Le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) en Martinique est en crise. Deux réunions cruciales ont eu lieu cette semaine : l’une à la Maison du syndicat du BTP, rassemblant professionnels, syndicats patronaux et salariés ; l’autre à la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), en présence des mêmes acteurs ainsi que des représentants de la CTM, dirigés par M. Fernand Odonnat. Ces rencontres ont mis en lumière les défis majeurs auxquels le secteur est confronté, notamment le manque de travail, les retards de paiement et la nécessité d’une restructuration en profondeur.
Voir le communiqué de la CTM dans un autre article sur ce blog
Un Secteur en pleine tourmente
Le secteur du BTP, vital pour l’infrastructure et le développement économique de la Martinique, traverse une période de turbulences. Les professionnels, les syndicats et les représentants des entreprises se sont réunis pour exprimer leurs préoccupations face aux retards de paiement chroniques et à l’irrégularité des commandes publiques.
Jean-Yves Bonnaire, secrétaire général de la FRBTP Martinique, a résumé la situation :
« Nous sommes ici pour revendiquer deux choses simples : plus de travail et des paiements ponctuels. Les entreprises sont prêtes à embaucher et à se structurer, mais nous avons besoin de garanties concrètes. »
Selon Eddy Marie-Claire de la CSTM :
« Les représentants de la CTM et les autres donneurs d’ordres, ne veulent rien faire à part des études….il y a des pères de familles qui travaillent et qui attendent d’être payés…trop de promesses rien de concret ! Si nou pa ka fè ayin bagay la pé ké avancé, FOK NOU DEKALÉ KRAB’ LA »
Promesses et réalités
La réunion à la CTM, présidée par Fernand Odonnat, président de la commission « Aménagement du territoire, Grands travaux, Transports, Infrastructures et Risques majeurs », a été marquée par des échanges très tendus. Les participants ont exprimé leur frustration face aux promesses non tenues et aux retards de paiement qui paralysent le secteur.
Monsieur Odonnat a tenté de rassurer les participants en annonçant des améliorations dans la chaîne de paiement et en dévoilant des projets d’infrastructure à venir :
« Nous travaillons d’arrache-pied pour réduire les délais de paiement à trois étapes et respecter le délai légal de trente jours. Nous avons déjà payé 60 millions d’euros de mandats et 25 millions d’euros supplémentaires seront payés dans les deux mois à venir. »
Projets d’avenir : Une lueur d’espoir
Malgré les tensions, la CTM a présenté une série de projets ambitieux pour revitaliser le secteur. Parmi eux, l’échangeur de Mango Vulcin, la réhabilitation de la maison d’Aimé Césaire et la transformation du collège de Terres-Saint-Ville. Ces projets, d’un montant total de plusieurs dizaines de millions d’euros, sont censés offrir des perspectives positives aux entreprises du BTP.
Steve Patole, président de la FRBTP Martinique, a toutefois exprimé sa prudence :
« C’est du déjà vu ! Tout ce qu’a proposé la CTM ce jour, ils l’avaient déjà proposé il y a longtemps ! Ces projets sont prometteurs, mais nous avons besoin de transparence et de suivi, de concret ! Nous ne pouvons plus nous contenter de promesses. Les entreprises doivent savoir quand et comment elles seront payées. «
L’importance de la coordination
Les réunions ont également souligné la nécessité d’une meilleure coordination entre les différents acteurs du secteur. Fernand Odonnat a insisté sur le fait que la CTM n’était pas le seul donneur d’ordre. « Nous devons travailler ensemble avec l’État, les EPCI et les communes pour garantir une gestion efficace des projets et des paiements », a-t-il déclaré.
Le secteur de l’eau, par exemple, est un domaine où la coordination est cruciale. Il a mentionné les améliorations prévues pour l’usine de Vivé et les investissements nécessaires pour garantir l’approvisionnement en eau. « Les EPCI comme Cap Nord, Cacem et Espace Sud jouent un rôle clé dans la gestion des ressources en eau, et nous devons collaborer étroitement avec eux. »
Un Secteur à redynamiser
L’un des défis majeurs évoqués est l’attractivité du secteur pour les jeunes. Jean-Yves Bonnaire a souligné que le BTP doit être perçu comme un secteur d’avenir.
« Nous devons résoudre nos problèmes actuels pour attirer une nouvelle génération de travailleurs. Le BTP a beaucoup à offrir, nous devons montrer que nous pouvons surmonter nos défis, MAIS nous souhaitons de la visibilité sur les travaux et surtout être payés en temps et en heures. Sans cela, que pouvons-nous faire ?»
Fernand Odonnat a conclu sur une note d’optimisme, malgré les difficultés.
« Nous avons une équipe dédiée et compétente à la CTM, et je suis confiant que nous pourrons proposer une série de consultations et de projets qui bénéficieront à l’ensemble du tissu local d’ici le second semestre 2024. »
Pour résumer et en conclusion
Les réunions de ces deux derniers jours ont été cruciales pour le secteur du BTP en Martinique. Elles ont permis de mettre en lumière les grandes difficultés actuelles, les défis, et les solutions possibles. Bien que des tensions subsistent, il y a une volonté collective de surmonter les obstacles et de revitaliser un secteur essentiel pour le développement de notre île. Les prochains mois seront déterminants pour voir si les promesses se traduiront en actions concrètes et si le secteur du BTP pourra retrouver sa stabilité et son dynamisme.
D’un côté les entrepreneurs et les salariés qui souhaitent simplement deux choses de la Collectivité ET des autres donneurs d’ordres de Martinique :
- Davantage de travail: Avec une augmentation des projets et des travaux pour répondre aux nombreux besoins en infrastructure de la Martinique. Ils insistent sur le fait qu’il reste encore beaucoup de projets à bâtir et construire en Martinique, et que les entreprises sont prêtes à se structurer et à embaucher pour réaliser ces projets.
- Des paiements ponctuels et conformes aux réglementations : Ils souhaitent que les paiements pour les travaux réalisés soient effectués dans les temps et dans des conditions normales, comme prévu par la réglementation. Ils demandent des garanties concrètes sur les délais de paiement pour éviter les retards chroniques qui paralysent le secteur.
De l’autre, la CTM qui propose (selon le communiqué de Serge Letchimy à voir dans le post suivant) : des paiements accélérés, une série de projets d’infrastructure majeurs entre 2024 et 2025, un plan d’urgence pour l’eau, une utilisation optimisée des fonds européens, et des investissements significatifs pour revitaliser le secteur du BTP en Martinique.
UNE AFFAIRE À SUIVRE…EN TOUT CAS ESPÉRONS QUE LES PROMESSES SERONT TENUES ET QUE DANS UN PREMIER TEMPS, LES DETTES PUISSENT ÊTRE RÉGLÉES RAPIDEMENT, CAR COMME LE DIT LE VIEL ADAGE : QUAND LE BTP VA TOUT VA !
Philippe PIED