Près de 90 millions d’euros ont été engagés en 2023 dans les territoires d’Outre-mer par le Fonds vert, soit une part significative des 3,6 milliards d’euros d’autorisations d’engagement à l’échelle nationale. Plus de 350 projets ont été soutenus, touchant directement près de 160 communes ultramarines. L’objectif ? Accélérer la transition écologique locale, en adaptant les financements aux réalités climatiques et sociales propres à chaque territoire insulaire.
Les priorités affichées dans les DOM-COM traduisent une volonté claire : renforcer la résilience climatique, améliorer la performance énergétique du bâti public et protéger la biodiversité locale. Des axes devenus stratégiques alors que les effets du changement climatique s’y manifestent avec une intensité croissante.
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Un coup d’accélérateur pour la transition dans les territoires ultramarins
En 2023, le Fonds vert a soutenu une diversité de projets ultramarins, avec des objectifs souvent liés aux enjeux structurels des territoires : bâtiments publics vétustes, pression climatique, biodiversité fragile. Ces financements ont permis de débloquer des opérations parfois en attente depuis plusieurs années, faute de moyens.
L’un des effets immédiats ? L’amélioration du confort thermique dans des écoles et mairies locales grâce à des travaux d’isolation et de rénovation énergétique. Dans certaines communes, ces interventions se traduisent concrètement par des bâtiments moins énergivores, mieux ventilés et adaptés aux températures extrêmes.
Mais au-delà de l’aspect énergétique, le Fonds vert a aussi contribué à redonner du souffle à des projets laissés en suspens par manque de cofinancement. Certaines communes ont pu réactiver leurs plans d’aménagement ou renforcer leurs dossiers pour bénéficier d’autres dispositifs.
Des écarts de financement qui interrogent
Le soutien financier reste cependant inégal. Si La Réunion (22,99 M€), la Guadeloupe (18,47 M€) et la Martinique (13,34 M€) concentrent une large part des crédits, d’autres territoires comme Mayotte (7,65 M€), la Guyane (9,39 M€) ou Wallis-et-Futuna (1,92 M€) affichent des montants bien plus modestes.
À quoi tiennent ces écarts ? À la fois à la maturité administrative des projets, à la capacité d’ingénierie des collectivités et à la nature des besoins exprimés localement. Par exemple, Mayotte a obtenu des fonds pour 13 projets ciblés sur la protection contre les vents cycloniques – un enjeu directement lié aux épisodes climatiques récents.
Dans certains territoires, comme la Polynésie française ou Saint-Pierre-et-Miquelon, les montants peuvent sembler faibles au regard des besoins, mais ils traduisent aussi la complexité à structurer des projets techniques dans des zones à forte contrainte logistique ou administrative.
Trois priorités qui dominent les choix locaux
En examinant la nature des projets financés, trois grandes orientations émergent :
1. La rénovation énergétique des bâtiments publics
Très présente dans les DOM, elle permet non seulement des économies d’énergie mais améliore le confort des usagers. Une priorité dans des territoires souvent marqués par des surcoûts de construction et des ressources limitées. À La Réunion, plusieurs écoles ont ainsi été rénovées pour mieux supporter les vagues de chaleur.
2. La gestion des risques climatiques (cyclones, inondations, érosion)
Mobilise également une part importante des crédits, avec des aménagements pour renforcer les infrastructures existantes ou en construire de nouvelles. En Guyane, des systèmes de drainage ont été modernisés pour éviter les inondations répétées en saison des pluies.
3. Les actions de renaturation et de biodiversité
Bien que moins visibles, elles gagnent en importance. Reboisement, désimperméabilisation, restauration de zones humides… ces projets contribuent à la fois à la résilience climatique et à la qualité de vie. Dans certaines communes de Martinique, des zones bétonnées ont été transformées en espaces végétalisés pour lutter contre les îlots de chaleur.
2025 : de nouveaux leviers pour accélérer la dynamique ?
Avec 1,15 milliard d’euros prévus en 2025, le Fonds vert poursuit son déploiement. Plusieurs mesures pourraient renforcer son impact en Outre-mer :
- L’aide aux maires bâtisseurs (100 M€), pour soutenir les projets de logements sociaux ou à haute performance environnementale, pourrait répondre à la forte demande en logement dans les territoires insulaires. À Mayotte ou en Guyane, où la croissance démographique est soutenue, ce dispositif pourrait permettre de densifier intelligemment les zones urbaines existantes.
- Les 50 M€ dédiés aux aménagements cyclables sont une opportunité pour des zones souvent peu dotées en infrastructures douces. Si leur déploiement reste complexe dans des territoires parfois escarpés ou peu denses, il constitue un levier essentiel pour la mobilité durable.
- Le soutien à la transition maritime, cohérent avec la Stratégie nationale mer et littoral, vise directement les collectivités littorales d’Outre-mer. En Polynésie, par exemple, des projets de décarbonation du transport inter-îles pourraient trouver un écho particulier.
À cela s’ajoute un budget de 260 M€ pour financer des actions du PNACC-3, orientées vers la prévention des risques et l’adaptation aux effets du changement climatique. Ces mesures visent autant la sécurisation des populations que l’aménagement durable des espaces exposés.
Consulter le bilan détaillé du Fonds vert 2023 ici.
Le Fonds vert a enclenché une dynamique réelle en Outre-mer, en rendant possibles des projets qui peinaient à voir le jour. Il offre une réponse concrète à des besoins bien identifiés. Mais la disparité des montants et la complexité des démarches limitent encore son potentiel.
Reste à voir si les mesures 2025 et la gestion déconcentrée permettront un accès plus équitable aux crédits, et si les collectivités pourront renforcer leur ingénierie pour capter ces fonds. Car c’est bien au niveau local que se joue désormais la réussite de la transition écologique.