La consommation d’espace liée à l’habitat en Guadeloupe a connu une augmentation significative entre 2010 et 2019, avec une hausse de 16,0 %. Ce chiffre, bien au-dessus de la moyenne nationale de 7,6 %, souligne les défis particuliers que représente l’urbanisation sur cette île.
Alors que la population guadeloupéenne a diminué de 4,7 % sur la même période, le phénomène de décohabitation et l’augmentation des résidences secondaires ont largement contribué à cette expansion spatiale.
Une consommation d’espace en forte progression
Entre 2010 et 2019, ce sont 1 935 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers qui ont été consommés, soit 1,2 % du territoire de la Guadeloupe. Ce chiffre est particulièrement préoccupant dans le cadre de la loi « Climat et résilience » qui vise un objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) d’ici 2050.
La majeure partie de ces surfaces (82,7 %) a été dédiée au développement de l’habitat, avec une consommation moyenne d’espace par ménage supplémentaire de 1 630 m², contre 721 m² pour l’ensemble des départements français.
Facteurs contributifs à l’augmentation de l’artificialisation
L’une des principales causes de cette augmentation est la réduction de la taille moyenne des ménages, qui est passée de 2,5 personnes en 2010 à 2,2 en 2019. Ce phénomène, souvent appelé décohabitation, signifie qu’un plus grand nombre de ménages est nécessaire pour héberger une population en diminution, ce qui entraîne une augmentation du nombre de résidences principales. Cette réduction de la taille des ménages explique 69 % de la variation du nombre de logements.
De plus, les logements vacants et les résidences secondaires ont connu une croissance notable sur cette période, avec des augmentations respectives de 21,7 % et 75,8 %. Ces logements, bien qu’existants, ne répondent souvent plus aux besoins modernes (par exemple, 42 % des logements vacants n’offraient pas d’accès à l’eau ou à l’électricité en 2015). Cela a conduit à une demande accrue pour de nouveaux logements, accentuant ainsi la consommation d’espace.
Répartition géographique et impact des activités économiques
La consommation d’espace n’a pas été uniforme sur toute l’île. Certaines communes comme Le Gosier (+220 ha) et Deshaies (+150 ha) ont vu une augmentation disproportionnée de leur consommation d’espace. Ces communes, en plus d’être des zones touristiques clés, ont également vu une forte hausse du nombre de résidences secondaires.
L’activité économique joue également un rôle crucial dans cette dynamique. Des communes telles que Baie-Mahault et Petit-Bourg, qui bénéficient de l’attractivité du principal pôle économique de la Guadeloupe, ont enregistré une consommation d’espace particulièrement élevée.
Enjeux pour l’avenir et mesures réglementaires
La loi « Climat et résilience » de 2021 a fixé une trajectoire ambitieuse visant à réduire de moitié le rythme de consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici 2031. En Guadeloupe, la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) travaille avec les collectivités locales pour encourager la réutilisation des logements vacants et la redynamisation des centres-bourgs existants, plutôt que de favoriser l’étalement urbain.
Conclusion
La consommation d’espace en Guadeloupe représente un défi majeur pour l’avenir, en particulier dans le contexte des objectifs de sobriété foncière fixés par la loi « Climat et résilience ». Il est essentiel de continuer à sensibiliser les acteurs locaux et à mettre en œuvre des stratégies efficaces pour limiter l’artificialisation des sols, tout en répondant aux besoins en logement de la population.
Source : INSEE, rapport « Consommation d’espace en Guadeloupe » publié en juillet 2024.