Touristriel : un regard nouveau sur les sites industriels

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    Le site de Saint-Pierre a fait le plein.

    Des paysages lunaires, du métal en fusion. On pourrait s’y croire. Lors des Journées européennes du patrimoine, les sites industriels du territoire ont accueilli les curieux. Ils ont pu découvrir avec enthousiasme les dessous du décor. Les sites industriels n’ont pas l’intention de s’arrêter là. Avec le label Touristriel, c’est toute l’année que les curieux pourront visiter.

    Lors des journées européennes du patrimoine, les vieilles pierres de la Martinique étaient à l’honneur. Les forts ou les anciennes habitations avaient ouvert grand leurs portes pour un week-end de découvertes, les 21 et 22 septembre. Mais pas que, l’industrie martiniquaise a joué le jeu et s’est transformé en musée à ciel ouvert. Seulement, les sites industriels locaux n’ont pas attendu les Journées européennes du patrimoine pour dévoiler sa face cachée. Depuis quelques années, le Touristriel séduit de plus en plus de visiteurs. Ce label a vu le jour en Martinique à l’initiative de Stéphane Abramovici, vice-président de l’AMPI (Association martiniquaise pour la promotion de l’industrie) et dirigeant des sablières de fond Canonville. Il raconte la genèse du projet : « Nous avons créé ce concept au niveau des activités que je gère qui sont carrière et recyclage. Nous avons une charte graphique, un déroulé des visites grandeur nature. »

    Mettre à bas les clichés

    Depuis plusieurs années déjà, des visites étaient organisées dans les carrières de Saint-Pierre. Ces visites sont un outil qui permet de briser les poncifs sur les carrières. « Dans le cadre de renouvellement d’autorisation et des enquêtes publiques, nous avons beaucoup de remontées sur la carrière en termes d’impact. Il s’agit d’éléments qui ne sont pas fondés », explique Stéphane Abramovici.

    L’effet waouh est garanti.

    Le site s’ouvre donc régulièrement aux visiteurs. Centrales nucléaires, incinérateurs, le Touristriel, également connu sous le nom de tourisme de savoir-faire, est une tendance en plein boom dans l’Hexagone. « Il y a quasiment 2000 entreprises qui se font visiter dans le cadre des Journées du patrimoine mais même en dehors. »

    A l’échelle de la Martinique, l’objectif était d’adapter le concept. « Nous avons formalisé ce que nous faisions de manière informelle. » Les acteurs du Touristriel en Martinique ont vu les choses avec ambition. Ils ont fait appel à une agence de communication afin de mieux définir les contours de ce qu’est le tourisme industriel. Une plateforme permet de réserver les visites. « Une fois, le dispositif rodé, il paraissait tout à fait normal que l’AMPI porte ce projet. » Les sites industriels liés au BTP sont mis à l’honneur mais pas uniquement. On peut compter les activités liées à l’énergie, à la chimie, à l’agroalimentaire.

    Les sites industriels ont fait le plein

    Pour une quinzaine de sites industriels locaux, les Journées européennes du patrimoine étaient le coup d’envoi grandeur nature et de mise en valeur du label Touristriel. La plupart des sites sont classés ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement). Ils ne peuvent accueillir qu’un petit groupe de visiteurs à la fois. « La plupart des sites qui ont été proposés en termes de visite ont fait le plein », affirme Stéphane Abramovici.

    La carrière offre un paysage quasi lunaire.

    « Ces visites permettent d’éviter les a priori négatifs. On ne voit souvent que la partie émergée de l’iceberg : le bruit, la poussière, le trafic camion », confie  Stéphane Abramovici. Mais lors des visites des sablières de fond Canonville, la vie d’une carrière y est décortiquée. Tout y passe : la genèse des carrières, les évolutions des process, les obligations de remise en état.  En termes de carrière, la législation a beaucoup évolué. « Les pratiques d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que celles d’il y a quarante ans. »

    « Il ne s’agit pas de prendre des matériaux et de les mettre tout simplement dans les camions », indique Stéphane Abramovici. C’est un domaine qui requiert des compétences pointues : électrotechnique, informatique, conduite d’engins. Et la pédagogie fait mouche. « Les gens repartent avec une meilleure image que celle qu’ils avaient avant d’arriver sur site », raconte Stéphane Abramovici. Ce n’est pas le seul avantage à ouvrir ses portes au public, particulièrement aux scolaires qui eux découvrent des métiers. « Il y a une palette de métiers au sein de notre industrie. Ces visites permettent de se faire connaître. On est dans un bassin nord Caraïbes où il n’y a pas beaucoup d’activité. »

    Des visites tout au long de l’année

    Contrairement aux journées européennes du patrimoine, les Touristriels ont lieu toute l’année au rythme d’une à deux visites par mois. « Ces visites sont assez chronophages », lance Stéphane Abramovici. Elles étaient effectuées par le personnel du site. Se pose alors la question de professionnaliser les visites. Le dirigeant  compte faire appel à une entreprise spécialisée dans la visite de site industriel.

    Les plus jeunes ont pu monter dans les engins.

    Il n’a pas été difficile de convaincre les grandes entreprises industrielles de rejoindre les rangs de Touristriel. « Ce sont des entreprises structurées comme la Sara, EDF. Elles ont une maturité qui leur permette d’organiser ces visites. Il y a un vrai engouement pour les dirigeants de faire visiter leur activité. » Un engouement qui est réciproque selon Stéphane Abramovici. Il explique que quand les visiteurs arrivent sur site, il y a un effet « waouh ». La taille de la carrière, le gigantisme des engins utilisés contribuent à couper le souffle des visiteurs.

    Laurianne Nomel

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