La filière construction face à 2025 : défis et perspectives

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L’année 2024 a marqué un tournant pour la filière construction en France, confrontée à des défis sans précédent. Selon le GIE Réseau des CERC, les indicateurs sont en berne, reflétant une crise structurelle qui pèse sur l’ensemble du secteur.

Alors que la construction neuve s’effondre et que les entreprises peinent à maintenir leurs activités, l’entretien-rénovation reste une lueur d’espoir, soutenu par les dispositifs de transition énergétique.

L’emploi, les matériaux, et les défaillances d’entreprises composent un tableau complexe que 2025 devra résolument transformer. Quels enseignements tirer de 2024 et quelles stratégies adopter pour rebondir ?

Bilan 2024 : un secteur sous pression

Construction neuve en recul

Le secteur de la construction neuve a connu une année difficile, marquée par une baisse significative des mises en chantier et des autorisations. Avec seulement 258 500 logements commencés en 2024, le secteur enregistre une chute historique. Par ailleurs, la surface des locaux non résidentiels commencés est tombée sous la barre des 20 millions de m², soit une baisse de 17,3 %.

Ces résultats témoignent d’une crise alimentée par la hausse des coûts de production, des délais administratifs prolongés et une incertitude économique qui freine les investissements.

Les difficultés ne s’arrêtent pas aux chiffres. Les promoteurs se heurtent à des exigences réglementaires toujours plus strictes, tandis que les municipalités doivent arbitrer entre besoins de logement et objectifs environnementaux. En résultat, les projets stagnent ou peinent à se concrétiser.

 

Résilience de l’entretien-rénovation

En contraste avec la construction neuve, l’entretien-rénovation a progressé modestement de 0,8 % au cours du troisième trimestre 2024. Ce segment est porté par des programmes publics comme MaPrimeRénov’ , qui encouragent la rénovation énergétique des bâtiments.

Les travaux sur les locaux, en particulier, affichent une hausse de 1,8 %, confirmant l’intérêt grandissant pour la modernisation des infrastructures existantes.

Cette résilience repose sur un écosystème d’acteurs adaptés à ces opportunités, qu’il s’agisse de l’isolation thermique, de la modernisation des systèmes de chauffage ou encore de la mise en conformité des locaux professionnels.

Les entreprises, bien que touchées par la hausse des coûts, parviennent à se positionner grâce à des innovations techniques et une meilleure efficacité des travaux.

 

Matériaux et entreprises fragilisés

Le marché des matériaux reflète la contraction générale du secteur. La production de béton prêt à l’emploi (BPE) a chuté de -10,7 %, tandis que celle des granulats a reculé de -6,3 % sur un an.

Cette tendance illustre l’impact des projets reportés ou annulés, mais aussi les contraintes énergétiques qui pèsent lourdement sur les coûts de production.

En parallèle, les entreprises du secteur montrent des signes de fragilité croissante. Les créations ont diminué de 16,6 %, tandis que les défaillances ont grimpé de 33,6 %.

Ces chiffres traduisent la difficulté des TPE et PME à faire face à la hausse des charges fixes et à l’érosion des marges.

 

Impact sur l’emploi

L’emploi est un autre indicateur en berne, avec 34 000 postes supprimés en deux ans. L’intérim, également en recul de 6,3 %, témoigne de la baisse d’activité et du manque de visibilité pour les employeurs.

Ce climat pèse aussi sur la capacité des entreprises à recruter et à retenir les talents, dans un secteur qui peine à se renouveler.

La formation professionnelle devient cruciale pour répondre aux besoins de compétences émergentes.

Les nouveaux métiers liés à la rénovation durable et aux énergies renouvelables offrent une opportunité de diversifier l’emploi, mais exigent des investissements accrus en formation.


 

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Source : GIE Réseau des CERC/CONJONCTURE NATIONALE & INTERRÉGIONALE DE LA FILIÈRE CONSTRUCTION


 

Défis majeurs pour 2025

Relancer la construction neuve

Pour relancer la construction neuve, il est essentiel de simplifier les procédures administratives et de renforcer les dispositifs de soutien.

Cela inclut des mesures fiscales incitatives, telles que des exonérations de taxes foncières pour les promoteurs ou des subventions directes ciblées sur les zones tendues.

La collaboration entre états, régions et municipalités est également cruciale. Des plans d’urbanisme plus flexibles et des partenariats public-privé peuvent accélérer la réalisation des projets tout en répondant à des normes environnementales renforcées.

 

Soutenir l’entretien-rénovation

L’entretien-rénovation représente un levier essentiel pour compenser la baisse de la construction neuve. En 2025, l’accent devra être mis sur la mobilisation des aides publiques et privées pour encourager la transition énergétique.

Les innovations technologiques, comme les systèmes de rénovation intelligente et les solutions de diagnostic énergétique prédictive, peuvent transformer ce segment en un moteur de croissance durable.

Les opportunités sont nombreuses, mais elles nécessitent une coordination étroite entre les pouvoirs publics et les acteurs du bâtiment.

 

Stabiliser le marché des matériaux

Pour stabiliser le marché des matériaux, il est crucial d’investir dans des filières locales et des solutions circulaires. La réutilisation des déchets de chantier, par exemple, offre une alternative durable aux matières premières traditionnelles, tout en réduisant les coûts.

En parallèle, une meilleure gestion logistique et un soutien financier ciblé pourraient éviter les ruptures d’approvisionnement qui fragilisent la chaîne de production.

 

Préserver l’emploi et les entreprises

La préservation de l’emploi passera par des mesures de soutien aux entreprises, notamment via des crédits à taux réduit et des aides ciblées pour les TPE et PME.

Par ailleurs, des investissements stratégiques dans la formation professionnelle peuvent assurer que les travailleurs soient préparés aux évolutions du secteur.

 

Perspectives pour un secteur en mutation

Malgré les défis, la filière construction dispose de leviers pour transformer la crise actuelle en opportunité. Les grands projets publics, combinés à l’accélération de la transition énergétique, offrent un potentiel de relance significatif.

De même, l’émergence de matériaux innovants et l’économie circulaire pourraient redéfinir les pratiques de construction pour les années à venir.


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