Logement social en Guadeloupe : défis, enjeux et perspectives pour 2024

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    Le logement social en Guadeloupe est un enjeu crucial pour l’aménagement du territoire et la qualité de vie de la population. Près de 22% des Guadeloupéens vivent dans des logements sociaux, gérés par les membres de l’ARMOS (Association Régionale des Maîtres d’Ouvrages Sociaux). Ces cinq organismes (SIG, SEMSAMAR, SIKOA, SEMAG, SPHLM) regroupent plus de 39 000 logements sociaux sur l’archipel et jouent un rôle central dans la lutte contre la précarité et la promotion d’une société plus équitable.

    Une baisse inquiétante de la production de logements neufs

    La production de logements sociaux en Guadeloupe est en nette diminution depuis plusieurs années. En 2023, seulement 253 agréments ont été accordés pour la construction de nouveaux logements, contre plus de 1 400 en 2014. Cette baisse est en grande partie due à la hausse des coûts des matériaux de construction et des transports, exacerbée par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine. Le secteur du bâtiment est durement touché, les entreprises locales peinant à répondre aux appels d’offres en raison de l’explosion des prix et des contraintes réglementaires.

    Par ailleurs, la raréfaction des financements publics, notamment de la Ligne Budgétaire Unique (LBU), rend difficile la réalisation de projets. Ce phénomène est amplifié par la réallocation de crédits vers d’autres territoires ultramarins comme la Guyane et Mayotte, qui doivent faire face à des besoins encore plus pressants. Les bailleurs sociaux de Guadeloupe plaident pour une gestion plus équitable de ces ressources afin de répondre aux besoins spécifiques de chaque territoire.

    Réhabilitation du parc existant : un enjeu majeur

    En réponse à la baisse de la production de logements neufs, l’ARMOS concentre désormais ses efforts sur la réhabilitation du parc existant. Environ 7 000 logements sont concernés par des travaux de confortement parasismique et d’amélioration des performances énergétiques. L’objectif est de rendre ces logements plus sûrs et plus économes en énergie, tout en réduisant les charges pour les locataires, souvent en situation de précarité.

    Cette politique de réhabilitation s’inscrit dans le cadre de la revitalisation des centres-villes et des centres-bourgs, promue par l’État et Action Logement. Des projets tels que la Rénovation Urbaine de Cap Excellence (RUCAP) visent à moderniser les quartiers anciens tout en assurant un relogement décent aux habitants.

    Les freins administratifs et financiers

    Le secteur du logement social en Guadeloupe est confronté à de nombreux obstacles administratifs et financiers. Les délais d’instruction des dossiers et d’obtention des permis de construire sont souvent longs, retardant la mise en œuvre des projets. De plus, les contraintes normatives liées aux risques naturels (sismiques, volcaniques, inondations) augmentent significativement les coûts des constructions, en particulier dans les zones sensibles de l’archipel.

    Afin de pallier ces difficultés, l’ARMOS propose plusieurs solutions, telles que la mise en place de dérogations temporaires pour l’installation de stations d’épuration autonomes, en attendant l’extension des réseaux d’assainissement. Une meilleure coordination avec les concessionnaires pour les raccordements en eau, électricité et internet est également souhaitée pour accélérer les projets.

    Une offre à adapter aux évolutions démographiques

    L’un des défis majeurs auxquels l’ARMOS doit faire face est l’adaptation de l’offre de logements aux évolutions démographiques. La Guadeloupe connaît un vieillissement accéléré de sa population, avec une part croissante de locataires seniors. D’ici 2050, près de la moitié de la population pourrait être constituée de personnes âgées. Il devient donc essentiel de développer des logements adaptés aux besoins des personnes en perte d’autonomie, tout en continuant à proposer des solutions pour les jeunes actifs et les familles monoparentales.

    Transition écologique : un impératif

    La transition écologique est un autre enjeu incontournable pour l’ARMOS et ses adhérents. La décarbonation du secteur de la construction et la mise en place de modes constructifs durables sont des priorités. L’association travaille également à obtenir le marquage RUP (Régions Ultra-Périphériques), qui pourrait permettre de substituer le marquage CE et ainsi mieux adapter les produits et techniques de construction aux spécificités des territoires ultramarins.

    Face à une conjoncture économique difficile et des défis structurels importants, l’ARMOS Guadeloupe doit continuer à innover pour répondre aux besoins en logements sociaux. La réhabilitation du parc existant, la diversification de l’offre et l’accent mis sur la durabilité environnementale sont autant de pistes pour améliorer la qualité de vie des Guadeloupéens. Néanmoins, ces efforts doivent être soutenus par une augmentation des financements publics et une simplification des procédures administratives afin de permettre un développement harmonieux et équitable du territoire.

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