Le secteur de la construction fait face à de nombreux défis, allant de la maîtrise des coûts à la qualité des ouvrages, en passant par la prévention des sinistres. Alors que les technologies évoluent rapidement, l’intelligence artificielle (IA) devient un levier puissant pour anticiper et éviter les problèmes majeurs qui peuvent survenir dans les bâtiments. Dans cette perspective, l’Agence Qualité Construction (AQC) a lancé une initiative innovante en collaboration avec le laboratoire EVCAU : une thèse CIFRE visant à utiliser l’IA pour prédire les sinistres dans le secteur du bâtiment.
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L’IA pour prévenir les sinistres : une approche révolutionnaire
L’Observatoire de la Qualité de la Construction, à travers son dispositif Sycodés, recueille depuis plusieurs décennies des données précieuses sur les pathologies récurrentes dans les bâtiments. Fort de ces informations, le projet CIFRE s’attelle à analyser ces données à l’aide d’algorithmes d’intelligence artificielle afin d’anticiper les risques de sinistralité dans les ouvrages futurs.
Ce projet s’appuie sur les bases de données historiques, notamment plus de 670 000 désordres extraits des 25 000 fiches remontées annuellement par les experts de l’assurance dommages-ouvrage (DO). Grâce à des outils comme la Base Adresse Nationale (BAN) et la Base de Données Nationale des Bâtiments (BDNB), les bâtiments sinistrés sont identifiés avec précision. L’objectif : établir des liens entre la typologie des constructions et la sinistralité, et ainsi améliorer la qualité des futurs ouvrages.
Une démarche proactive pour la construction
L’approche innovante de cette thèse repose sur l’enrichissement des données en mobilisant des bases externes comme l’Open Data. Ce processus permet non seulement de mieux comprendre les caractéristiques des bâtiments sinistrés, mais aussi d’étudier les éventuels liens entre les matériaux utilisés, la localisation géographique et les désordres constatés.
Les premiers résultats montrent que certains matériaux et types d’isolation, comme le béton avec isolation thermique intérieure (ITI) ou extérieure (ITE), présentent des taux de sinistralité variés. L’IA permet de détecter que les bâtiments en ITE sont, par exemple, plus sujets à des dommages liés aux éléments de façade, tels que les fenêtres ou les brise-soleil, en raison de la gestion délicate des interfaces d’étanchéité.
L’impact potentiel sur le secteur
L’utilisation de l’intelligence artificielle pour la prévention des sinistres dans la construction pourrait transformer en profondeur la manière dont les professionnels abordent la conception et la réalisation des bâtiments. En identifiant les risques avant qu’ils ne se matérialisent, l’IA offre la possibilité d’intervenir de manière proactive, réduisant ainsi les coûts de réparation et les désordres à long terme.
À terme, cette initiative pourrait également conduire à des révisions des normes et des pratiques en matière de construction, en particulier concernant l’utilisation des matériaux et les méthodes d’isolation. 75 % des bâtiments étudiés dans ce projet ont été réceptionnés entre 2006 et 2016, ce qui permet d’anticiper des améliorations dans les futurs projets.
Un avenir prometteur pour la construction
Ce projet de recherche, qui s’étendra jusqu’en 2027, marque une étape cruciale dans l’utilisation des technologies avancées pour améliorer la qualité des bâtiments. L’intelligence artificielle, encore peu exploitée dans le secteur de la construction, pourrait devenir un outil incontournable pour les architectes, ingénieurs et assureurs. En s’appuyant sur les leçons tirées du passé, le secteur peut désormais entrevoir un avenir où la prévention des sinistres sera optimisée grâce à l’IA.
Alors que la digitalisation continue de transformer de nombreux secteurs, l’introduction de l’IA dans la construction démontre une nouvelle fois que l’innovation est la clé pour relever les défis de demain. Si ce projet atteint ses objectifs, il pourrait bien redéfinir les standards de qualité dans le bâtiment, en garantissant des ouvrages plus sûrs, plus durables, et plus résilients face aux sinistres.
Découvrez le Rapport de l’Observatoire de la Qualité de la Construction – Edition 2024 ici