Au premier trimestre 2024, les mises en chantier ont atteint un niveau historiquement bas, révélant une tendance inquiétante pour le secteur. Malgré une légère stabilisation des taux d’intérêt et des tentatives d’assouplissement des critères de crédit, la dynamique du marché reste gravement affectée. Retour sur les raisons de cette chute vertigineuse et ses conséquences pour les professionnels du bâtiment et de la construction.
Une baisse continue depuis plusieurs années
Les résultats au premier trimestre 2024 parlent d’eux-mêmes : au premier trimestre 2024, le nombre de logements autorisés en France a chuté à 89 400, selon les données corrigées des variations saisonnières (CVS-CJO). Ce nombre représente une baisse de 2,2 % par rapport au trimestre précédent et s’inscrit dans une tendance globale de déclin amorcée il y a plusieurs années. Depuis cinq ans, les autorisations de construire oscillent autour d’un niveau bien inférieur à leur moyenne historique, avec un recul de 18 % par rapport aux moyennes des cinq dernières années.
Un recul marqué dans le secteur individuel
La baisse des mises en chantier est particulièrement marquée dans le secteur des logements individuels. Au premier trimestre 2024, les autorisations dans ce secteur ont plongé de 9,4 %, confirmant une tendance déjà visible en 2023. Les mises en chantier, quant à elles, ont diminué de 8,5 %, une situation qui reflète la profonde crise traversée par le secteur. Ces chiffres rappellent ceux du début des années 2000, une période où le marché immobilier connaissait déjà des difficultés similaires.
Des conséquences lourdes pour le secteur
Cette chute historique des mises en chantier n’est pas sans conséquences. Le secteur de la construction, déjà fragilisé par la hausse des coûts des matériaux et une demande en berne, doit désormais composer avec une réduction significative de l’activité. Cette situation entraîne un impact direct sur l’emploi dans le secteur, avec une baisse continue du nombre de salariés et un accroissement des défaillances d’entreprises.
En Île-de-France, région habituellement dynamique, le nombre total d’autorisations de construire a atteint son plus bas niveau depuis 1998. À l’échelle nationale, les logements commencés sur un an ont chuté de 24,4 % par rapport à l’année précédente, atteignant un niveau inédit depuis 1993. Cette situation, qui aurait pu être temporaire, semble s’installer durablement, faisant craindre une véritable crise structurelle pour le secteur.
Le secteur de la construction résidentielle est donc à un tournant décisif. Seule une action concertée et des réformes structurelles permettront de redresser la barre et d’éviter que cette crise ne laisse des séquelles durables sur l’ensemble du marché immobilier français.