Les infrastructures en Guyane : Combler le retard et anticiper la croissance

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    infrastructures Guyane

    La Guyane, vaste territoire aux richesses naturelles impressionnantes, fait face à des défis d’infrastructure majeurs. Son réseau routier, ses services de distribution d’eau et ses écoles peinent à suivre le rythme de la croissance démographique. L’urgence est là : 38 % de la population a moins de 18 ans, et le nombre d’habitants continue d’augmenter rapidement. Mais sur le terrain, les moyens restent limités, et les efforts des collectivités, bien que conséquents, se heurtent à des obstacles multiples. Entre besoins criants et difficultés budgétaires, les communes guyanaises s’efforcent de trouver des solutions.

    Infrastructures en retard : Un décalage criant

    L’accès à l’eau potable illustre bien ce retard. Dans les zones urbaines, seulement 3 % des habitations n’ont pas de raccordement direct. Mais ailleurs, la situation est bien différente : jusqu’à 75 % des logements restent sans accès direct à l’eau. Ce décalage est dû, d’une part, aux difficultés de déploiement dans les zones isolées et, d’autre part, à la prolifération de constructions informelles. Les projets d’amélioration sont nombreux, mais chaque avancée se fait lentement. Le manque de raccordement impacte directement la santé et la qualité de vie, soulignant l’urgence d’agir pour étendre le réseau.

    Les routes sont un autre point sensible. La majeure partie du territoire est difficile d’accès. Le réseau routier est concentré le long de l’axe Saint-Georges-de-l’Oyapock – Saint-Laurent-du-Maroni. Le reste de la Guyane reste presque inatteignable par la route, avec des distances qui augmentent les coûts et ralentissent l’accès aux services de base. Ces contraintes compliquent aussi le développement des infrastructures publiques, nécessaires pour l’intégration des zones rurales.

    Quant aux infrastructures scolaires, les besoins explosent. Avec une population si jeune, le nombre d’établissements actuels est insuffisant. Les collectivités locales doivent non seulement répondre aux besoins actuels, mais aussi anticiper ceux des générations à venir. Chaque année, de nouvelles écoles doivent être bâties, avec tout ce que cela implique en termes de bâtiments, d’équipements et d’entretien. Ce défi structurel pèse sur les communes, qui peinent à mobiliser suffisamment de ressources pour construire à la hauteur des besoins.

    Financements et investissements : Entre aides et insuffisances

    Les collectivités locales tentent de combler ces manques, mais les ressources ne sont pas toujours à la hauteur. La fiscalité locale ne génère que des revenus limités. L’octroi de mer et la taxe sur les carburants représentent 60 % des recettes fiscales, mais cet impôt indirect reste insuffisant. Les autres taxes locales, quant à elles, sont freinées par un manque d’activité économique dans certaines communes. Ce déséquilibre limite la capacité des collectivités à répondre aux attentes de leurs administrés.

    Heureusement, des aides viennent compenser partiellement. La Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) a augmenté, atteignant 326 € par habitant en 2023, après des réformes pour renforcer les dotations aux communes d’Outre-mer. Pourtant, cette aide reste modeste face aux défis guyanais. Les subventions de l’État sont donc devenues vitales, tout comme les emprunts que les collectivités doivent contracter pour financer leurs projets. En 2023, 91 % des recettes d’investissement provenaient de subventions ou d’emprunts.

    Obstacles techniques et financiers : Des limites qui freinent l’avancée

    Malgré ces financements, les marges de manœuvre restent limitées. Plus de 40 % des communes de Guyane dégagent une épargne nette négative ou quasi nulle. Elles peinent à autofinancer les projets d’investissement nécessaires pour répondre aux besoins de la population. Les collectivités guyanaises se retrouvent donc dépendantes de l’aide de l’État, ce qui ralentit la mise en œuvre de certains projets d’infrastructure.

    De plus, une partie de cette épargne doit également être allouée aux coûts de fonctionnement, comme les salaires et les charges externes. L’inflation n’arrange rien, gonflant les coûts des services de base et limitant la capacité des communes à dégager des fonds pour l’investissement.

    Par ailleurs, la répartition des ressources entre les communes et leurs intercommunalités est souvent insuffisante pour que ces dernières prennent efficacement en charge leurs compétences, comme la gestion des réseaux d’eau ou de traitement des déchets. Les collectivités locales jonglent avec des priorités multiples sans toujours disposer des moyens financiers nécessaires. C’est d’autant plus difficile dans les zones reculées où les coûts de transport pour accéder aux services publics sont plus élevés.

    Projets en cours et futurs : Une course contre le temps

    Face à ces défis, les collectivités locales maintiennent un niveau élevé d’investissement pour ne pas se laisser distancer par les besoins croissants. Elles développent des projets d’infrastructures variés, mais les moyens manquent encore pour répondre pleinement à la demande. La Communauté d’Agglomération du Centre Littoral, par exemple, se concentre sur la restructuration des réseaux de transport urbain et la gestion des déchets. À l’Ouest, la Communauté de communes de l’Ouest Guyanais affronte le défi de collecter et traiter les déchets dans un territoire comprenant plusieurs communes inaccessibles par la route. Malgré ces efforts, des avancées plus rapides sont nécessaires pour répondre efficacement aux besoins de la population.

    La Guyane avance, mais lentement, dans sa quête d’infrastructures modernes et adaptées à sa croissance démographique. Entre l’urgence des besoins et les contraintes budgétaires, chaque projet d’infrastructure est une bataille. Pour réussir, les collectivités guyanaises auront besoin d’un soutien renforcé et d’une meilleure planification de leurs ressources. En attendant, elles poursuivent leurs efforts pour offrir à leur population les services essentiels dont elle a besoin, espérant combler progressivement le fossé qui les sépare des autres territoires français.


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