Construction en 2024 : une crise historique des mises en chantier

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construction 2024

L’année 2024 marque un tournant pour la construction en France. Selon la note de conjoncture de février 2025 du GIE Réseau des CERC, le secteur connaît un ralentissement sans précédent.

Avec une baisse historique des mises en chantier de 35,9 % en trois ans, la filière fait face à une crise d’une ampleur inédite depuis les années 2000. Entre chute des autorisations, recul de l’emploi et hausse des défaillances d’entreprises, l’ensemble du secteur est sous tension. Décryptage des tendances et perspectives pour 2025.

Un effondrement des mises en chantier et des autorisations

Les chiffres-clés :

  • Logements commencés : -35,9 % en trois ans.
  • Locaux neufs : -24 % en deux ans.
  • Logements autorisés : 84 300 unités à fin décembre 2024 (-11,1 % sur un an).
  • Locaux autorisés : 10 008 millions de m² (-12,3 % sur un an).

Cette baisse historique s’explique par plusieurs facteurs conjugués. La hausse des taux d’intérêt freine la capacité d’investissement des promoteurs et des ménages.

Par ailleurs, la crise de la demande et les incertitudes réglementaires rendent les décisions d’investissement plus complexes. On peut également remarquer un manque d’incitations suffisantes pour stimuler la construction neuve.

Les autorisations de construire restent en difficulté, notamment dans le logement, où les permis sont délivrés au compte-gouttes.

Cependant, une lueur d’espoir subsiste : les autorisations de locaux affichent une progression de 3,2 % au 4e trimestre 2024. Ce regain, bien que modeste, pourrait annoncer une stabilisation pour certaines branches du secteur.

 

Travaux Publics : Un rare point positif, mais à quel prix ?

Facturation et marchés conclus :

  • Montants facturés : +3 % en 2024.
  • Marchés conclus : -9,9 % sur l’année.
  • Carnets de commandes : en baisse de 41,6 %.

Contrairement au bâtiment, le secteur des travaux publics semble avoir mieux résisté en 2024. La hausse de 3 % des montants facturés s’explique en partie par la poursuite de grands projets d’infrastructure, notamment liés aux transports et aux aménagements urbains.

Toutefois, la chute de près de 10 % des marchés conclus laisse entrevoir un essoufflement possible à moyen terme. Une baisse des carnets de commandes de plus de 40 % suggère que les entreprises devront faire face à un ralentissement de leur activité en 2025.

Si de nouveaux projets publics ne viennent pas compenser cette tendance, les effets de cette contraction pourraient se faire sentir sur l’emploi et l’investissement.

 

Matériaux et emploi : une équation difficile

Production de matériaux en berne :

  • Béton prêt à l’emploi : -3,9 % sur trois mois, -6 % sur un an.
  • Granulats : -9,8 % sur trois mois, -10,7 % sur un an.

Impact sur l’emploi :

  • Emploi salarié : -1,5 % au 3e trimestre 2024.
  • Emploi intérimaire : -7,4 % sur trois mois, -6,3 % sur un an.
  • Défaillances d’entreprises : +18,8 % en un an.

Avec la baisse de la production de matériaux de construction, les entreprises doivent ajuster leur force de travail. L’intérim, première variable d’ajustement, a été fortement impacté, enregistrant une chute de 7,4 % en trois mois. L’emploi salarié suit également une tendance négative, avec un recul de 1,5 %.

Plus inquiétant encore, le nombre de défaillances d’entreprises a explosé, enregistrant une hausse de 18,8 % en un an, voire 33,6 % pour les PME du secteur. La diminution des commandes et la contraction des marges poussent ainsi de nombreux acteurs à réduire leur activité, voire à cesser leur exploitation.

 

Logement et rénovation : des carnets de commandes en berne

Des signaux inquiétants :

  • Entretien-rénovation : -30,4 % en volume au 3e trimestre.
  • Crédits à l’habitat : 36 milliards d’euros (-14,9 % sur un an).
  • Réservations de logements : -16,9 %.

Malgré les incitations à la rénovation énergétique, le marché de l’entretien-rénovation connaît un net ralentissement.

La baisse de 30,4 % en volume des travaux témoigne d’une demande en berne, amplifiée par des financements plus contraints et un attentisme généralisé. Les carnets de commandes, qui s’établissent désormais à 13,6 semaines en moyenne (-1,7 semaine en un an), montrent une perte de dynamique inquiétante.

Le recul des crédits à l’habitat aggrave encore la situation. À 36 milliards d’euros, les financements alloués au logement chutent de 14,9 %, freinant mécaniquement la construction et l’accession à la propriété.

Cette tendance pourrait accentuer la crise du logement et complexifier davantage la mise en œuvre des politiques publiques en faveur de l’habitat.

 

Perspectives 2025 : rebond ou nouveau choc ?

À l’aube de 2025, le secteur du BTP navigue entre incertitudes et espoirs. Quelques signaux positifs émergent (hausse des autorisations de locaux, dynamisme partiel des Travaux Publics), mais le marché reste fragile.

La relance passera par des réformes structurelles : soutien au logement social, incitations à la rénovation et stabilisation du marché du crédit.

Le pire est-il passé ? Ou faut-il s’attendre à un nouveau choc en 2025 ? Une chose est sûre : la filière construction est à un tournant.

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