Le rapport annuel 2024 de l’ARMOS Océan Indien offre un état des lieux du logement social à La Réunion. Face à une demande en hausse et à des livraisons en baisse, le secteur se trouve sous pression. Le rapport met en lumière les principaux défis et les perspectives pour les années à venir
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Un parc de logements sociaux sous pression
Le rapport 2024 de l’ARMOS Océan Indien dresse un tableau précis du parc locatif social à La Réunion. Au 1er janvier 2024, l’île comptait 83 150 logements sociaux, représentant environ 24 % des ménages réunionnais. Toutefois, la répartition du parc varie selon les territoires, avec des écarts marqués entre les intercommunalités : la CINOR dispose de 34 % de logements sociaux, tandis que le Grand Sud n’en compte que 17 %.
La construction de logements sociaux a ralenti ces dernières années. De 2020 à 2024, seulement 1 620 logements ont été livrés en moyenne par an, contre plus de 2 500 dans les périodes précédentes. La crise sanitaire a exacerbé cette situation, retardant de nombreux projets et entraînant une baisse significative des livraisons.
Une demande croissante pour un nombre réduit d’attributions
Le nombre de demandes de logements sociaux à La Réunion a connu une hausse spectaculaire. Fin 2023, plus de 44 600 dossiers étaient enregistrés, une augmentation de 61 % en huit ans. Cette pression est particulièrement forte dans les intercommunalités comme la CINOR, où le nombre de demandes a progressé de 17 % en 2023.
Malgré cette demande croissante, les attributions ont chuté. En 2023, moins de 5 600 logements ont été attribués, contre 8 764 en 2019, soit une baisse de 36 % en cinq ans. Ce ralentissement touche toutes les microrégions de l’île, avec des taux d’attribution historiquement bas, notamment à la CINOR et au TCO, où les chiffres atteignent respectivement 4,7 % et 4 %.
Perspectives : Un avenir incertain pour le logement social
Les prévisions pour 2024 sont inquiétantes. Bien que 2 000 logements neufs soient attendus, ce chiffre reste bien inférieur aux besoins estimés par l’INSEE, qui préconise la construction de 7 000 logements par an jusqu’en 2035 pour répondre à la demande. Pire encore, une baisse à 1 800 logements est prévue en 2025 en raison de l’augmentation des coûts de construction, estimés à 21 % en 2023.
Le rapport met également en lumière la fragilité du secteur du BTP, directement impacté par cette situation. Les bailleurs sociaux appellent à une mobilisation collective pour relancer la construction, tout en explorant des solutions alternatives comme l’utilisation de matériaux moins coûteux et des méthodes de construction plus rapides.
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Face à une demande qui ne cesse de croître et des attributions en baisse, La Réunion fait face à des défis majeurs en matière de logement social. Le rapport 2024 de l’ARMOS Océan Indien appelle à une action concertée entre les collectivités, les bailleurs sociaux et le secteur du BTP pour répondre aux besoins des Réunionnais et relancer la construction de logements sociaux sur l’île.