La note de conjoncture de septembre 2024 confirme une tendance préoccupante pour le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) en Guadeloupe. Les chiffres montrent une contraction marquée des mises en chantier, des emplois dans le secteur, et des opportunités liées à la commande publique. Ce ralentissement met en lumière une crise à laquelle le BTP guadeloupéen devra faire face dans les mois à venir.
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Un effondrement des mises en chantier et des logements autorisés
Sur une période cumulée de 12 mois à fin juillet 2024, la Guadeloupe enregistre une baisse de 23,4 % des logements mis en chantier, avec seulement 1 700 logements lancés. Le segment des logements collectifs est particulièrement touché, affichant une baisse spectaculaire de 43,4 %. Cette tendance concerne également les logements autorisés, qui reculent de 11,5 %.
Ces chiffres révèlent un manque d’investissement dans la construction résidentielle, ce qui pourrait accentuer la crise du logement sur l’île, touchant autant les promoteurs que les ménages à la recherche d’une solution durable.
Des signaux positifs dans le secteur privé non agricole
Toutefois, tout n’est pas noir dans cette conjoncture. Le secteur des locaux commerciaux connaît une forte croissance. Les mises en chantier de commerces ont augmenté de 142,2 % sur la même période, accompagnées d’une progression notable dans la construction de bureaux (+46,4 %). Cette résilience, observée dans le secteur privé non agricole, contraste avec les difficultés rencontrées dans le reste de l’industrie du bâtiment, et pourrait être le signe d’une relance économique ciblée dans certains domaines.
Une commande publique en déclin
Du côté de la commande publique, la situation est préoccupante. De janvier à septembre 2024, seulement 15 des 306 appels d’offres publiés ont été attribués, un taux d’attribution dérisoire de 4,9 %, en chute de 69 % par rapport à l’année précédente. Cette baisse reflète un blocage potentiel lié à des processus administratifs complexes ou à un manque de porteurs de projets. Le BTP, fortement dépendant des marchés publics, souffre directement de cette paralysie, menaçant l’activité et les emplois dans le secteur.
Chômage en baisse, mais précarité en hausse
Bien que le nombre de demandeurs d’emploi dans la construction ait diminué de 6,9 % au second trimestre 2024, la baisse des postes salariés (-2,7 %) dans le BTP traduit une précarité croissante. L’emploi intérimaire a bondi de 40,5 %, signe d’une fragilisation du marché de l’emploi dans le secteur, souvent sensible aux fluctuations économiques.
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La conjoncture actuelle pose un défi de taille pour le BTP guadeloupéen. Les chiffres de la note de septembre 2024 montrent un secteur en pleine décroissance, avec des investissements en baisse et une demande publique à l’arrêt. Pour relancer l’activité, des mesures urgentes doivent être prises, telles que la simplification des procédures d’attribution des marchés publics et une relance des projets d’infrastructure. L’avenir du secteur repose en grande partie sur la capacité des acteurs publics et privés à répondre à ces défis.
Consultez tout le Note de conjoncture n°13 – septembre 2024 de la CERC Guadeloupe ici.