Dans les territoires d’outre-mer, la construction durable prend un tournant essentiel, s’orientant vers des matériaux biosourcés et adaptés aux climats tropicaux. Le bambou, avec ses propriétés mécaniques exceptionnelles et sa capacité à se régénérer rapidement, est au cœur de cette révolution. Utilisé en complément de la terre crue, il ouvre des perspectives fascinantes pour des constructions à faible empreinte écologique, parfaitement adaptées aux environnements locaux.
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Le bambou dans les territoires d’outre-mer : un potentiel diversifié
Dans chaque région d’outre-mer, le bambou trouve un usage et une application uniques, marqués par les particularités géographiques et culturelles de chaque territoire.
- En Martinique, le Bambusa vulgaris est omniprésent le long des ravines et dans les zones à forte déclivité. Bien qu’il présente des risques d’érosion en cas de glissements de terrain, ce bambou est prisé pour des usages artisanaux et ornementaux, apportant une touche esthétique et naturelle dans les jardins et les espaces publics.
- En Guadeloupe, bien que le bambou soit largement répandu, son utilisation reste limitée. Cependant, des initiatives émergent pour développer des filières locales, notamment dans l’artisanat et la construction, où le bambou pourrait devenir une alternative durable au bois.
- À La Réunion, la bambusaie du Guillaume Saint-Paul, établie en 1992, est au cœur d’un Plan de filière Bambou 2020-2030. Cette initiative ambitieuse vise à exploiter pleinement le bambou dans des applications comme la construction, la restauration des sols et même l’agroalimentaire, en valorisant ses qualités écologiques et économiques.
- À Mayotte, le bambou est souvent considéré comme une plante invasive. Pourtant, des projets novateurs voient le jour, tels que l’entreprise Lilo Bambou, qui exploite cette ressource pour la construction et sensibilise les acteurs locaux à ses avantages. Le bambou pourrait devenir un matériau de choix pour les projets de construction durable sur l’île.
Le bambou et la terre crue : une alliance pour des constructions durables en outre-mer
En parallèle de ses utilisations traditionnelles dans chaque territoire, le bambou possède un potentiel bien plus grand lorsqu’il est associé à d’autres matériaux naturels comme la terre crue. Comme l’explique Pascal Faucompré dans son article du 3 avril 2024 pour Build Green, le bambou et la terre crue partagent des propriétés respirantes qui rendent leur association particulièrement bénéfique pour des constructions à faible impact environnemental.
Lire l’article « Le bambou, un allié de choix pour la terre crue en construction » ici.
Le bambou, par sa résistance élevée à la traction, peut supporter des charges importantes, idéal pour des structures de grande portée. Utilisé comme ossature, il apporte une solidité qui, associée aux propriétés isolantes de la terre crue, permet d’obtenir des murs respirants et naturellement régulateurs d’humidité. Cette association en « terre-bambou » s’adapte parfaitement aux climats tropicaux et répond aux besoins d’une construction écologique.
Des expériences pratiques, comme celles menées à Bali, ont démontré la durabilité et l’efficacité de cette combinaison : le bambou sert de structure portante, tandis que la terre crue assure une isolation thermique et une ambiance intérieure saine. Cette technique pourrait être une véritable opportunité pour l’outre-mer, où des alternatives durables sont recherchées.
Pour aller plus loin dans cette synergie innovante, Pascal Faucompré explore dans son article des techniques et des applications inspirantes pour les constructeurs et artisans locaux.