« Renforcer les connexions aériennes, maritimes et numériques permettrait de réduire les disparités territoriales tout en favorisant le développement économique, social et technologique des Outre-mer, pour leur permettre de mieux s’intégrer dans leur environnement régional et de saisir les opportunités liées à leur position géographique stratégique. »
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a adopté en séance plénière, le 22 octobre 2024 à 14h30, son avis intitulé « Mieux connecter les Outre-mer ». Ce rapport a été présenté par Daniel Dubrac et Pierre Marie-Joseph au nom de la délégation des Outre-mer présidée par Éric Leung, recueillant 115 voix pour et 17 abstentions. L’objectif : dépasser une vision strictement sectorielle des connexions dans les territoires ultramarins et harmoniser leur développement économique avec celui de l’Hexagone. Cet avis propose des préconisations concrètes pour transformer la relation entre la France et ses territoires d’Outre-mer à travers des infrastructures aériennes, maritimes et numériques modernes et durables.
1. Une réponse aux fractures économiques des Outre-mer
Les récentes mobilisations en Outre-mer illustrent une fracture persistante entre ces territoires et la France métropolitaine. Les tensions sont alimentées par des difficultés économiques qui impactent fortement les populations locales. Le CESE, à travers cet avis, estime que le développement des connexions peut renforcer les liens avec l’Hexagone, notamment en garantissant l’accès aux services publics et une solidarité nationale renouvelée. L’objectif est aussi d’émanciper les Outre-mer en leur permettant de s’inscrire pleinement dans leur espace régional.
2. Des infrastructures déjà performantes, mais sous-utilisées
Malgré ces tensions, les territoires ultramarins bénéficient d’infrastructures portuaires, aériennes et numériques de qualité, conformes aux standards internationaux. Cependant, ces infrastructures sont parfois sous-exploitées ou déconnectées des besoins réels des territoires environnants. Le CESE estime qu’elles constituent un avantage comparatif majeur pour le développement économique local, en particulier pour le commerce et l’accès direct aux marchés nationaux et européens. Il est donc crucial de leur donner les moyens réglementaires et financiers pour optimiser ces ressources stratégiques.
3. Renforcer la continuité territoriale : un impératif de justice sociale
Le premier axe stratégique de l’avis concerne l’amélioration de la continuité territoriale, un dispositif qui vise à réduire les écarts entre l’Hexagone et les Outre-mer. Le CESE préconise un renforcement significatif des crédits alloués à LADOM pour l’aide à la continuité territoriale des « publics prioritaires ». Il appelle aussi à définir juridiquement un « droit à la continuité territoriale », similaire à celui appliqué pour la Corse, afin de garantir un cadre législatif solide. Cette mesure devrait permettre de maintenir un accès équitable aux transports pour les passagers et les marchandises, en veillant à la péréquation tarifaire des compagnies aériennes et maritimes.
4. Développer une économie maritime durable et connectée
L’avis souligne également l’importance de moderniser la desserte maritime pour qu’elle réponde aux enjeux économiques et environnementaux actuels. Le CESE appelle au développement de filières de services portuaires, notamment dans les domaines de la réparation navale et de la logistique, tout en veillant à ce que ces activités soient intégrées aux transitions énergétiques. Les ports ultramarins devraient ainsi être équipés d’infrastructures alimentées par des sources d’énergie propre (photovoltaïque, éolien, géothermie) pour réduire leur empreinte écologique.
5. Exploiter pleinement le potentiel numérique des Outre-mer
Enfin, le développement du numérique est au cœur des recommandations du CESE. Grâce à leur position géographique sur les câbles sous-marins, les territoires ultramarins peuvent devenir des hubs numériques de premier plan. Le CESE propose de développer des centres de données et des infrastructures sécurisées, tout en s’assurant que ces installations reposent sur des sources d’énergie renouvelable pour limiter leur impact environnemental. Ces infrastructures numériques permettront de renforcer l’autonomie stratégique des Outre-mer et de développer une économie numérique durable.