitez-vous transmettre aux autorités?
Olivier Salleron : J’aimerais m’adresser directement au ministre de l’Économie et au ministre de la Transition écologique, ainsi qu’au président Emmanuel Macron si possible, car les enjeux de décarbonation et de soutien au bâtiment sont cruciaux pour notre économie et notre société. Il est impératif que le gouvernement prenne des mesures concrètes et écoute les acteurs du secteur pour éviter une crise plus profonde.
Q : Quelles pourraient être les conséquences si la situation ne s’améliore pas?
Olivier Salleron : La grogne au sein du secteur du bâtiment est palpable et pourrait se traduire par des actions plus visibles et potentiellement perturbatrices, surtout si les conditions de travail et l’emploi continuent de se détériorer. Nous avons prouvé notre capacité à livrer des projets majeurs, comme les Jeux Olympiques et la restauration de Notre-Dame, à temps. Pour continuer sur cette voie, il est essentiel que le gouvernement écoute et agisse en conséquence.