La Guadeloupe continue de faire face à une crise de gestion de l’eau qui impacte directement la vie quotidienne de ses habitants. Depuis des années, elle est confrontée à des pénuries d’eau récurrentes et à des dysfonctionnements dans la distribution, provoquant exaspération et frustration parmi les Guadeloupéens. Les autorités locales et nationales tentent de résoudre ces problèmes structurels, mais des défis majeurs subsistent.
Le SMGEAG au cœur de la gestion de l’eau
Le Syndicat Mixte de Gestion de l’Eau et de l’Assainissement en Guadeloupe (SMGEAG), créé en 2021, a été conçu pour centraliser la gestion de l’eau sur l’île en regroupant plusieurs opérateurs sous une même entité. Cependant, cette centralisation a révélé des faiblesses majeures. Dès sa création, le SMGEAG a hérité d’un déficit structurel dû aux déséquilibres financiers et organisationnels préexistants.
Le déficit chronique de cette nouvelle entité a conduit à la signature, en mars 2023, d’un contrat d’accompagnement renforcé entre le SMGEAG, l’État, la Région et le Département. Ce contrat prévoit une subvention d’équilibre annuelle de 20 millions d’euros, conditionnée à la mise en place de réformes techniques, financières et juridiques. L’objectif est de permettre au SMGEAG de devenir autonome dans sa gestion à moyen terme.
Un audit comptable révélateur
Malgré ces efforts, les résultats escomptés tardent à se concrétiser. Selon un communiqué de presse de la préfecture de Guadeloupe publié le 12 septembre 2024, un audit comptable réalisé par la Direction Régionale des Finances Publiques (DRFIP) en janvier 2024 a mis en lumière des défaillances importantes dans la gestion financière du syndicat. Cet audit a souligné l’absence de livrables comptables, indispensables pour assurer la transparence des comptes du SMGEAG.
En effet, l’une des conditions essentielles à l’obtention de la subvention est la production régulière de documents comptables, un engagement que le SMGEAG n’a pas tenu depuis plusieurs mois. Les désordres comptables observés par la DRFIP ont poussé l’État à intervenir de manière plus ferme.
Une sommation de l’État pour des actions correctives immédiates
Face à l’ampleur des dysfonctionnements, l’État a exigé en août 2024 que le SMGEAG régularise sa situation comptable dans les plus brefs délais. Le préfet de la région Guadeloupe, par le biais de la DRFIP, a rappelé au SMGEAG l’urgence de rétablir une comptabilité conforme aux normes publiques, condition sine qua non pour continuer à bénéficier du soutien financier de l’État. Le non-respect de ces engagements pourrait compromettre le bon fonctionnement du syndicat et aggraver la crise de l’eau sur l’île.
Le communiqué précise également que la comptabilité du SMGEAG est entièrement internalisée et sous la responsabilité de son président, contrairement aux collectivités locales qui bénéficient du soutien d’un comptable public. Cela rend d’autant plus cruciale l’implication des responsables du syndicat dans la gestion rigoureuse des finances.
Le rôle de l’État et ses limites
Il est important de souligner que, bien que l’État accompagne financièrement et techniquement le SMGEAG, la gestion de l’eau reste une compétence locale. L’État a mis à disposition du SMGEAG une assistance technique composée d’une dizaine de personnes, en plus des subventions d’investissement et de fonctionnement. Cependant, son rôle est limité au contrôle de la légalité des décisions prises et à la vérification de la bonne utilisation des fonds publics. En respect du principe de libre administration des collectivités territoriales, l’État ne peut pas intervenir directement dans la gestion quotidienne du syndicat.
Malgré les contrôles renforcés et les recommandations de l’État, le SMGEAG doit encore démontrer sa capacité à rétablir une situation financière saine et assurer un service public de qualité. Le soutien de l’État est conditionné à des résultats concrets : en plus de respecter les engagements financiers, le SMGEAG doit garantir la continuité et l’efficacité de la distribution d’eau potable à la population guadeloupéenne.
L’avenir du SMGEAG en suspens
Si le SMGEAG parvient à corriger ses défaillances comptables, il pourrait continuer à bénéficier des aides prévues dans le cadre du contrat d’accompagnement renforcé et ainsi rétablir une gestion pérenne de l’eau en Guadeloupe. Dans le cas contraire, la situation de crise pourrait s’aggraver, mettant en péril la qualité de vie des habitants et la pérennité de la structure elle-même.
L’État réaffirme, à travers son communiqué, son soutien au SMGEAG, tout en restant ferme quant à la nécessité de respecter les engagements pris. Le contrôle de l’utilisation des fonds publics, associé à une gestion rigoureuse, est indispensable pour surmonter cette crise de l’eau qui affecte durement la Guadeloupe.