Le marché de l’emploi cadre a connu un essoufflement en 2024. Après deux années post-Covid marquées par un fort rebond, les volumes d’offres sont revenus à des niveaux comparables à ceux de 2019. Pourtant, dans ce climat de ralentissement, les fonctions d’encadrement du BTP affichent une dynamique singulière. Non seulement elles résistent, mais certaines d’entre elles continuent même à recruter massivement.
C’est ce que révèle une étude sectorielle de l’Observatoire des métiers du BTP (publiée en avril 2025), qui s’appuie sur les données du rapport de l’Apec sur les « métiers cadres porteurs en 2025« , et qui propose une lecture ciblée sur les fonctions d’encadrement du secteur de la construction.
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Top métiers cadres du BTP : les valeurs sûres de 2024
Conducteurs de travaux : un pilier toujours recherché
Avec 9 110 offres d’emploi publiées en 2024, les conducteurs de travaux occupent la 4e place dans le top 14 des métiers cadres les plus demandés, tous secteurs confondus. Certes, ce volume est en légère baisse par rapport à 2023 (–1 %), mais il reste très élevé en comparaison des autres fonctions. La construction concentre à elle seule 56 % des recrutements sur ce métier. Autrement dit, plus d’une offre sur deux émise sur ce poste provient directement d’entreprises du BTP.
La profession conserve un profil technique exigeant. Les attentes en matière de compétences comportementales dépassent celles de la moyenne des cadres, notamment sur le sens de l’organisation, jugé crucial. Les soft skills ne sont pas accessoires : elles deviennent centrales dans le pilotage opérationnel des chantiers.
Côté technique, les annonces mettent l’accent sur la conduite et la gestion de chantier, la coordination tous corps d’état (TCE), la maîtrise du gros œuvre, les normes de sécurité ou encore la relation client. Un quart des offres (27 %) sont ouvertes aux débutants, un chiffre légèrement inférieur à la moyenne générale (–3 points). L’Île-de-France concentre 22 % des offres, confirmant sa position de bassin majeur pour ces profils.
Dessinateurs projeteurs : une forte ouverture aux jeunes diplômés
Autre métier bien positionné dans le classement Apec : les dessinateurs projeteurs. En 2024, 5 440 offres ont été publiées sur Apec.fr pour ce profil, le plaçant au 9e rang national. Là aussi, le volume est en très léger recul par rapport à 2023 (–1 %), mais reste significatif. Ce métier reste central dans les bureaux d’études et la conception technique. Si 61 % des offres concernent le secteur de l’ingénierie et R&D, la construction arrive en deuxième position avec 15 % des recrutements.
Ce qui distingue ce métier, c’est surtout son accessibilité : 42 % des offres sont ouvertes aux débutants, soit 12 points de plus que la moyenne des annonces cadres. Cela confirme son rôle de porte d’entrée pour de nombreux jeunes diplômés issus des filières techniques. Les compétences recherchées recouvrent des savoir-faire très concrets : architecture, CAO/DAO (Revit, AutoCAD), infographie 3D, dimensionnement, réglementation, et bien sûr, le BIM. Les recruteurs valorisent également des qualités personnelles spécifiques : esprit d’équipe, rigueur, autonomie et sens de l’organisation.
Ingénieurs d’études BTP et responsables de BE : profils en montée douce
Parmi les métiers à la croissance modérée mais stable, les ingénieurs d’études BTP et les responsables de bureau d’études se distinguent. En 2024, 1 730 offres ont été publiées pour les premiers (+3 %), et 1 620 pour les seconds (+3 % également). Ces chiffres peuvent paraître modestes, mais ils sont à contre-courant du recul général des offres cadres (–16 % tous métiers confondus).
Les ingénieurs d’études sont recrutés à 10 % par le secteur BTP (la majorité venant des bureaux d’études), tandis que les responsables de bureau d’études sont à 23 % embauchés dans le BTP. Les deux fonctions exigent une forte rigueur, notamment dans la rédaction de cahiers des charges, la coordination de projet, l’analyse technique, le dimensionnement, ou encore le suivi de chantier. Si l’ouverture aux jeunes est plus restreinte (36 % pour les ingénieurs d’études, 14 % pour les responsables de BE), ces postes restent des leviers de progression professionnelle majeurs.
Les métiers oubliés mais stratégiques pour le BTP
Ingénieurs R&D : au cœur de l’innovation technique
Avec 4 990 offres publiées en 2024, les ingénieurs en recherche et développement ne figurent pas dans l’analyse sectorielle du BTP, et pourtant : une partie non négligeable d’entre eux intervient dans le secteur. Ce métier accuse une baisse notable (–18 %), mais conserve une place stratégique dans les entreprises qui investissent dans l’innovation produit, la construction durable ou les matériaux intelligents. Les recruteurs attendent de ces profils une capacité à modéliser, à industrialiser, à tester et à documenter des solutions techniques complexes. Les outils de CAO/DAO, l’anglais technique et les normes de sécurité sont au cœur des exigences.
Hydrauliciens : un rôle-clé dans l’aménagement durable
C’est l’un des rares métiers en croissance franche : +10 % d’offres publiées entre 2023 et 2024, soit 650 offres recensées. Les hydrauliciens interviennent dans les projets d’aménagement du territoire, les travaux publics, la gestion de l’eau, les réseaux d’assainissement et la prévention des risques naturels. Leurs compétences couvrent l’hydrologie, l’assainissement, les SIG, les études environnementales et les appels d’offres. Un métier technique, peu visible dans les classements grand public, mais fondamental dans la logique ZAN et la résilience climatique des territoires.
Quelles compétences clés pour ces fonctions en 2025 ?
1. Compétences techniques : la maîtrise du chantier ne suffit plus
Les fiches métiers issues du rapport Apec montrent une évolution des attendus techniques : le niveau d’exigence ne cesse de monter. Les compétences liées à la modélisation (BIM, DAO), à la gestion budgétaire, à la planification, aux appels d’offres ou encore aux logiciels spécialisés (Revit, AutoCAD, SAP) sont devenues incontournables. Même les métiers historiquement centrés sur le terrain doivent désormais intégrer des savoir-faire numériques et transversaux.
2. Soft skills : rigueur, autonomie, organisation au sommet des attentes
Tous les métiers du BTP analysés affichent des niveaux d’attentes comportementales supérieurs à la moyenne des cadres. Pour les conducteurs de travaux, c’est le sens de l’organisation qui domine.
Pour les ingénieurs et responsables de BE, la rigueur est décisive. Les dessinateurs projeteurs doivent conjuguer autonomie et esprit d’équipe. Ces attentes traduisent une réalité de plus en plus répandue : la capacité à travailler en équipe, à gérer les imprévus et à documenter son travail est aussi précieuse que les compétences techniques elles-mêmes.
L’analyse de l’Observatoire des métiers du BTP, met en lumière une tension productive dans le secteur BTP : le secteur recrute, mais il devient plus sélectif. Une évolution que les entreprises doivent anticiper, notamment dans leurs stratégies RH et leurs partenariats avec les filières de formation.