Depuis décembre, Mayotte a fait face à deux cyclones successifs, Chido et Dikeledi, qui ont causé des dégâts significatifs.
Le cyclone CHIDO, qui a touché l’île le 14 décembre, a laissé derrière lui un bilan humain tragique de 39 morts et d’importantes destructions d’infrastructures, avec des vents dépassant les 200 km/h.
Quelques semaines plus tard, le 11 janvier, Dikeledi a apporté de fortes pluies et des risques d’inondations, intensifiant encore la vulnérabilité de l’île.
Ces événements, rappellent l’urgence d’améliorer les constructions pour mieux protéger la population et les infrastructures.
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Les impacts des cyclones : Une vulnérabilité structurelle
Les deux cyclones ont révélé des fragilités structurelles dans le bâti de Mayotte. Les toitures en tôles ont été arrachées, et certaines constructions précaires ont été sévèrement endommagées, mettant en évidence des défis importants pour l’ensemble des infrastructures.
Les perturbations des services essentiels, comme l’électricité et l’eau potable, ont aggravé la situation des habitants.
Ces dégâts reflètent les contraintes liées à des événements climatiques extrêmes et montrent l’importance d’une meilleure préparation.
Les bonnes pratiques pour construire en zone cyclonique
Afin de réduire les risques liés aux cyclones, le Guide de bonnes pratiques pour la construction et la réhabilitation de l’habitat, publié après l’Ouragan IRMA en septembre 2017, offre des recommandations adaptables au contexte de Mayotte.
Voici les principales mesures détaillées :
1. Conception et implantation des bâtiments
- Localisation stratégique : Privilégier des zones à moindre risque en tenant compte des cartes des aléas naturels à Mayotte. Selon les relevés topographiques locaux, il est crucial de construire loin des zones de submersion marine identifiées sur les côtes et des pentes instables propices aux glissements de terrain.
- Plans compacts : Adopter des conceptions de forme simple (carré ou rectangulaire) pour optimiser la résistance aux vents violents. Ces structures limitent les pressions asymétriques exercées par le vent.
- Orientation des bâtiments : Positionner les constructions de manière à minimiser l’exposition des murs et des toitures aux vents dominants, selon les directions prédominantes à Mayotte.
2. Matériaux et structure
- Matériaux de qualité : S’assurer de l’utilisation de matériaux certifiés conformes aux normes parasismiques et paracycloniques. Les toitures en acier galvanisé ou en aluminium renforcé, disponibles localement ou à proximité, offrent une résistance accrue.
- Fixations robustes : Utiliser des attaches et des boulons homologués pour les charpentes, vitrages et couvertures afin de prévenir leur arrachement sous l’effet du vent. Ces fixations doivent être renforcées dans les zones exposées aux vents extrêmes.
- Charpentes optimisées : Adopter des charpentes à quatre pans, avec une pente d’environ 30°, pour réduire les effets de succion et d’arrachement. Cette configuration est particulièrement adaptée aux aléas climatiques récurrents à Mayotte.
3. Entretien préventif
- Inspections régulières : Contrôler les fixations des toitures, auvents et autres structures exposées avant chaque saison cyclonique. Selon les retours d’expérience locale, ces inspections doivent être effectuées par des professionnels qualifiés.
- Maintenance continue : Remplacer ou renforcer les éléments vieillissants identifiés comme vulnérables. Encourager les habitants à procéder à des vérifications annuelles grâce à des campagnes locales de sensibilisation.
- Formation des habitants : Sensibiliser la population à l’importance de l’entretien préventif et organiser des ateliers pratiques pour leur enseigner les bases de la résistance cyclonique.
Pour en savoir, consultez Guide de bonnes pratiques pour la construction et la réhabilitation de l’habitat
Adapter les bonnes pratiques au contexte de Mayotte
Bien que le guide soit conçu pour les Antilles, il est essentiel de l’adapter aux réalités locales de Mayotte. Voici les ajustements proposés :
Sensibilisation et formation locale
- Initiatives communautaires : Créer des programmes de formation spécifiques pour les artisans locaux, les particuliers et les étudiants en bâtiment afin qu’ils acquièrent les compétences nécessaires pour construire résilient. Ces formations pourraient inclure des démonstrations pratiques et des visites de chantiers exemplaires à Mayotte.
- Diffusion d’informations : Publier des brochures adaptées au contexte local, organiser des ateliers pratiques dans les villages et utiliser les radios et médias locaux pour vulgariser les bonnes pratiques de construction.
Pratiques adaptées aux contraintes économiques
- Solutions à faible coût : Encourager l’utilisation de matériaux disponibles localement comme le bois renforcé ou le bambou, combinés à des techniques modernes. Proposer des plans standards résilients adaptés à des budgets modestes.
- Financements locaux : Collaborer avec les banques locales et les institutions publiques pour offrir des crédits à taux réduit ou des subventions à destination des familles à faibles revenus, afin de renforcer leurs habitations existantes.
Mobilisation des acteurs locaux
- Partenariats publics-privés : Collaborer avec des entreprises de construction et des ONG pour mettre en place des projets pilotes. Ces projets pourraient servir de modèles pour encourager les pratiques résilientes.
- Renforcement des normes : Adapter les réglementations locales pour imposer des standards de construction paracyclonique dans tous les nouveaux projets. Ces normes doivent être accompagnées de dispositifs de contrôle et d’accompagnement technique.
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