La construction de logements sociaux en Martinique connaît une forte augmentation des coûts de construction. Selon la dernière étude réalisée par la CERC Martinique (voir plus bas), le prix de revient prévisionnel (PRP) a connu une importante augmentation de 17,34% entre 2020 et 2024, passant de 2 073€/m² à 2 433€/m². Cette hausse s’explique par plusieurs facteurs, notamment l’augmentation des prix des matériaux de construction, des charges foncières, et des honoraires. Ce phénomène soulève des préoccupations importantes quant à l’avenir de la construction de logements sociaux sur l’île, à un moment où la demande de logements abordables est en forte croissance.
1. La mission de la CERC et les enjeux de l’étude
Créée en 2018, la CERC Martinique fait partie d’un réseau national de cellules indépendantes dont l’objectif est de fournir des données économiques et des analyses dans le secteur de la construction. Ces informations visent à éclairer les décideurs et les acteurs du BTP sur les tendances et les évolutions économiques, afin de faciliter la prise de décisions stratégiques. Elle Martinique joue ainsi un rôle crucial dans l’évaluation des coûts de construction des logements sociaux sur l’île, en tenant compte des spécificités locales, notamment le décalage entre les indices locaux et nationaux.
L’étude dont nous parlons aujourd’hui est une mise à jour de son étude sur les coûts de construction des logements sociaux en réponse à l’augmentation des prix due à divers événements tels que la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, et les évolutions réglementaires. Cette mise à jour permet de mieux comprendre l’impact de ces événements sur le secteur du BTP et les perspectives de construction de logements abordables en Martinique.
2. Les principales causes de l’augmentation des coûts de construction
Le coût du gros-œuvre
L’un des enseignements majeurs de l’étude est l’augmentation de 14,36% du coût du gros-œuvre, qui représente une part significative du coût total de construction. Le prix du béton, de l’acier pour béton, et des coffrages a augmenté en raison de la hausse des prix des matières premières, aggravée par des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Par exemple, le prix de l’acier pour béton a connu une hausse de 25%, tandis que le béton préfabriqué et le béton prêt à l’emploi ont respectivement augmenté de 11,44% et 14,38%. Ces augmentations impactent directement le coût global des projets de construction.
Le second-œuvre
Le second-œuvre, qui inclut des éléments comme la plomberie, l’électricité, les revêtements, et la menuiserie, a connu une augmentation de 20,16%. Les hausses les plus marquantes concernent les menuiseries extérieures, qui ont augmenté de 22,75%, ainsi que les revêtements de sol et de murs (+25,13%). Ces éléments, bien qu’ils représentent une part moins importante que le gros-œuvre, ajoutent des coûts significatifs aux projets de construction.
3. L’impact des charges foncières et des honoraires
Les charges foncières, qui incluent le coût des terrains, ont augmenté de 17,26%, passant de 503,74€/m² en 2020 à 590,69€/m² en 2024. Cette hausse est en grande partie due à la rareté des terrains disponibles et à la spéculation foncière qui touche particulièrement les zones urbaines de la Martinique.
Les honoraires des professionnels du BTP et les frais divers liés aux projets de construction ont également enregistré une augmentation de 17,37%. Ces honoraires incluent les coûts de gestion de projet, les études techniques, et les frais administratifs, qui ont été alourdis par des réglementations plus strictes et des processus plus complexes.
4. Les conclusions de l’étude : un besoin urgent de soutien pour la construction de logements sociaux
En conclusion, l’étude de la CERC Martinique met en lumière une réalité inquiétante pour le secteur du BTP en Martinique : l’augmentation significative des coûts de construction menace la viabilité des projets de logements sociaux. En quatre ans, le prix de revient prévisionnel a augmenté de 17,34%, ce qui rend la construction de nouveaux logements de plus en plus coûteuse et difficile à financer.
Face à ces défis, des solutions doivent être envisagées pour soutenir la construction de logements sociaux en Martinique. Cela pourrait inclure des subventions publiques accrues, une révision des réglementations en matière de construction pour alléger les coûts, ou encore une collaboration renforcée entre les acteurs publics et privés pour mutualiser les ressources et optimiser les projets.
Il est impératif que les pouvoirs publics prennent en compte ces résultats et travaillent à la mise en place de mesures adaptées pour garantir l’accès à un logement décent et abordable pour les populations les plus vulnérables. La crise du logement en Martinique nécessite des réponses concrètes et rapides, et cette étude de la CERC fournit une base solide pour orienter les décisions à venir.