Construction durable : Cette entreprise française convertit les déchets en granulats pour le BTP !

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néolithe
Source : Youtube/Le Parisien

Créée en 2019, Néolithe propose une approche inédite pour gérer les déchets. Leur idée ? Fossiliser les déchets pour les transformer en granulats minéraux utilisables dans le BTP. Cette solution vient remplacer les méthodes classiques comme l’enfouissement et l’incinération, limitant ainsi les émissions de CO₂ et produisant des matériaux pour la construction. Comment fonctionne cette technologie et quel est son impact pour le BTP ?

Néolithe : Une vision écologique pour le secteur des déchets

L’idée de fossilisation est née d’une observation inspirante du cofondateur William Cruaud, tailleur de pierre en Anjou. En constatant que la fossilisation naturelle transforme des matières organiques en pierre au fil des millénaires, il a imaginé un procédé permettant de reproduire cette transformation en quelques heures seulement pour des déchets modernes. Avec ses deux associés, Néolithe a ainsi développé une technologie capable de traiter jusqu’à 10 000 tonnes de déchets par an par unité, alliant réduction de l’empreinte carbone et valorisation des déchets en matériaux de construction.

Le procédé de fossilisation des déchets : une innovation technologique

La fossilisation repose sur un procédé en trois étapes, conçues pour maximiser l’efficacité et la stabilité des granulats produits.

Néolithe

1. Broyage : vers une farine de déchets

Dans un premier temps, les déchets non recyclables (plastiques, textiles, papier souillé, bois, etc.) sont broyés pour être réduits en une poudre ultra-fine appelée « farine de déchets ». Ce processus de micronisation réduit les particules à une taille de moins de 500 microns, ce qui augmente leur surface de contact pour favoriser la réaction suivante.

2. Liaison : une réaction chimique sans énergie thermique

La farine de déchets est ensuite mélangée avec un liant minéral développé par Néolithe. Ce liant est « la sauce secrète » de l’entreprise, permettant une réaction chimique dite « à froid », c’est-à-dire sans apport d’énergie thermique. Cette étape de liaison est cruciale : elle stabilise les éléments chimiques des déchets tout en transformant la farine en une pâte minérale malléable. Ce procédé consomme peu d’énergie, car il s’effectue à température ambiante, limitant ainsi les émissions de CO₂ par rapport à d’autres procédés énergivores.

3. Pressage : une transformation en granulats de construction

La pâte obtenue est ensuite pressée sous haute pression pour former des granulats de construction, que Néolithe appelle « anthropocite ». Ce matériau innovant est composé de 80 % de déchets et de 20 % de liant minéral, avec une résistance et une durabilité équivalentes à celles des granulats naturels utilisés dans le BTP. Les granulats reposent ensuite une semaine pour durcir, et sont prêts à être utilisés dans des projets de construction divers, depuis les routes jusqu’au béton.

Un procédé aux multiples avantages écologiques

Ce procédé réduit considérablement les émissions de CO₂ par rapport aux solutions d’enfouissement et d’incinération.

Contrairement à l’incinération, la fossilisation ne libère pas de carbone fossile dans l’atmosphère. Mieux encore, elle agit comme un puits de carbone en piégeant le carbone organique des déchets dans les granulats, le fixant de manière stable pour des milliers d’années.

En traitant les déchets de manière écologique, Néolithe limite les fuites de méthane (un gaz à effet de serre puissant) et participe ainsi activement à la lutte contre le réchauffement climatique.

Un produit adapté aux besoins du BTP : l’anthropocite

Le produit final, l’anthropocite, est conçu pour répondre aux besoins du BTP en France et, potentiellement, à l’international. Ces granulats, semblables aux graviers naturels, constituent la ressource de base pour des applications en béton et en infrastructures routières.

Les caractéristiques de l’anthropocite

L’anthropocite se distingue par sa solidité et sa durabilité, des qualités indispensables dans le secteur du BTP. Néolithe a d’ailleurs mené plusieurs tests en laboratoire pour s’assurer que ses granulats remplissent les normes de sécurité et de résistance des matériaux de construction.

Résistants aux intempéries et aux charges, ces granulats offrent des performances mécaniques qui les rendent parfaitement adaptés pour remplacer une partie des granulats naturels dans les bétons. L’utilisation de l’anthropocite permet donc de réduire la demande de granulats de carrière, un avantage pour la préservation des ressources naturelles.

Une application immédiate dans les infrastructures

Utilisable dès aujourd’hui dans des projets comme les routes et certains bétons, l’anthropocite est un matériau qui s’insère facilement dans les chaînes d’approvisionnement et les méthodes de construction actuelles.

Par exemple, il peut remplacer les granulats dans le béton, formant ainsi des ouvrages solides tout en ayant un impact environnemental réduit. Le secteur du BTP français consomme environ 450 millions de tonnes de granulats par an ; un substitut comme l’anthropocite représente donc une alternative durable pour ce secteur, notamment dans la production de bétons pour des applications non structurelles.

Un modèle d’expansion ambitieux : vers un impact mondial

Néolithe développe un modèle de déploiement de fossilisateurs directement sur les sites de collecte et de tri des déchets. Une unité peut traiter jusqu’à 10 000 tonnes de déchets par an, fournissant des matériaux aux acteurs locaux du BTP tout en offrant une solution de gestion sur place. L’entreprise envisage d’atteindre une capacité de traitement de 2 millions de tonnes d’ici 2027, ciblant ainsi une réduction de près de 7 % des émissions de CO₂ en France.

À long terme, l’entreprise projette d’étendre sa technologie dans d’autres régions d’Europe et d’Asie, dont le Japon, où les coûts d’enfouissement et d’incinération sont élevés. Ce marché en forte demande pourrait ainsi bénéficier de cette innovation française.

Avec la fossilisation, Néolithe répond aux défis de la gestion des déchets et de la transition écologique dans le BTP. Cette solution durable, qui dépasse l’enfouissement et l’incinération, crée un modèle circulaire où les déchets deviennent des matériaux de construction. Cette technologie prometteuse pourrait jouer un rôle de premier plan pour limiter l’empreinte carbone en France et ailleurs, et pourrait même s’étendre aux régions d’Outre-mer, où les enjeux de gestion des déchets sont également cruciaux.

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