Consommation foncière : une situation sous tension

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Consommation foncière

Chaque année, la France consomme environ 24 000 hectares d’Espaces Naturels, Agricoles et Forestiers (ENAF), soit l’équivalent de la ville de Marseille. Ce phénomène, observé depuis des décennies, menace les équilibres écologiques, réduit la capacité des sols à réguler les crues et augmente les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Pour y faire face, le gouvernement a introduit des mesures ambitieuses dans la loi « Climat et Résilience », visant à atteindre le « zéro artificialisation nette » (ZAN) à l’horizon 2050.

Le Cerema, acteur clé dans ce suivi, fournit un diagnostic complet de la consommation foncière en France.

Ralentir l’étalement urbain : un défi complexe

Comment freiner l’étalement urbain sans bloquer le développement économique ? Depuis 2021, la France vise un objectif ambitieux : atteindre le « zéro artificialisation nette » d’ici 2050. Cela implique de réduire de moitié la consommation d’espaces d’ici 2031.

Chaque région doit organiser ses efforts via son Schéma régional d’aménagement (SRADDET).

Ce n’est pourtant pas une mince affaire. L’urbanisation morcelle les écosystèmes, accentue les risques d’inondations et renforce la dépendance automobile.

Les conséquences sont lourdes : augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES), coûts d’infrastructures en hausse et perte d’espaces agricoles.

 

Consommation foncière : comprendre les chiffres clés

Saviez-vous que chaque année, la France voit disparaître sous l’urbanisation l’équivalent de la superficie de Marseille ?

Ce rythme effréné met sous pression les sols naturels et agricoles, accentuant la perte de biodiversité et l’imperméabilisation des terrains. Actuellement, environ 24 000 hectares d’Espaces Naturels, Agricoles et Forestiers (ENAF) sont transformés en zones construites.

Depuis 2011, cette consommation a dépassé 278 500 hectares, soit une surface équivalente à celle du département du Rhône.

Si l’efficacité de la construction s’est améliorée avec une meilleure optimisation des surfaces urbanisées, la tendance globale reste préoccupante.

En 2021, un hectare consommé permettait de bâtir 2 538 m², contre 1 950 m² en 2011, traduisant un effort de densification.

Pourtant, ces progrès restent insuffisants pour atteindre les objectifs environnementaux fixés par la loi « Climat et Résilience ». Réduire cette consommation reste un défi majeur pour préserver les territoires et garantir un aménagement plus durable.

 

Habitat, économie, infrastructures… Qui consomme quoi ?

Où va tout cet espace ? La répartition montre des tendances préoccupantes :

  • 66 % de la consommation d’espaces est destinée à l’habitat,
  • 24 % aux activités économiques,
  • 5 % aux infrastructures.

Certaines communes, notamment en zones dites « détendues », étalent leur territoire sans croissance démographique notable. Ces pratiques freinent les efforts de densification urbaine et mettent en péril les corridors écologiques.

 

Artificialisation et consommation d’espaces : quelle différence ?

La consommation foncière et l’artificialisation ne sont pas synonymes. La première désigne la transformation d’espaces naturels en zones urbanisées, tandis que la seconde renvoie à l’altération durable des fonctions écologiques des sols (ex. : rétention d’eau ou stockage de carbone).

Actuellement, les politiques publiques se concentrent sur le suivi de la consommation d’ENAF.

Toutefois, à partir de 2031, des outils plus avancés permettront de mesurer précisément l’artificialisation.

 

Les risques d’une mauvaise gestion foncière

L’étalement urbain fragmente les milieux naturels et perturbe l’équilibre écologique. En détruisant les corridors écologiques, il empêche la circulation des espèces et isole les habitats. Ce phénomène affaiblit la biodiversité et rend certaines populations animales plus vulnérables.

En s’éloignant des centres urbains, les habitants deviennent plus dépendants de la voiture. Les trajets domicile-travail s’allongent, ce qui accentue les embouteillages et alourdit le bilan carbone des déplacements quotidiens.

L’extension urbaine entraîne des coûts importants pour les collectivités. Développer les infrastructures nécessaires, comme les routes et les réseaux d’eau, mobilise des ressources considérables et complique la mise en place d’une planification durable.

 

Les outils du Cerema pour mieux planifier

Face à ces enjeux, le Cerema offre plusieurs solutions aux collectivités :

  • UrbanSIMUL : un outil pour visualiser et évaluer les potentiels fonciers,
  • Cartofriches : un recensement des friches mobilisables pour de nouveaux projets,
  • UrbanVitaliz : un accompagnement pour le recyclage des friches.

Ces plateformes favorisent une gestion plus stratégique du foncier en limitant la pression sur les espaces naturels.

 


consommation foncière

Consulter les synthèses de la consommation foncière en France par le Cerema.


 

Le chemin vers le ZAN reste semé d’embûches. Si les efforts de densification urbaine progressent, ils ne suffisent pas encore à inverser la perte d’espaces naturels. Toutefois, les collectivités disposent désormais d’outils performants pour repenser leur gestion foncière.

Pour les acteurs du secteur et les décideurs publics, la priorité est de concilier développement économique et préservation des ressources naturelles. En gérant mieux leur foncier, ils peuvent transformer ce défi en opportunité pour un aménagement durable et responsable.

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