Selon notre confrère International Construction, le secteur de la construction aux États-Unis entame 2025 avec une confiance notable, témoignant d’une résilience supérieure à celle de nombreux autres marchés mondiaux ces dernières années. Cependant, des incertitudes liées aux politiques commerciales et migratoires annoncées par la nouvelle administration Trump suscitent des préoccupations majeures parmi les professionnels du secteur.
Des tarifs douaniers susceptibles de bouleverser l’économie du BTP
L’une des principales inquiétudes évoquées concerne la mise en œuvre de tarifs douaniers de 25 % sur les importations en provenance du Canada et du Mexique, deux partenaires commerciaux majeurs des États-Unis. Selon Ken Simonson, économiste en chef de l’Associated General Contractors of America (AGC), ces tarifs risquent de provoquer une augmentation significative des coûts des matériaux de construction importés, mais également des biens produits localement.
Simonson alerte également sur les risques de représailles commerciales des pays partenaires, qui pourraient réduire la compétitivité des entreprises américaines et perturber les chaînes d’approvisionnement. « Les tarifs douaniers élevés peuvent entraîner des coûts insoutenables, ralentissant voire stoppant certains projets », souligne-t-il.
En dépit de ces préoccupations, certains entrepreneurs, comme Rex Kirby de Verdex Construction, espèrent que ces mesures ne seront qu’un levier de négociation, comme ce fut le cas lors du premier mandat de Donald Trump.
Une pénurie de main-d’œuvre aggravée par des politiques migratoires strictes
Le secteur du BTP repose en grande partie sur une main-d’œuvre immigrée, dont une partie significative est constituée de travailleurs sans papiers. Selon l’AGC, ces travailleurs représentent entre 15 % et 23 % de la main-d’œuvre totale du secteur. L’administration Trump prévoit des expulsions massives, suscitant des inquiétudes parmi les entreprises et les employés.
Rex Kirby témoigne de la peur qui règne parmi ses équipes, même parmi les travailleurs en situation régulière. L’AGC plaide pour des programmes de visas de travail temporaires dédiés au secteur de la construction, afin de répondre aux besoins du marché tout en respectant la législation.
Les perspectives positives malgré tout
Malgré ces incertitudes, l’AGC et ses membres restent optimistes quant aux opportunités offertes par 2025. La réduction des contraintes réglementaires sous l’administration Trump pourrait stimuler la demande pour des projets publics de grande envergure.
Ken Simonson plaide notamment pour la suppression de certaines mesures instaurées par l’administration Biden, comme l’obligation d’accords syndicaux pour les projets fédéraux de plus de 35 millions de dollars, qui exclut une grande partie des professionnels du secteur.
Enfin, l’accélération des processus de permis fédéraux et l’assouplissement des exigences liées à l’approvisionnement en matériaux pourraient également permettre de relancer rapidement des projets retardés.
Comme le souligne International Construction, « 2025 pourrait être une année charnière pour le secteur du BTP américain, mais tout dépendra de la capacité de la nouvelle administration à équilibrer des politiques audacieuses avec les besoins réels du marché. »
Alors que le président Trump doit prêter serment le 20 janvier, les entreprises de construction scrutent avec attention les premières décisions de ce second mandat, qui s’annonce à la fois prometteur et semé d’embûches.
Source :
International Construction, article de Mitchell Keller publié le 9 janvier 2025