Le secteur du bâtiment est l’un des piliers de la transition écologique en France. Avec 25% des émissions de gaz à effet de serre (GES) et 44% de l’énergie totale consommée, il est impératif d’agir pour réduire cet impact.
Le Cerema, organisme public spécialisé dans l’accompagnement des acteurs territoriaux, joue un rôle essentiel dans cette démarche en proposant des solutions innovantes et en guidant la mise en œuvre des réglementations climatiques telles que la RE2020.
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Le contexte : Un secteur à haut impact carbone
Selon les données de la feuille de route de décarbonation du bâtiment (2023), le secteur génère 153 MtCO2 par an. L’énergie utilisée lors de l’exploitation des bâtiments représente 66% de ces émissions, tandis que le cycle de vie des matériaux de construction et d’équipements contribue à 33%. Cela inclut l’extraction des matières premières, la fabrication des matériaux, le transport et la distribution, la mise en œuvre sur chantier, la fin de vie des bâtiments (démolition et recyclage).
Ces étapes s’accompagnent de consommations d’énergie et d’émissions significatives.
Pour inverser cette tendance, la stratégie nationale bas carbone fixe des objectifs ambitieux : la réduction de 48% des émissions de GES d’ici 2030 par rapport à 2015 et la décarbonation quasi complète à l’horizon 2050.
Cette stratégie repose sur plusieurs axes :
- Amélioration de l’efficacité énergétique.
- Recours aux énergies renouvelables.
- Utilisation de matériaux bas carbone.
Depuis son entrée en vigueur en 2022, la RE2020 impose des limites strictes aux constructions neuves en termes d’impact carbone, incitant ainsi à réaliser une analyse du cycle de vie (ACV) pour évaluer l’empreinte carbone globale des projets. Cette réglementation encourage :
- L’utilisation de matériaux décarbonés (bois, produits biosourcés).
- Le recours à des solutions d’énergies durables.

En outre, la réhabilitation est considérée comme un levier incontournable, car elle permet de réduire l’empreinte carbone sans recourir systématiquement à la construction neuve. Bien que la réglementation actuelle n’impose pas encore l’ACV pour les rénovations, cet outil est un puissant moyen d’optimisation pour les projets de réhabilitation, aidant à :
- Décider des éléments à conserver.
- Choisir les meilleurs isolants thermiques.
L’accent mis sur la réhabilitation permet également de répondre aux enjeux de l’économie circulaire en valorisant le réemploi des matériaux. Mais aussi, cela permet réduire la consommation de ressources.
De plus, les projets de rénovation énergétique ambitieux peuvent atteindre des performances proches de celles des constructions neuves en termes d’émissions de GES, tout en utilisant beaucoup moins de matières premières.
Les initiatives phares du Cerema
Le Cerema accompagne activement les collectivités et les acteurs locaux dans leurs projets de décarbonation. Parmi les initiatives les plus marquantes, on trouve :
- Accompagnement des réglementations environnementales : Le Cerema a joué un rôle crucial dans l’élaboration et la mise en œuvre de la RE2020. Il propose à présent des outils et des conseils pour aider les collectivités à intégrer ces normes et adopter des pratiques de construction plus vertueuses.
- Utilisation de l’analyse du cycle de vie (ACV) : L’ACV est un outil indispensable pour mesurer l’impact carbone tout au long de la vie d’un bâtiment. Bien que cette analyse soit obligatoire pour les constructions neuves, elle reste un atout majeur pour optimiser les rénovations et choisir les matériaux les moins impactants.
- Exemples concrets et projets : Un exemple notable est la rénovation du collège Dorgelès à Longvic, qui a atteint le niveau E3C1 du label E+C- en réduisant de 40% sa consommation d’énergie par rapport à la RT 2012. Cette opération exemplaire a utilisé des matériaux biosourcés et intégré des énergies renouvelables, prouvant qu’une décarbonation efficace est possible.
Pourquoi miser sur la réhabilitation plutôt que sur le neuf ?
La réhabilitation est essentielle pour réduire rapidement l’empreinte carbone du parc bâti existant, qui ne se renouvelle qu’à un rythme d’environ 1% par an. Contrairement à la construction neuve, elle permet de :
- Limiter l’exploitation des ressources premières : En préservant les structures existantes, la réhabilitation réduit la consommation de matériaux neufs.
- Réduire les émissions associées à la démolition et à la construction : Moins de déchets et une baisse significative des émissions de GES.
- Valoriser le patrimoine existant : Les bâtiments réhabilités conservent leur cachet architectural tout en répondant aux normes actuelles d’efficacité énergétique.
Cependant, pour que la réhabilitation soit pleinement efficace, il est crucial d’intégrer des solutions bas carbone :
- Matériaux biosourcés : Bois, chanvre, lin, etc., qui stockent du carbone pendant leur cycle de vie.
- Systèmes énergétiques décarbonés : Pompes à chaleur, réseaux de chaleur bas carbone, etc.
- Techniques d’isolation performantes : Utilisation d’isolants à faible impact environnemental pour améliorer l’efficacité énergétique.
Les études montrent que des rénovations bien planifiées peuvent atteindre des niveaux de performance énergétique équivalents à ceux des nouvelles constructions, tout en réduisant le recours aux ressources non renouvelables.
Les leviers stratégiques pour une décarbonation efficace
Pour atteindre les objectifs fixés par la stratégie nationale, plusieurs leviers doivent être mobilisés :
- Exploitation et usage décarbonés : Réduire la consommation énergétique par des pratiques de gestion plus efficaces.
- Rationalisation des surfaces : Mutualiser les espaces et optimiser leur utilisation pour limiter la demande énergétique.
- Réhabilitation bas carbone : Privilégier la rénovation pour réduire l’impact environnemental global.
- Construction neuve bas carbone : Lorsque le neuf est nécessaire, utiliser des matériaux et techniques à faible empreinte carbone et privilégier l’autosuffisance énergétique.
L’application de ces leviers doit s’inscrire dans une stratégie globale, intégrant la sobriété, l’économie circulaire et l’innovation. Le Cerema, par ses recherches et ses partenariats, continue de fournir des solutions et un accompagnement pour transformer ces principes en actions concrètes au service des collectivités.
Perspectives et accompagnement par le Cerema
Le Cerema poursuit son engagement en aidant les acteurs des territoires à intégrer les meilleures pratiques de décarbonation. Grâce à son expertise, il soutient les collectivités dans la planification et la mise en œuvre de projets durables, en offrant des formations, des outils méthodologiques et des retours d’expérience précieux. Des programmes collaboratifs tels que le Hub Air Énergie, développé en partenariat avec l’Institut Français pour la Performance du Bâtiment (Ifpeb), permettent de concilier performance énergétique et qualité de l’air intérieur pour le bien-être des usagers.
Le Cerema s’investit également dans l’accompagnement des initiatives de rénovation ambitieuse, en mettant l’accent sur l’usage de matériaux biosourcés, l’économie circulaire et les solutions innovantes en matière d’énergie. Cette approche vise à maximiser les bénéfices environnementaux tout en répondant aux besoins des collectivités et en garantissant le confort des occupants.
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La transition vers un parc bâti bas carbone est une nécessité impérieuse pour atteindre les objectifs climatiques de la France. Grâce à son rôle central dans l’accompagnement des collectivités et à ses initiatives pionnières, le Cerema apporte un soutien crucial à cette transformation. Qu’il s’agisse de la mise en œuvre de la RE2020, de l’optimisation des rénovations ou de la diffusion de bonnes pratiques, le Cerema contribue à façonner un avenir plus durable et résilient. L’adoption d’une stratégie globale, alliant sobriété, innovation et économie circulaire, est essentielle pour que cette transition devienne une réalité tangible et bénéfique pour tous.
Téléchargez le document « RÉDUIRE L’IMPACT CARBONE DES BÂTIMENTS » de la CEREMA ici
Plus de transition
Plus de compromis
L heure n est plus à la transition écologique mais à l impératif écologique
Votre démarche devrait être législative car elle participe à la décroissance vertueuse…
GB Ecologue