C2P OUTRE-MER 2025 : mise à jour des techniques non courantes

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    C2P Outre-mer

    Innovants, biosourcés ou traditionnels, tous les produits du BTP ne se valent pas face aux aléas climatiques d’Outre-mer. C’est là que la C2P entre en jeu : chaque semestre, elle passe au crible les procédés à risque.

    La dernière publication semestrielle de janvier 2025 (par l’AQC) rappelle les procédés toujours sous surveillance. Une veille indispensable pour les maîtres d’ouvrage, entreprises, bureaux de contrôle et artisans des territoires ultramarins, qui doivent composer avec des contraintes à la fois techniques, assurantielles et environnementales.

    Bien que la publication de la C2P ne distingue pas les territoires, plusieurs procédés listés concernent directement des pratiques techniques répandues dans les Outre-mer. Cet article en propose une lecture contextualisée pour les professionnels du BTP ultramarin.

    Pas de nouveauté sous surveillance, mais toujours des produits à risque

    Aucune nouvelle alerte n’a été lancée au second semestre 2024. Pourtant, plusieurs familles de produits restent placées sous observation. Pourquoi ? Parce qu’elles présentent encore des pathologies récurrentes, un manque de recul, ou des conditions de mise en œuvre complexes.

    Par exemple, des désordres répétés ont été relevés sur des procédés mal adaptés aux expositions fortes à l’humidité ou aux UV, très courantes en zone intertropicale. La C2P ne juge pas la qualité d’un produit, mais attire l’attention sur les risques techniques ou assurantiels. Ainsi, utiliser un procédé « sous observation » peut entraîner des conditions spécifiques de souscription d’assurance, voire un refus de garantie.

    Pour les professionnels ultramarins, cette différence entre technique courante et non courante est loin d’être anecdotique : elle conditionne les responsabilités en cas de sinistre, le coût des travaux et l’accès aux marchés publics.

    Isolation, étanchéité, panneaux solaires : les points de vigilance en climat tropical

    Certains procédés concernés par la surveillance de la C2P touchent directement les pratiques courantes dans les DOM. C’est le cas par exemple :

    • Des procédés d’isolation à base de ouate de cellulose, très prisés pour leur caractère biosourcé mais sensibles aux variations d’humidité. En climat humide, leur comportement dans le temps peut poser problème.
    • Des systèmes photovoltaïques intégrés non commercialisés en système complet, souvent choisis dans les projets d’autonomie énergétique. Ils présentent des doutes sur l’étanchéité des interfaces avec la toiture.
    • Des panneaux en polystyrène extrudé avec parement ciment, utilisés en isolation inversée de toiture-terrasse, dont les cas de décollement ou de dégradation sont signalés.
    • Des plaques ondulées en bitume armé, longtemps utilisées pour les toitures légères, mais dont la durée de vie réelle ne correspond pas toujours aux données annoncées.

    Dans les régions où les constructions doivent résister aux vents cycloniques, aux embruns et aux fortes pluies, ces points de vigilance ne sont pas détaillés : ils sont critiques.

    Par exemple, l’usage de membranes d’étanchéité en toiture sans protection lourde dans des zones exposées a entraîné des sinistres coûteux à La Réunion, faute d’adaptation aux charges climatiques.

    Produits innovants ou matériaux bio ? Pas sans validation

    L’innovation est essentielle, notamment pour favoriser les matériaux biosourcés, la performance énergétique et les filières locales. Mais en assurance construction, toute technique non référencée reste considérée comme « non courante« . Cela implique un risque juridique et assurantiel si elle n’est pas correctement documentée.

    Bonne nouvelle : certaines règles professionnelles validées par la C2P concernent directement les Outre-mer. Par exemple :

    • Les Blocs de Terre Comprimée (BTC) à Mayotte, validés depuis juillet 2022, qui permettent de réduire le recours au béton tout en favorisant une construction à faible impact carbone.
    • Les travaux en béton de chanvre ou les enduits sur supports en terre crue, adaptés à des constructions durables, peu énergivores, et régulateurs d’humidité.

    Autre exemple : les règles professionnelles sur les toitures végétalisées ou les systèmes de ventilation basse pression en rénovation, de plus en plus sollicités dans les projets tropicaux visant le confort passif.

    Liste verte, règles pros, recommandations : comment s’y retrouver ?

    Pas toujours facile de savoir si un procédé est « reconnu » ou « sous observation ». Pour cela, la C2P met à jour deux outils clés :

    • La Liste verte, qui recense les Avis Techniques (ATec) et Documents Techniques d’Application (DTA) en cours de validité sans mise en observation. Leur utilisation est considérée comme techniquement sûre et assurablement standard.
    • La liste des règles professionnelles acceptées, qui fixe un cadre clair pour les techniques innovantes ou alternatives. Ces règles servent de référentiels techniques en attendant leur intégration éventuelle dans les normes (NF DTU).

    Un professionnel peut aussi consulter les communiqués de mise en observation, qui listent les techniques particulières par domaine : isolation, bardage, étanchéité, etc.

    Pour éviter les mauvaises surprises : quelques réflexes utiles

    Avant de prescrire ou de poser un produit dans un territoire ultramarin, voici quelques bonnes pratiques :

    • Vérifier la liste verte : si le produit n’y figure pas, prudence. Ce simple contrôle peut éviter des litiges coûteux.
    • Lire les communiqués de la C2P : certains produits peuvent sembler classiques, mais rester sous observation en raison de sinistres anciens ou de limites techniques.
    • Consulter l’assureur : en cas de doute, c’est l’interlocuteur à contacter en priorité. Cela permet d’adapter le contrat si nécessaire.
    • Favoriser les procédés validés : une règle professionnelle acceptée est une garantie précieuse, surtout en contexte d’exposition accrue aux aléas climatiques.
    • Documenter la mise en œuvre : photos, fiches techniques, procédures de pose… tout ce qui prouve le respect des prescriptions peut protéger juridiquement en cas de problème.

     


    Consulter la publication semestrielle de la C2P – Edition Janvier 2025 par l’Agence Qualité Construction ici.


     

    En définitive, la publication C2P de janvier 2025 est une piqûre de rappel : l’innovation et les matériaux durables ont leur place en Outre-mer, à condition d’être sécurisés par une validation technique solide.
    Pour les pros du BTP, rester informé, c’est déjà prévenir les désordres de demain. Et dans des territoires où chaque sinistre peut avoir des conséquences majeures, cette prudence devient un réflexe professionnel.

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