L’année 2023 a marqué une période charnière pour le marché du logement en France, alors que l’inflation continue d’affecter profondément les conditions de vie des ménages et les dynamiques économiques. Avec une inflation à +5,3 % et une croissance modérée du produit intérieur brut (PIB) à 6,3 %, les Français ressentent directement les effets de la hausse des prix, notamment dans leurs dépenses liées au logement.
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Un contexte d’inflation qui pèse sur les dépenses de logement
Selon le Rapport du compte du logement 2023, la dépense globale des agents économiques dans le domaine du logement s’établit à 612 milliards d’euros, marquant une hausse de 2,3 %. Cette augmentation, bien que modérée, est entièrement portée par la hausse des prix, car l’investissement dans le logement, lui, recule de manière significative.
Les dépenses courantes des occupants, incluant les loyers, l’énergie et l’entretien, ont augmenté de 4,7 % en 2023, dépassant la moyenne des dix dernières années. Ce phénomène s’explique par l’inflation, qui a frappé de plein fouet des secteurs essentiels comme l’énergie (+13,3 %), tout en touchant les loyers (+1,8 %), malgré l’instauration d’un « bouclier loyer » visant à limiter l’augmentation excessive des loyers.
La situation est d’autant plus préoccupante que les dépenses en logement représentent une part considérable du budget des ménages. En 2023, elles ont contribué à 1,3 point de la hausse globale de 8 % de la dépense de consommation finale des ménages, soulignant ainsi le poids croissant du logement dans les dépenses quotidiennes.
Une baisse marquée de l’investissement immobilier
L’une des conséquences les plus visibles de cette inflation, associée à une montée des taux d’intérêt, est la chute brutale de l’investissement immobilier. Selon le rapport, l’activité immobilière a diminué de 15,7 % en 2023. Les acquisitions de logements anciens ont chuté de 23 %, tandis que l’investissement dans les logements neufs a reculé de 6,8 %.
Cette baisse est largement attribuable à la hausse des taux d’intérêt, qui ont atteint 3,4 % au quatrième trimestre 2023, contre un niveau historiquement bas de 1,1 % au début de 2022. Cette augmentation rapide des taux a rendu l’accès au crédit immobilier de plus en plus difficile pour de nombreux ménages, en particulier pour ceux qui cherchaient à accéder à la propriété ou à investir dans l’immobilier.
Les professionnels du BTP en difficulté face à l’inflation
Le secteur du BTP (bâtiment et travaux publics), en première ligne face à ces changements, subit également les répercussions de cette conjoncture défavorable. Alors que les dépenses en gros travaux d’entretien et d’amélioration ont progressé de 6,6 %, cette hausse est principalement portée par les prix, qui demeurent très dynamiques (+5,8 %). Cependant, la réduction globale des volumes d’investissement dans le neuf et l’ancien pourrait signifier une baisse des commandes et des opportunités pour les acteurs du BTP.
Cette baisse des investissements immobiliers pose la question de la pérennité des emplois dans le secteur et de l’avenir des projets de construction, alors que la demande en logements reste forte dans de nombreuses régions françaises.
Les perspectives pour le logement en France
Avec une inflation qui reste à des niveaux élevés, les perspectives pour le marché du logement en 2024 ne sont pas des plus optimistes. Les ménages continueront de faire face à une pression croissante sur leur pouvoir d’achat, tandis que les professionnels du secteur immobilier et de la construction devront s’adapter à des conditions de marché de plus en plus volatiles.
Si les aides au logement, en hausse de 4,6 %, apportent un certain soutien, elles ne suffiront probablement pas à combler les besoins des ménages les plus vulnérables. Le défi pour les autorités et les acteurs économiques sera de trouver des solutions pour rendre le logement plus accessible dans ce contexte inflationniste.
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L’inflation de 2023 a bouleversé non seulement l’accès au crédit et à la propriété, mais aussi l’ensemble du secteur du logement. Alors que les ménages voient leurs dépenses courantes croître, les professionnels du secteur immobilier et du BTP doivent faire face à un recul marqué des investissements. La question reste ouverte : comment la France pourra-t-elle surmonter cette crise du logement qui se profile ?