Déchets du BTP. Traitement du plâtre : interview de Martin Brichant, directeur de Martinique Recyclage

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    Avec l’aide de la CTM et de l’ADEME, le centre Martinique Recyclage de Ducos a installé une unité de traitement du plâtre, unique dans les Caraïbes. Lors de son inauguration le 5 juin, Martin Brichant, directeur du centre, a présenté ce nouveau système, qui recycle le plâtre en gypse réutilisé par Lafarge Ciments Antillais. Cette initiative, portée également par SOS Déchets, s’inscrit dans une démarche de valorisation des matériaux et de préservation de l’environnement. En favorisant une économie circulaire, elle réduit l’empreinte environnementale de l’île et marque une avancée significative dans la gestion des déchets en Martinique. Martin Brichant répond à nos questions sur ce projet novateur.

    Martin Brichant Directeur de Martinique Recyclage

    Pouvez-vous nous expliquer les principales étapes qui ont mené à la création de cette unité de traitement du plâtre à Martinique Recyclage ?

    Il faut déjà savoir que ces déchets n’avaient pas de filière. On ne pouvait plus les enfouir, et donc ils finissaient souvent de manière clandestine dans des bennes de déchetteries ou abandonnés sur le bord de la route. Il était impératif de trouver une solution pour ces déchets. Nous avons commencé par essayer de les exporter vers des centres de traitement en métropole. Ensuite, nous avons mené une réflexion approfondie impliquant les distributeurs pour estimer le volume de plâtre mis en circulation et vendu en Martinique. Nous avons également analysé les déchets provenant des travaux de déconstruction et de rénovation. Suite à cela, nous avons monté un dossier de subvention avec la CTM et l’ADEME. L’investissement total s’est élevé à 1 million d’euros.

    Quels étaient les moyens de gestion des déchets de plâtre avant l’installation de cette unité et quelles en étaient les conséquences environnementales ?

    Avant l’installation de cette unité, les déchets de plâtre étaient souvent enfouis ou exportés, ce qui n’était pas idéal d’un point de vue environnemental. Exporter les déchets réduisait l’impact des décharges locales, mais cela n’était pas sans coût carbone. Le bilan carbone de ces exportations n’était pas nul. D’où l’intérêt de traiter ces déchets localement, en recyclant le plâtre et en valorisant le papier cartonné en énergie par incinération.

    Quel est le rôle de l’éco-organisme dans le fonctionnement de cette unité de traitement ?

    L’éco-organisme joue un rôle clé en faisant le lien entre le fabricant et le distributeur. Grâce à la réglementation, le producteur doit mettre en place et financer la fin de vie de ce matériau. Pour le plâtre, une éco-taxe est payée par les distributeurs et les clients finaux. L’éco-organisme collecte cette éco-taxe et finance les opérations de recyclage. Depuis le 1er avril, il assure ainsi le financement de la gestion des déchets de plâtre, en collaboration avec la CTM.

    Qui finance la collecte des déchets de plâtre sur les chantiers et comment est-ce organisé ?

    C’est l’éco-organisme qui finance la collecte des déchets de plâtre. Actuellement, ils ont lancé un appel d’offres pour sélectionner des partenaires parmi les distributeurs, les marques de recyclage, ainsi que les déchetteries et Martinique Recyclage, afin d’organiser efficacement cette collecte.

    Pourquoi cette solution est-elle gratuite pour les entrepreneurs du BTP et comment cela impacte-t-il le secteur ?

    L’avantage de cette solution gratuite pour les entreprises du BTP et les particuliers est qu’ils sont beaucoup plus enclins à déposer leurs déchets, évitant ainsi de les jeter illégalement. Auparavant, le coût dissuadait beaucoup de personnes, entraînant des dépôts sauvages. Grâce à l’éco-organisme, le traitement des déchets est gratuit, ce qui facilite grandement la collecte. Cependant, cela pose aussi un défi : certains tentent de dissimuler d’autres types de déchets parmi le plâtre. Nous devons donc être vigilants pour garantir que seuls les déchets de plâtre sont acceptés.

    Quelles ont été les aides apportées par la CTM et l’ADEME pour la mise en place de ce projet ?

    La CTM et l’ADEME ont principalement apporté des aides financières pour ce projet. Elles ont également participé à l’étude du dossier, menée par un bureau d’étude, pour estimer le gisement de déchets. Le soutien financier a été crucial pour l’importation de la machine, qui a été fabriquée près de Lyon. Ces aides ont couvert plus de 48% des coûts. Cependant, tous les investissements ne sont pas encore terminés, car la ligne de traitement doit encore être complétée avec des outils supplémentaires, comme une benne à vis.

    Comment comptez-vous informer et mobiliser les professionnels du BTP en Martinique sur l’existence de cette nouvelle solution de traitement des déchets de plâtre ?

    Nous alertons un maximum la presse pour informer sur cette nouvelle solution. Nous passons également par les déchèteries, où nous comptons installer des bornes spécialisées pour le plâtre afin d’informer les gens qu’ils peuvent venir traiter ce type de déchet. Un budget communication est prévu dans notre investissement, et nous allons démarcher activement. Il est temps pour nous de toucher le grand public.

    Propos recueillis par Thibaut Charles

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