Chaque année, la Mission Patrimoine portée par Stéphane Bern et orchestrée par la Fondation du patrimoine met en lumière des lieux emblématiques en péril. Pour l’édition 2025, l’une des 5 opérations retenues en Outre-mer concerne la Maison Martin-Valliamée, un joyau architectural niché à Saint-André, à La Réunion. Derrière ce nom, c’est toute une mémoire créole et un pan du patrimoine métissé de l’île qui aspirent à retrouver leur place dans le quotidien des Réunionnais.
Ce projet de restauration s’inscrit dans le cadre du Loto du Patrimoine, un programme national mobilisant l’expertise des collectivités locales et le soutien financier de la Fondation du patrimoine, de la FDJ et du ministère de la Culture.
—
Un témoin rare de l’architecture réunionnaise
Construite dans les années 1830, la maison Martin-Valliamée se distingue par une architecture singulière, fruit de multiples influences. À la croisée du néoclassicisme, du style victorien, de l’art déco et de l’architecture créole traditionnelle, elle conjugue bow-windows, vitraux colorés, colonnettes sculptées, varangues et lambrequins. Ce mélange harmonieux lui confère une identité unique dans le paysage réunionnais.
Rachetée par le docteur Léopold Martin au XIXème siècle, la demeure témoigne d’un mode de vie où la répartition des pièces et des accès était structurée selon les classes sociales des invités. La famille Valliamée, d’origine indienne, en devient ensuite propriétaire et y appose son empreinte spirituelle et culturelle : décoration hindoue, cérémonies tamoules, objets rituels… La maison porte aujourd’hui la trace de cette double héritage, incarnation vivante du métissage culturel de l’île.
Les marques du temps et des intempéries
Malgré son importance historique, le bâtiment est aujourd’hui en souffrance. Les bardeaux de façade sont fortement altérés, rongés par l’humidité et les ruissellements. Les corniches, soubassements et menuiseries extérieures présentent d’importants désordres. Les escaliers intérieurs et extérieurs, quant à eux, sont instables, fissurés, voire à déconstruire pour certains.
Privée d’occupation définie depuis le départ de l’office du tourisme, la maison peine à retrouver une fonction dans la ville. Le risque de dégradation irréversible n’est pas anodin : faute d’intervention, c’est un pan entier du patrimoine créole qui pourrait sombrer dans l’oubli.
Une renaissance au service du public et de la culture
La commune de Saint-André souhaite redonner vie à cette demeure d’exception, emblématique à la fois de son histoire locale et de l’identité culturelle de La Réunion. Pour cela, elle engage un projet de réhabilitation structuré en deux phases, pensé pour conjuguer préservation du bâti et mise en valeur des usages futurs.
La 1ere phase, à visée conservatoire, portera sur la sécurisation de l’édifice : il s’agira de remplacer les bardeaux fortement endommagés, de refaire la couverture en zinc afin d’assurer l’étanchéité, de restaurer les menuiseries en bois, d’assainir les réseaux d’eaux pluviales, et de déposer l’escalier arrière devenu instable.
Ces opérations permettront de stabiliser le bâtiment tout en respectant ses caractéristiques patrimoniales.
La 2nde phase concernera la restauration complète des espaces intérieurs, avec une attention particulière portée aux matériaux d’origine et aux éléments décoratifs emblématiques.
Cette étape vise à redonner à la maison sa lisibilité d’ensemble et sa vocation d’accueil, en intégrant des usages culturels, éducatifs et associatifs tournés vers le public.
L’objectif est clair : rouvrir la maison au public, y accueillir des visites, des manifestations associatives et culturelles. Le parc arboré environnant pourra, lui aussi, être valorisé comme lieu de rencontre et de transmission. Une façon concrète d’ancrer ce patrimoine dans la vie quotidienne des habitants.
CARTE DES PROJETS MISSION PATRIMOINE – LA RÉUNION
Un patrimoine vivant à transmettre
Avec ce projet, La Réunion ne restaure pas seulement un bâtiment ; elle ravive un témoin essentiel de son identité. La maison Martin-Valliamée, par son histoire, son architecture et les symboles qu’elle porte, incarne une mémoire collective qu’il est urgent de protéger.
En rejoignant les sites emblématiques du Loto du Patrimoine 2025, elle bénéficiera d’un soutien décisif pour entamer sa mue. Le chantier, dont le démarrage est prévu pour mars-avril 2025, devrait s’achever en juin 2026. Une date symbolique pour un nouveau chapitre de cette maison pas comme les autres.
Dossier de presse pour tous les sites emblématiques des OUTRE-MER