Le dernier bulletin hydrologique de la DEAL Guadeloupe, publié le 25 mars 2025, confirme une évolution progressive vers une situation de vigilance pour plusieurs cours d’eau. Bien que la plupart des stations restent hors seuil, les tendances observées soulèvent des interrogations. Plusieurs d’entre elles affichent des débits en baisse, frôlant les seuils de vigilance définis par l’arrêté cadre DEAL/RN n°971-2023-07-06-0009. Ce bulletin, qui fait suite à une saison sèche peu arrosée, permet de dresser un état des lieux technique et précis du réseau hydrométrique de la Basse-Terre. Par rapport à mars 2024, la situation apparaît globalement moins tendue, mais les tendances actuelles appellent à une surveillance renforcée.
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Tensions localisées et débits en baisse : une stabilité fragile
Au 25 mars 2025, cinq stations sont considérées comme hors seuil, c’est-à-dire que leurs débits moyens sur 20 jours (Q20j) restent supérieurs au seuil de vigilance. Toutefois, parmi celles-ci, trois présentent des niveaux proches de ce seuil, avec une tendance orientée à la baisse.
À Baillif, le débit moyen s’établit à 1,62 m³/s, très proche du seuil de vigilance fixé à 1,49 m³/s. Une situation similaire est observée à Sainte-Rose (La Boucan), où le Q20j de 3,72 m³/s reste juste au-dessus du seuil de 3,36 m³/s. Sur la station de la Maison de la Forêt, le débit atteint 0,81 m³/s, soit seulement 110 litres par seconde au-dessus du seuil d’alerte.
Ces valeurs s’inscrivent dans une dynamique de baisse continue depuis le début du mois de mars. Si cette tendance se prolonge, certaines stations pourraient franchir leur seuil de vigilance dans les prochains jours. En mars 2024, toutes trois étaient déjà classées en vigilance, voire en alerte. L’amélioration reste donc relative, teintée de prudence.
Capesterre et Petit-Bourg : des signaux de vigilance à ne pas négliger
Deux stations sont actuellement en vigilance. À Capesterre-Belle-Eau, la Grande Rivière affiche un Q20j de 1,79 m³/s, en dessous du seuil de 1,89 m³/s. Quant à la Rivière Moustique à Petit-Bourg, son débit moyen atteint 0,77 m³/s pour un seuil fixé à 0,87 m³/s.
Les deux stations présentent des niveaux plutôt stables, sans évolution brutale observée ces derniers jours. Toutefois, cette apparente stabilité ne garantit en rien un retour à la normale.
Le cas de Petit-Bourg illustre bien cette vulnérabilité persistante. En mars 2024, la station était déjà en alerte, avec un débit moyen de 0,61 m³/s. Le passage en vigilance en 2025 signale une amélioration, mais cette progression reste fragile.
Interpréter les seuils et les tendances : une lecture technique nécessaire
Les seuils hydrologiques utilisés par la DEAL sont issus de séries de données historiques. Chaque station est associée à trois seuils définis statistiquement : le seuil de vigilance, le seuil d’alerte et le seuil de crise. Ces repères permettent une lecture graduée de la situation et conditionnent les réponses réglementaires.
Le débit moyen sur 20 jours (Q20j) constitue le principal indicateur de suivi. Il lisse les variations journalières pour identifier des tendances de fond. Lorsqu’une station reste hors seuil, cela ne signifie pas pour autant que la situation est sans risque. Une lecture statique serait trompeuse si elle ne prend pas en compte l’évolution temporelle.
Ainsi, un Q20j en légère baisse mais toujours au-dessus du seuil de vigilance peut annoncer une entrée imminente en période de tension. À l’inverse, un franchissement du seuil ne déclenche pas immédiatement des mesures coercitives, mais ouvre la voie à une gradation dans la réponse : surveillance renforcée, mesures incitatives, puis restrictions réglementaires.
Cette méthode permet une régulation souple, capable d’anticiper sans sur-réagir. Elle repose sur l’arrêté cadre DEAL/RN, qui formalise le lien entre seuils atteints et décisions préfectorales. En ce sens, la dimension technique du bulletin devient un véritable outil d’aide à la décision publique.
Des impacts concrets pour les chantiers, les réseaux et les exploitations
Dans les territoires insulaires comme la Guadeloupe, la disponibilité de l’eau a un impact direct sur les chantiers du BTP. Les phases de bétonnage, de nettoyage ou d’arrosage dépendent fortement des niveaux de débits observés.
Une mise en vigilance ou une alerte préfectorale peut entraîner des restrictions sur l’usage de l’eau. Cela affecte immédiatement l’organisation des travaux et peut impliquer des reports ou des solutions alternatives comme l’eau recyclée.
Les collectivités doivent intégrer ces données dans la gestion des permis de construire et des réseaux d’assainissement. Des débits faibles peuvent limiter la capacité d’auto-épuration des cours d’eau, imposant parfois des ajustements.
L’agriculture irriguée est aussi sensible à ces évolutions, avec des conséquences possibles sur les rendements.
L’analyse régulière des bulletins hydrologiques permet de mieux anticiper ces contraintes et de sécuriser les opérations les plus dépendantes de la ressource en eau.
Ressource à consulter
Bulletin de situation hydrologique des cours d’eau du 25/03/2025 – DEAL de Guadeloupe
Un répit apparent, une vigilance maintenue
La photographie hydrologique du mois de mars 2025 se distingue par une certaine amélioration par rapport à la même période en 2024. Le nombre de stations en vigilance est passé de cinq à deux. Aucune n’est aujourd’hui en alerte, contre une l’an passée.
Mais cette progression est à nuancer. La plupart des stations hors seuil enregistrent une baisse continue de leur débit. Cette tendance, si elle se poursuit, pourrait inverser le diagnostic dans les jours à venir.
Le prochain bulletin, attendu le 1er avril 2025, permettra d’affiner l’analyse. En attendant, la vigilance reste de mise, en particulier pour les secteurs les plus sensibles à la ressource en eau.