« Soutenir l’innovation ultramarine, c’est renforcer la compétitivité locale, nationale et internationale »
Thara Govindin
Nous l’avons rencontrée alors qu’elle participait en tant que membre du jury au Prix de l’Innovation en Outre-mer, une initiative mettant à l’honneur des projets à fort impact social, économique ou environnemental. Présidente du MEDEF Guyane, du Comité Territorial d’Action Logement en Guyane et de la SIFAG, c’est avec sa casquette de co-présidente du Comité des Outre-mer au MEDEF que Thara GOVINDIN partage avec nous sa vision et son ambition pour ces territoires aux multiples potentiels…
L’innovation est souvent présentée comme un levier clé pour le développement économique. Quelle place occupe-t-elle réellement dans les Outre-mer ?
Thara Govindin : Les Outre-mer font face à des contraintes structurelles fortes – insularité, éloignement, coût des matières premières – qui exigent de l’adaptabilité et de la créativité. Mais loin d’être en retard, nous sommes des pionniers sur des sujets cruciaux : économie circulaire, aménagement du territoire, construction, énergies renouvelables, etc…

Nos entreprises ne cessent de réinventer des modèles économiques résilients et duplicables. C’est cette intelligence ancrée dans la diversité et l’adaptation qui fait la force de nos territoires, ce dynamisme est une richesse qu’il faut encourager et structurer pour faire des Outre-mer des moteurs d’innovation à part entière.
Vous avez récemment participé à un événement mettant en avant des porteurs de projets ultramarins. Qu’est-ce qui vous a marquée ?
T.G. : Avant tout, l’audace et la détermination des porteurs de projet. Ils ne se contentent pas d’innover pour répondre à leurs besoins locaux ; ils créent des solutions qui ont une portée bien au-delà de nos territoires. Beaucoup de ces projets sont duplicables à l’échelle nationale et internationale.
Un autre point essentiel, nos territoires sont des démonstrateurs d’avenir. Ce que nous développons ici peut servir de modèle pour d’autres régions du monde confrontées à des défis similaires. En Guyane, par exemple, nous sommes à la croisée de plusieurs dynamiques – Brésil, Suriname, Guyana, Caraïbes – nous avons une carte à jouer sur la scène internationale.
« Nos territoires ne doivent pas être perçus comme des défis à relever, mais comme des opportunités à saisir pour construire le futur. »
En quoi est-il crucial de soutenir ces innovations ultramarines ?
T.G. : Soutenir l’innovation, c’est d’abord renforcer notre compétitivité. Mais c’est aussi changer le regard porté sur nos territoires. Trop souvent, les Outre-mer sont perçus comme des espaces à soutenir, alors que nous avons un potentiel considérable. Nos entreprises développent des solutions de pointe.
Il faut maintenant leur donner les moyens de se structurer et de grandir. Cela passe par un meilleur accès aux financements, un cadre réglementaire plus adapté et une meilleure intégration de nos initiatives dans les politiques nationales et européennes. L’innovation ultramarine doit être reconnue comme une richesse pour l’ensemble du pays.
Un dernier mot pour conclure ?
T.G. : Oui, je voudrais insister sur une chose essentielle : les Outre-mer sont des terres d’avenir. Nous ne devons plus les voir comme des défis à relever, mais comme des opportunités à saisir, des solutions pour construire le futur.
Nos territoires regorgent de talents et d’idées. Il est temps de les considérer comme des moteurs de croissance et d’innovation pour la France et au-delà.
L’enjeu est là : transformer notre potentiel en véritable levier stratégique dans un monde en pleine mutation.
Je vous résume en une phrase : Soutenir l’innovation ultramarine, c’est renforcer la compétitivité nationale, européenne et internationale.
Propos recueillis par Philippe Pied