Réutilisation des eaux usées : une ressource encore trop peu exploitée

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Réutilisation eaux usées traitées

Face à la raréfaction des ressources en eau et aux tensions croissantes sur leur usage, la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) se positionne comme une solution stratégique. Pourtant, en 2020, moins de 1 % des eaux usées traitées étaient valorisées en France, soit seulement 8 millions de mètres cubes. Pour accompagner les collectivités et les acteurs du territoire dans l’intégration de cette pratique, le Cerema a publié « Eaux usées traitées. Une ressource à valoriser » qui en détaille les enjeux, les opportunités et les points clés à considérer.

Une solution d’avenir pour la gestion de l’eau

La REUT consiste à valoriser les eaux usées après traitement en station d’épuration pour divers usages :

  • Irrigation agricole (42 % des projets de REUT en 2022) ;
  • Arrosage des espaces verts et nettoyage urbain (39 %) ;
  • Usages industriels (15 %), comme dans la zone portuaire de Dunkerque ;
  • Hydrocurage et usages urbains, encore en développement.

L’objectif est clair : limiter le recours à l’eau potable pour des usages qui ne l’exigent pas, tout en réduisant les prélèvements dans les nappes phréatiques. Le Plan Eau, lancé en 2023 par l’Etat, fixe ainsi un objectif de réduction de 10 % des prélèvements d’ici 2030.

 

Lever les freins au déploiement de la REUT

Si les avantages sont nombreux, plusieurs obstacles doivent être surmontés pour favoriser son adoption :

  • Cadre réglementaire évolutif : Les récentes modifications législatives (décrets et arrêtés de 2023) facilitent l’instruction des projets, mais imposent des exigences sanitaires strictes.
  • Coûts d’investissement et de fonctionnement : La mise en place de la REUT requiert des infrastructures spécifiques (traitement complémentaire, stockage, distribution). Toutefois, les aides publiques peuvent financer jusqu’à 80 % des études de faisabilité.
  • Acceptabilité sociale : La perception du public reste un enjeu central. L’effet « beurk », notamment en agriculture, nécessite une communication efficace basée sur des exemples concrets et réussis.
  • Impacts environnementaux à considérer : Une bonne gestion doit concilier les besoins en eau avec la préservation des milieux naturels, notamment lors des épisodes de sécheresse.

 

Une gouvernance adaptée pour des projets viables

Le document de référence du Cerema insiste sur la nécessité de structurer les projets REUT autour d’une gouvernance collective impliquant les collectivités, exploitants, agriculteurs et acteurs économiques.

Un exemple inspirant : Royan Atlantique Ce projet ambitionne de réutiliser 70 % des eaux usées traitées pour des usages agricoles et urbains, avec une première phase de 100 000 mètres cubes et une extension prévue à 4 millions de mètres cubes. Son succès repose sur une forte mobilisation des acteurs locaux et un partage clair des coûts.

 

Vers une adoption plus large de la REUT

Avec un potentiel largement sous-exploité, la réutilisation des eaux usées traitées constitue une réponse pertinente aux défis de la gestion de l’eau. L’accompagnement technique du Cerema, les évolutions réglementaires et le retour d’expérience de projets pionniers devraient favoriser son essor dans les années à venir.

La REUT s’inscrit ainsi comme une solution d’avenir pour des territoires plus résilients face aux crises hydriques.

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