Dans les territoires d’Outre-mer, la chaleur n’est pas une option saisonnière. C’est une donnée permanente, qui façonne la vie quotidienne, l’urbanisme et les usages professionnels. Dans les bâtiments tertiaires – bureaux, hôpitaux, centres commerciaux ou administrations – la climatisation est indispensable, mais elle reste souvent le parent pauvre de la performance énergétique.
Des installations vieillissantes, des technologies gourmandes en électricité, peu compatibles avec les objectifs climatiques actuels. L’ADEME répond aujourd’hui à ce défi en proposant un dispositif sur mesure, taillé pour les réalités ultramarines.
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Un levier pour rénover intelligemment
Depuis le 1er avril 2025, un nouvel appel à projets de l’ADEME est ouvert aux maîtres d’ouvrage publics et privés du secteur tertiaire situés dans les régions d’Outre-mer. L’objectif est d’accélérer la rénovation des bâtiments de plus de 1 000 m² en y intégrant des systèmes de production de froid à haute efficacité énergétique. Et pas n’importe lesquels : des dispositifs couplés aux énergies renouvelables, en particulier le solaire.
Pourquoi un tel ciblage ? Parce que ces bâtiments, par leur surface et leur usage, représentent des gisements de consommation majeurs. Et parce qu’ils offrent, en même temps, un potentiel technique fort pour accueillir des installations modernes, plus sobres, plus propres, mieux adaptées aux enjeux climatiques des territoires.
Ce que l’ADEME finance
Le dispositif couvre deux types d’intervention. D’une part, les études de faisabilité : il s’agit de mieux dimensionner les futurs systèmes, de poser un diagnostic technique approfondi, de planifier les étapes de la rénovation. D’autre part, les investissements eux-mêmes, c’est-à-dire la mise en place de systèmes de climatisation innovants, à très haute efficacité énergétique.
Concrètement, cela peut inclure :
- Des systèmes à condensation à eau, parfois à air selon les cas,
- Des climatiseurs à compression mécanique alimentés en partie par du solaire photovoltaïque,
- Des systèmes à adsorption ou absorption fonctionnant à partir de chaleur solaire,
- L’ensemble des équipements et frais liés à leur mise en œuvre.
En somme, l’Aide porte sur des solutions robustes, déjà disponibles mais encore peu déployées dans les DOM-COM.
Qui peut en profiter ?
Tous les bâtiments tertiaires publics ou privés de plus de 1 000 m² sont concernés, à condition qu’il s’agisse d’opérations de rénovation – pas de construction neuve. Cela inclut donc les collectivités, les hôpitaux, les lycées, les sièges d’entreprise, les zones commerciales ou encore les universités.
Les territoires concernés : la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, La Réunion, Mayotte, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie.
Un point important : le projet ne doit pas avoir commencé avant le dépôt du dossier. Aucun devis accepté, aucun matériel commandé. L’ADEME insiste sur ce point.
Une procédure cadrée mais accessible
Pour bénéficier de l’aide, il faut tout d’abord contacter la direction régionale de l’ADEME compétente. Ce premier échange permet de valider l’éligibilité du projet, mais aussi de recevoir un appui technique utile pour construire un dossier solide.
Ensuite, la demande se fait via la plateforme Agir pour la transition. Il faut créer un compte, remplir le formulaire en ligne, joindre les documents techniques et administratifs requis (statuts, RIB, descriptif du projet, etc.).
Les guides de dépôt et de catégorisation des dépenses sont disponibles en ligne pour aider les porteurs à préparer leur dossier dans les règles.
L’appel à projets est ouvert jusqu’au 15 octobre 2025.
Structurer une filière, amorcer un marché
Au-delà de l’aide financière, le dispositif vise à structurer une filière locale du froid renouvelable. En incitant les acteurs à adopter des technologies plus sobres, en soutenant l’apparition de prestataires locaux spécialisés, l’ADEME cherche à générer une dynamique durable.
Car le froid est une fonction vitale dans les territoires ultramarins. Et le transformer en levier de transition énergétique, c’est ouvrir la voie à des bâtiments plus confortables, plus résilients, plus autonomes énergétiquement.
Ce dispositif n’est pas qu’une subvention. C’est un signal clair : le temps de la climatisation bas carbone est venu, et les Outre-mer ont tout pour en être les pionniers.