Dans cet entretien, Jean-Luc BENJAMIN, Directeur Général Délégué depuis 2022, dévoile les stratégies, les défis et la vision de la SEMSAMAR dans une approche axée sur l’innovation et le développement durable.
En effet, cette entreprise publique locale s’est engagée dans un modèle de « croissance responsable » qui entend répondre à la fois aux impératifs de performance économique et d’impacts positifs dans l’immobilier, l’aménagement et le renouvellement urbain sur ses quatre territoires d’intervention : la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et bien sûr Saint-Martin.
Parlez-nous de la SEMSAMAR…
Avec un capital de 76,50 M€ et des actionnaires de premier plan tels que la Collectivité de Saint-Martin (51%), la Région Guadeloupe (14,47%), ainsi que la Banque des Territoires et la CEPAC, la SEMSAMAR place la responsabilité sociétale au cœur de son modèle de développement.
Depuis 1985, soit depuis bientôt quarante ans, cette Société d’Économie Mixte de Saint-Martin apporte des solutions dans les domaines de l’aménagement urbain et de l’immobilier pour le compte des collectivités, de l’État, des entreprises privées et des particuliers. En sus, elle est le troisième bailleur social d’Outre-mer avec un patrimoine de plus de 14 000 logements.
Elle est l’unique entreprise à offrir ce niveau d’expertise à la fois à Saint-Martin, en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique. Aussi, elle est devenue un acteur important dans l’immobilier investissant chaque année plusieurs dizaines de millions d’euros dans ces territoires.
En développant des équipes implantées localement et en tissant un solide réseau de partenaires locaux, la SEMSAMAR s’efforce de répondre aux enjeux sociaux et environnementaux de ces territoires français d’Amérique tout en assurant un niveau d’expertise élevé sur toute la chaîne de valeur immobilière.
Comment une entreprise de Saint-Martin a pu s’étendre aussi vite sur tous les territoires ?
Je crois qu’il faut rendre hommage aux fondateurs et aux premiers collaborateurs de la SEMSAMAR qui ont créé et fait grandir cet outil de développement qui a d’abord transformé et modernisé Saint-Martin, commune de la Guadeloupe à cette époque. En effet, à partir des années 80, la SEMSAMAR, aux côtés de son actionnaire principal, a bâti l’essentiel des équipements dont l’île avait cruellement besoin pour accélérer son développement.
Ce faisant, la SEMSAMAR a pu construire une expertise solide et gagner en notoriété. Entreprise audacieuse et dynamique, la SEMSAMAR a ainsi étendu ses activités en Guadeloupe (1992), en Guyane (2005) et enfin en Martinique (2010).

Quels sont vos métiers ?
Nous proposons un large panel d’expertises en aménagement et en immobilier. Nous pouvons apporter nos expertises comme Aménageur public, Bailleur social ou privé, Promoteur immobilier, Développeur et gestionnaire d’équipements à vocation touristique et d’immobilier d’entreprises.
Nos collaborateurs assurent de la proximité à nos clients et s’attachent à apporter un service de qualité. Leurs compétences multidisciplinaires et complémentaires renforcent notre capacité à agir rapidement et à trouver des solutions efficaces.
Pouvez-vous partager votre vision pour la SEMSAMAR et expliquer comment son action influence les territoires ?
Avec 170 collaborateurs et un chiffre d’affaires annuel dépassant les 110 millions d’euros, la SEMSAMAR se distingue des autres entreprises locales publiques françaises par la diversité de ses métiers, son actionnariat multi-territorial et son impact sur des territoires aux enjeux et développements bien différents.
Au regard des nombreuses crises qui traversent ces territoires, notre mission d’intérêt public apparaît d’autant plus claire : accompagner de manière responsable les acteurs publics et privés afin de développer l’économie locale et d’améliorer concrètement le quotidien de nos concitoyens.
Dans cette optique, nous voulons que les collaborateurs du groupe SEMSAMAR intègrent pleinement les enjeux de la responsabilité sociétale de l’entreprise dans l’exercice quotidien de leurs métiers. Ainsi, nous pourrons tendre vers un modèle d’excellence en matière de développement durable et d’impact positif sur la vie des habitants, tout en assurant notre pérennité financière et notre place singulière dans nos secteurs d’activités.
Aussi, notre filiale à 100%, EME, assure l’insertion par l’activité économique de plus de 45 salariés en Guadeloupe et à Saint-Martin dans des nombreux métiers de service.
Cette vision de l’entreprise passe notamment par la valorisation des équipes et l’amélioration constante de leurs conditions de travail, le verdissement de notre flotte automobile, l’approfondissement de nos pistes de croissance, la restauration de notre rentabilité opérationnelle, la satisfaction de nos clients et locataires.

Quel est le but de votre venue à ces « Rendez-vous du BTP » était-ce une obligation. Ou une volonté affichée ? Pourquoi ?
Notre participation aux « Rendez-vous du BTP » constitue une formidable occasion d’échanger avec les jeunes en quête d’un avenir dans nos métiers et de rencontrer les autres acteurs du BTP, cela dans un format inédit.
C’est avec beaucoup de plaisir que nous avons mobilisé nos équipes pour animer le stand de l’ARMOS, avec les autres bailleurs de la Guadeloupe, et participer aux conférences organisées.
À SAINT-MARTIN : À Saint-Martin, quels ont été vos enjeux et réalisations majeurs suite à l’ouragan Irma ?
Suite au passage d’Irma en 2017, 90 % des habitations à Saint-Martin ont été entièrement ou partiellement détruites. Nous avons engagé une réhabilitation « améliorée » de nos 21 résidences, soit 1 100 logements, avec un investissement de 52 millions d’euros. Ces efforts visent à augmenter la résilience des bâtiments face aux risques naturels, notamment par la création de dalles paracycloniques, l’utilisation de matériaux recyclables résistants et la mise en place de Safety Rooms.
Comment abordez-vous la pénurie de logements sur l’île ?
Nous sommes pleinement engagés dans la construction de nouveaux logements sociaux et libres pour répondre à la forte demande, en cohérence avec le projet de territoire de Saint-Martin.
Ainsi, nous avons livré à la mi-décembre la résidence Cité Fond d’Or au quartier de la Savane qui compte 52 logements ; cette réalisation constitue notre première opération de logements sociaux à Saint-Martin, depuis 2017.
De plus, nous programmons plusieurs opérations en accession à la propriété : les résidences MAWALI de 28 logements à Concordia, ROCK HILL de 34 logements à Grand Case, OUALICHI de 37 logements à Concordia ou SPRINGVIEW de 41 logements à Concordia.
Nos initiatives incluent le développement d’une stratégie foncière, l’identification précoce de terrains, l’utilisation de règlements d’urbanisme flexibles, et l’exploration du Bail Réel Solidaire pour faciliter l’accès à la propriété.
Nous étudions la réalisation d’un programme de plus de 130 logements selon ce montage national innovant, permettant d’exclure du budget des locataires le coût du foncier, objet d’un bail locatif de long terme.
Notre engagement envers Saint-Martin est intrinsèque. Nous accompagnons la Collectivité de Saint-Martin pour construire un avenir résilient, en harmonie avec les aspirations des habitants et les impératifs de développement endogène. Ensemble, nous œuvrons pour une île plus forte, plus inclusive et prête à relever les défis.
Confirmez-vous un développement de vos activités en Martinique ?
Sur l’ensemble des territoires, nous sommes au service des collectivités qui souhaitent faire appel à notre expertise. Mais il est vrai que nous recevons un écho favorable de nos parties prenantes en Martinique qui nous a conduit à réorganiser notre agence de Fort-de-France et à étoffer nos équipes.
En Martinique, c’est le Chef d’agence, Eddie CRIQUET, qui supervise l’activité opérationnelle. Dans le cadre du plan Séisme notamment, nous réalisons des projets importants comme la construction de cités scolaires du Diamant, du Gros Morne et de Ducos. Nos équipes suivent aussi des projets emblématiques comme la restauration de l’église Notre-Dame de la Visitation au Gros-Morne et la Maison de la Parentalité et de la Famille à Fort-de-France.
Aussi, nous accroissons notre patrimoine locatif avec la construction de 22 logements sociaux et commerces au Lorrain, de 130 logements au Gros-Morne et de 84 lits à l’EHPAD Fantaisie à Saint-Joseph.
En outre, nous ambitionnons de développer le pôle touristique de l’Espace Sud à la pointe de la Cherry au Diamant sur plus de 12 ha dans les prochaines années afin redynamiser ce territoire rural riche de valeurs et d’histoire.
Envisagez-vous de diversifier ou étendre les activités de la SEMSAMAR?
Depuis 3 ans, nous nous recentrons sur notre coeur de métiers : la gestion locative, l’aménagement et l’immobilier. En effet, nous nous devons d’accroître notre rentabilité et notre qualité de service afin de mieux répondre aux attentes des territoires.
Pour autant, à moyen terme, notre vision inclut une diversification maîtrisée dans l’asset management et une augmentation significative de nos opérations immobilières, particulièrement en Guyane et en Martinique.
Cette stratégie s’aligne avec notre engagement RSE « Doing Better Together » et vise à dynamiser le développement économique durable de nos territoires.
La FNTP, le Groupe Action Logement, les autres bailleurs sociaux, les syndicats et fédération des secteurs du BTP au niveau national et dans les Outre-Mer prônent une décarbonation des logements et des actes de construire, quel est votre avis à ce sujet ?
Nous réfléchissons à ces sujets et avons déjà engagé la réhabilitation lourde de deux résidences de logements sociaux à Petit-Bourg en Guadeloupe mettant en œuvre des matériaux recyclés et biosourcés ; nous nous heurtons tout de même à la réglementation nationale peu favorable aux expérimentations en Outre-mer.
A Saint-Martin, nous projetons de réaliser un programme pilote neuf de logements qui s’inscrit dans la dynamique de transition écologique, et contribuera à la qualité de vie de ses habitants par l’isolation et le confort thermique, la ventilation naturelle privilégiée, l’exposition des façades, l’utilisation de matériaux biosourcés et recyclés, la renaturalisation des surfaces actuellement bétonnées, la réutilisation des eaux pluviales, l’ouverture du projet sur un étang protégé proche, bassin naturel en cas de marée cyclonique .
En conclusion, nous adaptons notre organisation interne et revoyant nos relations externes pour être en accord avec nos engagements et nos valeurs, en vue de mettre en place des processus en cohérence avec les problématiques environnementale et sociale, les principes de compliance et d’éthique des affaires.