Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) en Guadeloupe traverse une période difficile, marquée par une baisse généralisée de l’activité. Le segment des logements collectifs, en particulier, affiche une chute de plus de 50 % des mises en chantier en 2024. Cette crise soulève de nombreuses questions sur les causes de cette situation et les répercussions à venir pour le marché immobilier et les acteurs du secteur du BTP dans l’archipel.
Un déclin spectaculaire dans le secteur du logement collectif
Le secteur de la construction en Guadeloupe fait face à une crise majeure. Selon la Note de Conjoncture n°12 de la CERC Guadeloupe, les logements collectifs, qui incluent résidences et immeubles d’habitation, ont connu une baisse impressionnante de 51,4 % au cours des 12 mois se terminant en avril 2024. Ce chiffre est alarmant, car il représente une chute sans précédent dans l’histoire récente du secteur. En comparaison, les logements individuels purs et groupés ont aussi subi des baisses, respectivement de 13,9 % et 8,3 %, mais c’est dans le collectif que le choc est le plus sévère.
Les raisons d’une telle chute
Plusieurs facteurs expliquent cette situation critique. Tout d’abord, le contexte inflationniste persistant pèse lourdement sur le secteur de la construction. Les coûts des matériaux ont considérablement augmenté, influencés par des taxes environnementales et des hausses de prix qui freinent les promoteurs. Cette hausse des prix s’ajoute aux difficultés financières générées par des taux d’intérêt bancaires élevés, qui limitent l’accès au crédit pour de nombreux projets. En Guadeloupe, où le financement des projets est souvent un défi, cela a un effet direct sur la capacité des entreprises à lancer de nouvelles constructions, en particulier dans le segment des logements collectifs.
Par ailleurs, la baisse démographique de la population guadeloupéenne, combinée à un changement dans les besoins en termes de logement, participe également à cette crise. Les études de l’INSEE montrent une diminution de la taille des foyers, entraînant une préférence pour des typologies de logements plus petites (T2/T3) au détriment des grandes unités familiales (T4/T5). Cela signifie que les projets de logements collectifs, qui ciblent généralement des segments familiaux plus grands, perdent en attractivité.
Les répercussions pour le secteur du BTP
Les conséquences de cette chute des logements collectifs sont multiples. En premier lieu, elle affecte directement les entreprises de construction locales, qui dépendent en grande partie des grands projets immobiliers pour maintenir leur activité. La diminution des chantiers a non seulement un impact économique sur les entreprises, mais aussi sur l’emploi dans le secteur du BTP, où une baisse des postes salariés a déjà été constatée au premier trimestre 2024 (-1,8 %).
Cette baisse de la construction des logements collectifs pourrait également avoir des répercussions à long terme sur le marché de l’immobilier en Guadeloupe. Avec une demande qui, malgré tout, reste soutenue dans certaines zones, le ralentissement des projets collectifs pourrait entraîner une pénurie de logements à moyen terme, accentuant ainsi la crise du logement que traverse déjà l’île.