La rénovation énergétique des bâtiments scolaires est devenue une priorité pour les collectivités locales, dans le cadre de la transition écologique. Pour guider élus et techniciens, la Charte de la rénovation du bâti scolaire propose six dimensions clés à considérer pour réussir ces projets ambitieux. Voici un tour d’horizon des bonnes pratiques à suivre, selon la charte ÉduRénov.
—
1. Renforcer le rôle de la collectivité
L’une des premières étapes pour une rénovation réussie est de définir clairement le rôle des collectivités locales dans la gestion du projet. Les élus et techniciens doivent anticiper chaque étape, de la conception à la relocalisation des activités pendant les travaux. Il est crucial de mettre en place un suivi rigoureux du chantier, de choisir les bons partenaires (architectes, bureaux d’études, AMO) et de planifier les interventions de manière à minimiser les interruptions pour les élèves et enseignants.
Les collectivités doivent également explorer des options de financement innovantes, comme le tiers-financement ou les marchés globaux de performance (MGP), pour s’assurer de la viabilité financière à long terme du projet. La Banque des Territoires propose, à cet effet, des dispositifs de soutien adaptés aux collectivités.
2. Connaître l’état du bâti existant
Avant de démarrer un projet de rénovation, il est indispensable de diagnostiquer l’état actuel des bâtiments. Cela inclut des audits techniques pour vérifier les performances énergétiques (DPE), la qualité de l’air intérieur, la structure du bâtiment, ainsi que la conformité avec les normes de sécurité et de santé (amiante, accessibilité PMR, etc.).
En outre, les collectivités doivent suivre les réglementations en matière de qualité de l’air intérieur et de légionellose, ainsi que les obligations liées au décret tertiaire et à la gestion des déchets issus des rénovations (diagnostic PEMD). La mise en place d’outils numériques pour stocker et mettre à jour les données du bâtiment est également recommandée pour faciliter le suivi des travaux et la maintenance future.
3. Améliorer la performance énergétique et environnementale
L’objectif central de la rénovation est d’améliorer la performance énergétique des établissements scolaires, en visant des normes strictes comme la neutralité carbone à l’horizon 2050. La charte encourage l’utilisation de matériaux durables et à faible émission de carbone, et recommande l’installation d’énergies renouvelables telles que des panneaux solaires ou la géothermie.
Le respect des réglementations thermiques (RT), y compris le décret tertiaire, est essentiel pour atteindre ces objectifs. Par ailleurs, la charte met en avant l’importance de certifications environnementales comme HQE ou BBC Effinergie rénovation, qui permettent de garantir la durabilité du projet.
4. Adapter les bâtiments au changement climatique
Avec le changement climatique, il est essentiel de prévoir des bâtiments résilients et adaptés aux conditions futures. Cela peut inclure la végétalisation des cours et des toitures, la gestion des inondations, la surventilation nocturne, et la création d’espaces d’ombrage pour lutter contre les îlots de chaleur. La charte met également en avant l’importance de protéger les bâtiments contre des phénomènes climatiques comme les vents violents et les inondations.
Pour les territoires d’outre-mer, des recommandations spécifiques sont faites pour tenir compte des risques sismiques et des particularités climatiques locales, en suivant les plans de sécurité adaptés (comme les plans séismes pour la Guadeloupe ou la Martinique).
5. Optimiser le confort et la qualité des espaces
La rénovation énergétique ne concerne pas seulement les économies d’énergie, mais aussi le bien-être des usagers. La charte insiste sur l’importance d’assurer un confort thermique, acoustique et visuel dans les écoles. Il s’agit aussi de garantir la qualité de l’air intérieur, avec des systèmes de ventilation adaptés et le suivi des polluants.
Les espaces extérieurs et intérieurs doivent être conçus pour offrir un environnement sain et agréable aux élèves et au personnel. La charte encourage également à intégrer des innovations pédagogiques, comme la création de potagers ou d’espaces d’apprentissage en plein air, pour enrichir l’expérience éducative.
6. Garantir la qualité d’usage à long terme
Enfin, pour garantir la durabilité des bâtiments scolaires rénovés, il est essentiel d’impliquer la communauté éducative dans le projet. Élèves, enseignants et personnel doivent être associés aux décisions pour que les rénovations répondent aux besoins réels des usagers. Cette concertation permet de mieux comprendre les attentes et d’adapter les espaces aux usages actuels et futurs.
La charte recommande également la mise en place d’un plan de sobriété énergétique, impliquant les usagers dans la réduction des consommations d’énergie (éclairage, chauffage, etc.). Un suivi régulier de la performance énergétique et de la maintenance des bâtiments (via des carnets d’entretien) permettra de s’assurer que les gains environnementaux se maintiennent sur le long terme.
—
La Charte de la rénovation du bâti scolaire d’ÉduRénov fournit un cadre complet pour mener à bien les projets de rénovation énergétique dans les établissements scolaires. En suivant ces six dimensions, les collectivités locales peuvent garantir non seulement des bâtiments plus performants sur le plan énergétique, mais aussi des espaces plus confortables, durables et adaptés aux défis climatiques de demain.