Crise du bâtiment : le PTZ pour relancer le secteur ?

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    En France, le secteur du bâtiment traverse une crise sans précédent.

    En 2024, 13 000 entreprises du bâtiment ont fait faillite, selon Olivier Salleron, président de la FFB. Cette situation dramatique a entraîné la perte de 35 000 emplois dans un secteur déjà fragilisé par des années de tensions économiques et sociales. De plus, seuls 250 000 logements ont été construits, soit une chute alarmante par rapport aux 400 000 réalisés en 2019.

    La crise actuelle trouve ses racines dans une conjonction de facteurs : flambée des coûts des matériaux, hausse des taux d’intérêt, décisions politiques controversées, et contraintes environnementales de plus en plus lourdes. Cette spirale négative ne touche pas seulement le secteur du bâtiment, mais impacte également des millions de ménages confrontés à une offre de logements insuffisante et à des prix inabordables.

    Olivier Salleron a résumé la gravité de la situation lors de son intervention sur France Info : « Cette crise est historique et sans précédent. »

    Pourquoi la production de logements s’effondre

    La production de logements en France est en chute libre : en 2023, les mises en chantier ont baissé de 21 %. Olivier Salleron explique cette baisse par la flambée des coûts des matériaux et la hausse des taux d’intérêt, qui grèvent le pouvoir d’achat immobilier des ménages.

    « Quand les ménages renoncent à acheter, toute la chaîne du logement est paralysée », observe-t-il.

     

    Des aides supprimées et une instabilité politique

    La disparition du Prêt à Taux Zéro (PTZ) et du dispositif Pinel a entraîné un frein massif à l’accès à la propriété et à la construction. Cette crise est amplifiée par l’absence de budget voté pour 2025, qui inquiète les investisseurs.

    Olivier Salleron plaide pour le retour immédiat du PTZ, indispensable pour aider les familles modestes à devenir propriétaires.

     

    L’enjeu environnemental complique la donne

    L’objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) impose de repenser la construction. Si cette réglementation vise à préserver les sols naturels, elle complique la mise en œuvre des projets immobiliers, augmentant les délais et les coûts.

     

    Comment sortir de cette crise ?

    Pour rétablir la situation, la FFB propose 3 priorités claires :

    1. Réinstaurer le Prêt à Taux Zéro (PTZ) : Cette mesure, selon la FFB, est essentielle pour aider les familles modestes et les classes moyennes à accéder à la propriété. En couvrant une partie du coût des logements neufs ou anciens, le PTZ peut relancer les transactions immobilières et redynamiser l’activité du bâtiment.
    2. Renforcer le soutien à la rénovation énergétique : Le secteur du bâtiment étant responsable d’une part significative des émissions de CO2, la FFB plaide pour des subventions accrues et simplifiées afin d’encourager les travaux de rénovation énergétique. « Ce double bénéfice, environnemental et économique, est essentiel pour l’avenir du secteur », ajoute le président de la FFB.
    3. Créer une stabilité politique et fiscale : La FFB appelle à un cadre législatif clair et durable. Les investisseurs et les entreprises ont besoin de visibilité pour planifier leurs projets sur le long terme. L’absence de budget voté pour 2025 freine actuellement cette dynamique.

    D’un autre côté, l’Association des Maires de France (AMF) formule 25 propositions pour répondre à la crise du logement. Elle propose de renforcer les moyens des élus locaux pour réguler le marché. Elle prône notamment une taxe unique pour les logements vacants et une réforme des terrains constructibles afin de libérer plus de foncier. En parallèle, l’AMF demande une pause dans les nouvelles contraintes législatives pour stabiliser le secteur.

    En outre, le rapport commun de la Fondation Abbé Pierre et la FNH, publié le 19 mars 2024, propose également une solution. Il met en avant la réhabilitation des friches et la densification des zones urbaines. Ces mesures permettent de répondre à la demande sans artificialiser davantage les sols. Elles proposent également une fiscalité incitative pour encourager la remise sur le marché des logements vacants, tout en appelant à un encadrement généralisé des loyers dans les zones tendues.

     

    S’inspirer de l’Espagne ?

    En Espagne, le gouvernement de Pedro Sánchez a adopté des mesures ambitieuses, notamment la mise à disposition de terrains publics pour la construction de logements sociaux.

    Des taxes renforcées sur les locations touristiques ont été mises en place pour contrer leur impact sur le marché.

    Toutefois, malgré ces initiatives, les loyers ont continué à augmenter (+11 % en 2024 selon Idealista), illustrant la difficulté d’endiguer une crise structurelle. Le faible parc de logements sociaux espagnol, à seulement 2,5 %, aggrave encore cette situation.

    La France pourrait s’inspirer de ces initiatives tout en adaptant ses politiques pour mieux cibler les problèmes locaux.

     

    Repenser la production de logements

    La FFB insiste sur l’urgence de revoir les modèles de construction. « Il faut miser sur des solutions locales, des matériaux bas carbone et un urbanisme durable », déclare Olivier Salleron. Cette vision passe par une meilleure coordination entre tous les acteurs du secteur.

    La crise du bâtiment en France révèle des défaillances structurelles profondes, amplifiées par des choix politiques et des enjeux environnementaux. Si les propositions évoquées sont ambitieuses, seule une volonté politique forte et coordonnée permettra d’enrayer cette crise et de répondre durablement aux besoins des Français.

     

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