UN PROJET NATIONAL POUR DÉVELOPPER LES CONNAISSANCES ET LA PRÉVENTION DU RISQUE ROCHEUX
En 2014, un certain nombre de scientifiques travaillant sur la thématique des risques rocheux (universitaires, organismes scientifiques et techniques, bureaux d’études, entreprises…), ainsi que des services opérationnels ayant à traiter et gérer ce risque (gestionnaires routiers, ferroviaires…) ont souhaité rassembler l’ensemble des acteurs du domaine afin de proposer un cadre de travail traitant à la fois :
- de l’aléa rocheux (quantification, détection, prévision),
- de la vulnérabilité des enjeux (structures, ouvrages)
- de la gestion du risque, notamment au travers des ouvrages de protection.
Un des fondements fort du projet, en lien avec la forte implication des gestionnaires et Maîtres d’Ouvrages, est de répondre aux questions opérationnelles de ceux-ci, via la production d’outils, méthodes et référentiels techniques qui les aideront dans leur gestion au quotidien du risque.
La labellisation Projet National a été obtenue en octobre 2014. Un Projet National de recherche collaboratif multipartenaires (privés / publics) a vocation à regrouper tous les intervenants d’une filière dans le but :
- D’améliorer la connaissance scientifique sur la thématique
- D’identifier et lever les verrous scientifiques
- D’animer et coordonner les projets scientifiques développés sur la thématique par la recherche académique
- De transférer les résultats à l’opérationnel (innovation)
- De faire monter en compétence des experts académiques qui représenteront le Projet National aux niveaux européen et international
- De déployer des sites « démonstrateurs » sur chantiers réels
- De communiquer et diffuser les informations et connaissances acquises
Pour se financer, un Projet National s’appuie sur les cotisations des partenaires, auxquelles peuvent s’ajouter des subventions ministérielles ainsi que des financements reçus dans le cadre de projets scientifiques externes.
LE PROJET NATIONAL C2ROP1 : DÉROULEMENT ET APPORTS
La première édition de C2ROP s’est déroulée en quatre tranches, de 2015 à 2020. Elle a regroupé 45 partenaires, dont 20% de Maîtres d’Ouvrages et gestionnaires d’infrastructures.
La gouvernance du projet s’est appuyée sur trois organes (Assemblée Générale – Bureau Directeur – Comité de Pilotage) ainsi que sur un Comité Scientifique et Technique, chargé d’évaluer la pertinence scientifique et les avancées du Projet tout au long de sa vie.
Le Projet National, structuré en trois axes (Aléas – Parades – Risques) a bénéficié d’un budget de 4.2M€.
Axe Aléas :
- Glossaire du risque rocheux (voir sur CeremaDoc)
- État de l’art : caractérisation de l’aléa éboulement (voir sur CeremaDoc)
Axe Risques:
- Prise en compte des risques rocheux par les Maîtres d’Ouvrages gestionnaires d’infrastructures : recommandations (voir sur CeremaDoc)
- Cahier des charges type pour l’étude de l’aléa éboulement rocheux et la définition des travaux (voir sur CeremaDoc)
- Cahier des charges type pour les travaux de protection contre les éboulements rocheux (voir sur CeremaDoc)
- Mémento des ouvrages de protection contre les éboulements rocheux : maintenance et coûts (voir sur CeremaDoc)
- Aide à la formalisation de retours d’expérience à la suite d’un événement rocheux sur infrastructures de transports : note méthodologique (voir sur CeremaDoc) et manuel utilisateur (voir sur CeremaDoc)
Axe Parades
- Recommandations pour la conception, le suivi de réalisation et la maintenance des merlons pare-blocs (voir sur CeremaDoc)
- Guide technique pour les ouvrages déflecteurs (voir sur CeremaDoc)
- Guide technique pour la surveillance instrumentale pour la gestion du risque rocheux (à paraître dans le cadre de C2ROP2)
De nombreuses autres actions de valorisation ont été produites dans le cadre de cette 1ère édition, puisque 7 thèses ont été réalisées, 24 articles scientifiques rédigés, 50 communications faites à des colloques et conférences (dont une vingtaine de conférences internationales). Le numéro spécial 163 (2020) de la Revue Française de Géotechnique a été publié exclusivement sur le projet. A noter que depuis 2015 le Projet National est en charge de l’organisation et l’animation des Symposiums internationaux RSS (Rock Slope Stability, plus d’informations sur la page dédiée du site C2ROP).Dans l’axe Aléas :
- La participation au benchmark des logiciels trajectographiques
- La co-rédaction du glossaire du risque rocheux, de l’état de l’art sur la caractérisation de l’aléa
Dans l’axe Parades :
- La participation aux expérimentations et modélisations sur les écrans souples
- La contribution à la rédaction du guide technique Ouvrages déflecteurs
- Le pilotage de la rédaction du CCTP travaux de protection contre les éboulements rocheux, du mémento des ouvrages de protection
Les déflecteurs sont des équipements souples permettant de canaliser des éléments rocheux entre le terrain et l’ouvrage, sur tout ou partie de leur propagation. L’objectif principal est de maîtriser la trajectoire des blocs lors de leur passage au sein de l’ouvrage sans nécessairement les arrêter.
Dans l’axe Risques :
-
Le pilotage de la rédaction de la note méthodologique sur les retours d’expérience (REX) après événements
-
La co-animation avec le PARN (Pôle Alpin des Risques Naturels) de l’action Réseau Maîtres d’Ouvrages (13 rencontres de 2016 à 2019, 20 à 25 participants en moyenne)
De plus, le Cerema et INRAE avaient la charge des publications en amont des éditions (finalisation des livrables, mise en page et liens avec les Editions).
Focus : A quoi sert un REX après chute de blocs sur infrastructures ?
Les REX après événements permettent, via l’analyse des faits et des actions menées, de proposer des actions visant plusieurs objectifs :
- Diminuer l’impact d’un événement sur les enjeux pendant et après la crise
- Améliorer la gouvernance et donc l’organisation des acteurs avant, pendant et après la crise
- Améliorer la culture du risque et la sensibilisation des acteurs aux bonnes pratiques
En tant que documents publics, les REX participent également à la mémoire du risque et peuvent être utilisés en cas de procédures judiciaires.
Pour réaliser ce travail, le groupe a dû définir des familles de critères de gravité d’un événement, des critères de gravité au sein de ces familles, la définition d’indicateurs chiffrés permettant de juger la gravité d’un événement, puis a pondéré chacun des critères et des familles afin de les hiérarchiser. Ainsi, il a été défini 3 niveaux de REX, allant des événements courants aux événements exceptionnels. Le groupe a ensuite travaillé sur le développement d’un outil tableur permettant aux gestionnaires d’infrastructures de transport (routières et ferroviaires) de réaliser des REX.
Pour plus d’informations sur le programme et les résultats de C2ROP1, consulter la page dédiée du site internet C2ROP.
LE PROJET NATIONAL C2ROP2 : QUELS OBJECTIFS ?
C2ROP1 a été fondateur d’une dynamique de groupe qui a motivé les partenaires à se projeter sur une deuxième édition du projet national. Aux objectifs initiaux (mise à disposition des avancées scientifiques et techniques aux opérationnels), s’en ajoutent de nouveaux prenant en compte des problématiques actuelles qui s’expriment dans des contextes évolutifs :
- Comprendre les bouleversements attendus avec le changement climatique
- Nécessité d’intégrer la forte accélération de la numérisation de la société
- Volonté publique de tendre vers un risque minimal et une société résiliente face aux aléas gravitaires
Ces objectifs permettent d’élargir la thématique étudiée (les mouvements de versant dans leur ensemble), le périmètre des enjeux pris en compte (aux infrastructures de transport s’ajoutent les territoires bâtis) et d’ouvrir un nouvel axe de travail consacré à la surveillance des phénomènes potentiels et avérés. Ces nouveaux objectifs ont vocation également à élargir le périmètre des partenaires (concentré sur le massif alpin pour la 1ère édition) au territoire métropolitain dans son ensemble.
Focus : que sont les mouvements de versant ?
Les mouvements de versant font partie des mouvements de terrain, qui regroupent un ensemble de déplacements, plus ou moins brutaux, de sol ou de roches, en surface ou en souterrain. Les mouvements de terrain comprennent :
- Les effondrements et affaissements liés à la présence et la dégradation de cavités souterraines
- Les tassements par retrait gonflement des sols argileux
- Les phénomènes rocheux (de la chute de bloc à l’écroulement massif)
- Les glissements de terrain
- Les coulées boueuses et laves torrentielles
Parmi ces 5 familles, seuls les phénomènes rocheux, les glissements de terrain et les coulées boueuses / laves torrentielles sont des mouvements de versant, car nécessitant la présence d’une pente sur laquelle se produit le phénomène.
Pour plus d’informations sur les mouvements de terrain, voir la fiche RN3 – Mouvements de terrain sur la page Mémento du Maire et des élus locaux du site de l’IRMa (Institut des Risques Majeurs).
LES 4 AXES D’ÉTUDE DE C2ROP2 :
L’objectif est de pérenniser et mutualiser les résultats de travaux antérieurs en formalisant des règles de bonnes pratiques, notamment concernant les études trajectographiques, la quantification et la cartographie des aléas.
Plusieurs autres enjeux majeurs seront abordés, tels que la construction d’un observatoire du risque rocheux et l’étude de l’influence du changement climatique sur les mouvements de versant.
Axe risque, acceptabilité et gestion du risque :
Cet axe vise à apporter aux Maîtres d’Ouvrages des outils, documents pratiques pour les assister dans la gestion du risque rocheux élargi aux mouvements de versant ; continuant à s’appuyer sur le réseau des Maîtres d’Ouvrages, les travaux porteront sur divers aspects : évaluation de la vulnérabilité des enjeux, évaluation quantitative du risque, évaluation de la pertinence à intégrer les couverts forestiers dans les mesures de gestion du risque, réflexion sur la notion de risque acceptable, gestion collaborative du risque rocheux.
Axe Ouvrages de protection :
Pour cette 2ème édition, l’axe propose d’étudier les ouvrages souples face à leurs pathologies et à des sollicitations concomitantes d’une autre nature (neige, coulées de boue…). Le comportement des ancrages de fondation des ouvrages sera également étudié.
Les merlons feront l’objet d’un groupe de travail dédié, dans la continuité des travaux menés pour la première édition, afin de produire un guide technique. Enfin, une action sur les protections d’urgence est prévu, afin de proposer un catalogue de concepts de solutions permettant une mise en sécurité rapide par des ouvrages provisoires.
Axe Surveillance :
Ce nouvel axe se propose de faire émerger, promouvoir et structurer le développement de solutions de surveillance pour la prévention des aléas mouvements de versant.
Les actions envisagées s’attachent aussi bien à la surveillance pré-rupture qu’à la propagation des phénomènes et traitent de l’ensemble des étapes de la surveillance, de la collecte des données au traitement et à l’analyse des phénomènes.
Focus : c’est quoi un ouvrage de protection contre les chutes de blocs ?
Exemple d’ouvrages de défense passive : plusieurs lignes d’écrans pare-blocs protégeant des enjeux bâtis (Source Métropole Toulon Provence Méditerranée)Ce type d’ouvrages vise à protéger un enjeu d’un événement potentiel. On distingue deux types d’ouvrages :
- Ouvrages de défense active, qui s’opposent à la manifestation et/ou l’évolution du phénomène, par maintien en place des masses rocheuses, maîtrise de son altération de surface, élimination des blocs instables : il s’agit notamment des purges, des confortements par boulons d’ancrages, des bétons projetés, des filets et grillages plaqués.
- Ouvrages de défense passive, qui visent à contrôler les conséquences du phénomène après son déclenchement, en interceptant avant les enjeux la propagation des éléments rocheux, en déviant leurs trajectoires dans une zone sans enjeux, ou en les guidant (pour les petits volumes) jusqu’en pied de versant : rentrent dans cette catégorie les écrans souples de filets, les barrières, les fosses de réception, les merlons, les galeries pare-blocs, les grillages ou filets pendus.
- La protection d’enjeux peut également passer par des mesures de gestion du risque qui peuvent être temporaires ou définitives : évacuations de biens bâtis, fermetures de voiries. Une surveillance du site instable (voir Axe 4 du Projet National C2ROP2 ci-après) peut également être mise en place, afin de définir une procédure d’alerte permettant de gérer le risque.
A noter que pour une meilleure efficacité, les actions de protection sont souvent combinées entre elles.
Pour plus d’informations sur les ouvrages de protection contre les chutes de blocs et leur maintenance, consulter les guides C2ROP 2021 et IFSTTAR 2009.
L’AVANCÉE DE C2ROP2 ET L’IMPLICATION DU CEREMA
Le Projet National C2ROP2 a débuté en 2022 et se prolongera jusqu’en 2026. L’année 2022 a notamment été marquée par l’Assemblée Générale constitutive (voir présentation sur le site C2ROP) et le montage des actions.
La gouvernance du projet s’appuie sur les mêmes instances que la première édition (Assemblée Générale – Bureau – Copil) auxquelles est adjoint un Comité d’Orientation Scientifique (COS), qui remplace le Comité Scientifique et Technique en conservant les mêmes missions.
Actuellement, le Projet mobilise 35 partenaires, dont 22% de Maîtres d’Ouvrages et gestionnaires. Son budget prévisionnel est estimé à 5,7M€.
Nota : il est toujours possible de devenir partenaire C2ROP, plus d’informations sur la page Adhésion du site du Projet.
L’année 2023 a été une année de structuration des axes et de leurs actions et un certain nombre de celles-ci ont démarré concrètement, par la constitution des groupes de travail et leurs premières réunions, par la préparation de campagnes d’expérimentation qui se dérouleront en 2024, par de la production scientifique.
Le Cerema est à nouveau fortement engagé dans cette seconde édition :
- Participation aux instances : Bureau, Copil et COS
- Co-Animation (avec le Département de Savoie) de l’Axe Risques
- Co-Animation d’actions :
- Dans l’axe Ouvrages : Écrans souples
- Dans l’axe Aléa : Caractérisation de l’aléa résultant
- Dans l’axe Risque : Réseau Maîtres d’Ouvrages
- Participation à de nombreuses actions : sur les 23 actions figurant dans le programme, le Cerema collabore à plus de la moitié ; son implication est particulièrement importante dans les axes Aléas et Ouvrages, en lien avec l’expertise de longue date du Cerema dans ces domaines.
Focus sur l’action Réseau MOAs et gestionnaires :
Ce club métier, co-animé par le PARN et le Cerema, vise à renforcer les échanges entre MOAs, afin de partager les expériences et bonnes pratiques et discuter collectivement de problèmes et manques identifiés, de façon à faire évoluer les pratiques. Ce club, ouvert aux gestionnaires non partenaires du Projet National C2ROP1 et 2, aborde de nombreuses thématiques (REX événements, gestion intégrée du risque, priorisation des actions, quantification du risque…) et a fortement contribué à alimenter les groupes de travail producteurs des guides C2ROP1.
L’action a repris activement dans C2ROP2, puisque 3 rencontres ont déjà été organisées depuis fin 2022 ; la plus récente (janvier 2023), qui a réuni 28 participants, avait pour thématique principale la gestion d’un patrimoine d’ouvrages de protection contre les aléas gravitaires, sujet prégnant pour les MOAs, notamment dans le cadre du changement climatique.
La particularité de l’action Réseau MOAs est d’être adossée à la Conférence Technique Territoriale Méditerranée, qui organise en alternance ses clubs d’échanges entre gestionnaires sur le risque rocheux et qui partage la même liste de diffusion des informations, invitations, compte-rendus de réunions. Ce couplage permet de mutualiser l’animation, d’alterner de façon pertinente les sujets proposés, d’élargir l’audience des deux groupes et ainsi de faire bénéficier l’ensemble des participants des apports de chacune des rencontres et clubs. A noter que le club CTT dispose d’une communauté collaborative sur la plateforme Expertises.Territoires, ouverte à tout gestionnaire et MOA confronté à la gestion du risque rocheux et qui a vocation à faire vivre la communauté en-dehors des clubs et rencontres.
Page d’accueil de la communauté Club CTT sui la plateforme Expertises.Territoires (pou plus d’informations sur la communauté et les modalités d’inscriptions, contacter Nathalie BERENGER – nathalie.berenger@cerema.fr
Pour 2024, deux événements sont déjà prévus :
- une rencontre C2ROP2 courant avril déportée à Breil-sur-Roya (06) consacrée à la reconstruction des infrastructures départementales suite à la tempête Alex (informations et inscriptions à venir prochainement)
- une journée technique CTT courant 2ème semestre à Aix-en-Provence (13) consacrée à la gestion d’un patrimoine d’ouvrages de protection contre les chutes de blocs.
Toutes les informations pour s’inscrire à ces deux événements seront accessibles sur le site du Cerema, rubrique Événements Cerema, ainsi que sur le site du PARN.
Le Cerema mobilise sur le Projet National des ingénieurs, experts, chercheurs de plusieurs directions territoriales (Centre-Est, Méditerranée, Sud-Ouest, Normandie-Centre) et la direction technique infrastructures de transport et matériaux, dans le cadre de la convention nationale passée avec le Ministère de l’Écologie.
Intervenant sur les quatre axes, le Cerema est à l’interface de l’ensemble des acteurs présents dans le projet et apporte ainsi son expérience, sa neutralité, sa visée opérationnelle pour les recherches appliquées, le développement d’outils ou de méthodes ainsi que l’animation de groupes de travail.
L’assemblée générale 2024 du projet s’est déroulée le 18 janvier à Lyon. Elle s’est poursuivie par des présentations scientifiques et techniques pour montrer l’avancement du projet. Les supports de présentations sont en ligne :
CONTACTS CEREMA