État des lieux et solutions pour la lutte contre l’artificialisation des sols aux Antilles

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    L’artificialisation des sols est un enjeu de plus en plus pressant dans les territoires insulaires comme les Antilles, où chaque parcelle de terre compte. Cette transformation, souvent irréversible, de terres naturelles en zones bâties menace la biodiversité et les écosystèmes locaux. Aux Antilles, cette question est d’autant plus cruciale face à la croissance démographique et aux besoins en logements.

    Pour répondre à cette problématique, la loi Climat et Résilience de 2021 fixe un objectif ambitieux pour toute la France : atteindre le zéro artificialisation nette (ZAN) d’ici 2050. Ce cadre législatif engage les territoires ultramarins dans une démarche où il faut concilier le développement économique et social avec la préservation des ressources naturelles. Cet article propose un état des lieux de l’artificialisation des sols aux Antilles, ainsi que des initiatives locales et solutions concrètes qui offrent une alternative durable.

    Contexte et État des Lieux de l’Artificialisation aux Antilles

    Aux Antilles, l’espace est précieux, et la demande en terres constructibles ne cesse de croître pour répondre aux besoins de la population. Cette pression sur le foncier entraîne un phénomène d’artificialisation, avec des impacts graves sur les terres agricoles, les zones naturelles et, par conséquent, sur l’environnement et la biodiversité.

    Avec la loi Climat et Résilience de 2021, la France a fixé un objectif de réduction progressive de l’artificialisation des sols. Cet objectif, baptisé zéro artificialisation nette (ZAN), impose de diviser par deux la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici 2031, pour atteindre ensuite une balance nulle. Pour les territoires insulaires comme la Guadeloupe et la Martinique, cela signifie une nécessité de préserver chaque parcelle tout en répondant aux besoins de développement.

    Une étude menée en Guadeloupe en 2017 par la DEAL et l’Établissement Public Foncier (EPF) a révélé des chiffres révélateurs : près de 17,6 % des bâtiments sont vacants, et 9,4 % des parcelles constituent des « dents creuses » — des parcelles vides situées entre des bâtiments. Ces chiffres montrent qu’il existe un potentiel de densification sans empiéter sur les sols naturels, permettant ainsi de limiter l’artificialisation.

    Initiatives Locales et Exemples de Réhabilitation

    Les collectivités des Antilles prennent aujourd’hui des mesures pour préserver leurs sols en maximisant l’utilisation des espaces vacants et en revitalisant les zones urbaines sous-utilisées. Voici quelques initiatives locales inspirantes :

    • Programme Madin’Friches en Martinique : En 2023, l’EPFL, en partenariat avec l’ADEME et la DEAL, a lancé l’inventaire des friches urbaines, commerciales, artisanales et industrielles. Ce programme vise à identifier les espaces inutilisés qui pourraient être réhabilités pour répondre aux besoins de logements et d’infrastructures, sans nécessiter de nouvelles constructions sur les sols naturels.
    • Appel à projets de StratéHab : Depuis mai 2024, StratéHab a lancé un appel à projets pour la valorisation des friches aux Antilles et en Guyane. Cette initiative se déroule en trois phases : recensement des friches, élaboration des projets de réaménagement, puis contractualisation pour une réhabilitation finale d’ici 2025. Cet appel encourage les propriétaires, publics et privés, à proposer leurs biens pour des projets de réutilisation, via une plateforme en ligne.
    • Projets concrets de réhabilitation en Guadeloupe :
      • Baillif : La municipalité a entamé, en 2023, une procédure pour réhabiliter un bâtiment en mauvais état, avec pour ambition d’y construire de nouveaux logements et commerces.
      • Les Abymes : Un programme en collaboration avec l’État prévoit la démolition de 1 200 logements pour en construire 2 400 autres, redynamisant ainsi le centre-bourg et répondant aux besoins de logements tout en limitant l’étalement urbain.

    Outils et Méthodes pour Optimiser l’Usage des Bâtiments : Focus sur l’Intensi’Score

    Dans une perspective de limitation de l’artificialisation des sols, le recours aux bâtiments déjà existants est crucial. C’est ici qu’intervient l’Intensi’Score, un outil de diagnostic conçu pour évaluer l’utilisation réelle des bâtiments et maximiser leur potentiel.

    L’Intensi’Score repose sur plusieurs méthodes d’intensification de l’usage :

    • Mutualisation : Partager un même espace entre plusieurs utilisateurs, comme des bureaux convertis en espace de coworking le soir.
    • Hybridation et réversibilité : Utiliser un espace pour des fonctions variées et adaptables. Par exemple, des espaces de bureaux peuvent se transformer en salles de réunion ou même en espaces de loisirs en soirée.
    • Chronotopie : Adapter l’utilisation des espaces en fonction des horaires de la journée, de la semaine, ou même de l’année, comme les salles de classe utilisées pour des cours le jour et des activités sportives le soir.

    Grâce à ces méthodes, l’Intensi’Score aide à valoriser les mètres carrés sous-exploités et réduit la pression sur les nouvelles constructions, ce qui contribue aux objectifs de ZAN.

    Solutions Concrètes pour Limiter l’Artificialisation des Sols

    Des stratégies concrètes sont mises en œuvre pour limiter l’artificialisation des sols aux Antilles. Voici quelques solutions clés :

    • Densification des Zones Urbaines : Plutôt que de s’étendre sur des terres naturelles, les collectivités encouragent les projets dans les zones urbaines existantes. Cela permet de répondre aux besoins de logement tout en préservant les espaces verts et agricoles.
    • Promotion de l’Économie Circulaire dans le BTP : Le secteur de la construction adopte des pratiques de réemploi des matériaux pour réduire son empreinte écologique. Des ateliers comme La Fresque de l’Économie Circulaire en Martinique, en novembre 2024, visent à sensibiliser les acteurs locaux à l’importance de l’économie circulaire.
    • Rendez-vous du Réemploi en Martinique : Ces événements sont organisés pour encourager le réemploi dans le secteur de la construction, en réunissant des experts locaux et internationaux pour échanger des solutions de réutilisation des matériaux et de réduction des déchets.
    • Plateforme de StratéHab pour la réhabilitation des friches : Grâce à une plateforme en ligne, StratéHab permet aux propriétaires de proposer leurs friches pour des projets de réutilisation, encourageant ainsi un recyclage intelligent des espaces urbains.

    Bénéfices et Impacts Attendus pour les Antilles

    L’application de ces solutions et outils aux Antilles pourrait générer des bénéfices majeurs :

    • Bénéfices Écologiques : La réduction de la nécessité de nouvelles constructions permet de préserver les sols naturels et les terres agricoles. Elle limite également l’empreinte carbone en réduisant la consommation de matériaux de construction neufs.
    • Bénéfices Économiques : En optimisant l’usage des bâtiments existants, les coûts de gestion sont réduits, et de nouvelles sources de revenus peuvent être générées, notamment grâce à la mutualisation et l’hybridation des espaces.
    • Bénéfices Sociaux : Ces stratégies contribuent à revitaliser les centres urbains et à renforcer la qualité de vie des habitants. En dynamisant les espaces sous-utilisés, les collectivités créent des quartiers plus vivants et attractifs, tout en répondant aux besoins en logements et services.

    Aux Antilles, lutter contre l’artificialisation des sols est une priorité pour assurer un développement durable et préserver l’environnement pour les générations futures. Avec des initiatives locales et des outils comme l’Intensi’Score, les acteurs locaux montrent qu’il est possible de concilier développement économique et préservation des ressources.

    La collaboration entre les collectivités, les propriétaires et les habitants est cruciale pour réussir cette transformation. En s’appuyant sur des solutions innovantes et en valorisant l’existant, les Antilles peuvent répondre aux défis d’urbanisation tout en protégeant leur précieux patrimoine naturel.

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