L’érosion côtière en chiffres : vers des solutions d’adaptation pour 2050 et 2100

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    L’érosion côtière s’accélère sous l’effet du changement climatique, mettant en péril les littoraux de l’Hexagone et des Outre-mer. Actuellement, 20 % des côtes françaises reculent, représentant environ 900 kilomètres de littoral. Ce phénomène, qui touche déjà 500 communes, a entraîné une perte de 30 km² de territoire au cours des cinquante dernières années.

    Face à ces enjeux, le Cerema a développé depuis 2017 l’Indicateur national de l’érosion côtière (INEC) pour mieux comprendre l’évolution du trait de côte et anticiper ses conséquences.

    Les projections du Cerema, s’inscrivant dans le cadre du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3), révèlent des impacts alarmants à court, moyen et long terme. Ces données permettent de soutenir les décisions des collectivités et des acteurs locaux pour protéger les littoraux, notamment ceux des Outre-mer, particulièrement vulnérables. Cet article explore les chiffres clés et les scénarios envisagés à l’horizon 2028, 2050 et 2100.

     

    L’état actuel du recul du trait de côte

    L’érosion côtière représente une menace grandissante pour les littoraux français, aussi bien en métropole que dans les territoires d’Outre-mer. Selon les données du Cerema, 20 % des côtes françaises sont actuellement en recul, soit l’équivalent de 900 kilomètres de littoral. Ce phénomène, largement amplifié par les effets du changement climatique, affecte des zones densément peuplées et économiquement importantes. Sur les cinquante dernières années, environ 30 km² de territoire côtier ont été perdus dans les secteurs les plus touchés.

    L’impact est particulièrement préoccupant pour les 500 communes concernées, qui doivent faire face à des risques croissants pour leurs infrastructures et leur habitat. Ces zones doivent gérer non seulement les impacts directs de l’érosion, mais également les effets indirects tels que l’augmentation des risques de submersion marine et la fragilisation des ouvrages de protection.

    Pour répondre à ce défi, le Cerema a mis en place l’Indicateur national de l’érosion côtière (INEC), un outil permettant de mesurer et de cartographier l’évolution du trait de côte. Cet indicateur fournit aux collectivités et aux décideurs des données précieuses pour évaluer les risques locaux et planifier des actions d’adaptation.

     

    Les projections à court, moyen et long terme

    Le Cerema a élaboré des scénarios détaillés pour anticiper l’évolution du recul du trait de côte à différentes échéances : 2028, 2050 et 2100. Ces projections, basées sur des hypothèses scientifiques et techniques solides, illustrent l’impact croissant de l’érosion côtière en fonction des mesures prises ou de leur absence.

     

    À court terme : horizon 2028

    D’ici à 2028, le recul du trait de côte devrait se poursuivre avec une érosion moyenne estimée à 1 mètre par an. Ce rythme, déjà observé dans plusieurs régions littorales, pourrait entraîner des conséquences significatives pour les biens et infrastructures situés en zone à risque. Les données du Cerema estiment qu’environ 1 million de biens pourraient être recensés comme potentiellement menacés à cette échéance. Bien que ces chiffres soient encore des projections, ils soulignent l’urgence d’une prise de décision rapide pour protéger ces zones dès aujourd’hui.

    À moyen terme : horizon 2050

    À l’horizon 2050, les scénarios du Cerema se basent sur l’hypothèse d’un entretien continu des ouvrages de protection côtière. Dans ce contexte, environ 1400 locaux d’activité et 2200 logements seraient directement menacés par l’avancée du trait de côte. Si les protections existantes venaient à être renforcées ou étendues, l’impact pourrait être contenu à ces niveaux. Cependant, toute défaillance ou absence de maintenance de ces structures entraînerait une augmentation significative des risques pour les zones côtières.

    Cette projection met également en lumière les limites des stratégies actuelles, qui pourraient ne pas suffire face à l’accélération attendue de l’érosion dans certaines zones sensibles. Les collectivités locales doivent donc intensifier leurs efforts en matière de prévention et de planification, en s’appuyant sur les données fournies par des outils comme l’INEC ou le portail Geolittoral.

    À long terme : horizon 2100

    Le scénario à long terme du Cerema, basé sur une hypothèse d’inaction, est particulièrement alarmant. À cette échéance, la disparition complète des structures de défense côtière, combinée à une montée des eaux de +1 mètre, entraînerait des impacts dévastateurs sur le territoire. Plus de 4900 locaux et 8900 logements seraient menacés par le recul du trait de côte, rendant certaines zones littorales totalement inhabitables.

    Ce scénario de l’inaction souligne les conséquences dramatiques d’un manque de mesures préventives.

     

    Lien avec le PNACC3 et les Outre-mer

    Les projections alarmantes du Cerema appellent à une réponse coordonnée et ambitieuse, articulée autour de cadres stratégiques comme le PNACC3 et d’actions spécifiques pour les territoires les plus vulnérables, notamment les Outre-mer.

     

    Un cadre stratégique : le PNACC3

    Les projections du Cerema s’inscrivent dans le cadre du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3), un programme stratégique visant à préparer les territoires français aux impacts du changement climatique. En identifiant les zones les plus vulnérables, ce plan offre aux décideurs des outils pour anticiper les effets du recul du trait de côte et réduire les risques associés.

    Le PNACC3 repose sur deux piliers essentiels pour les littoraux :

    1. Planification proactive : Intégrer les données d’érosion dans les documents d’urbanisme et les politiques locales pour réduire les expositions aux risques.
    2. Soutien aux collectivités : Fournir des outils comme le portail Geolittoral, qui permet une cartographie précise et dynamique des zones côtières à risque. Cet outil aide les élus et les techniciens à prendre des décisions éclairées pour protéger les habitants, les infrastructures et les écosystèmes.

     

    Focus sur les Outre-mer : des territoires particulièrement exposés

    Les Outre-mer, bien que pris en compte dans les analyses nationales, nécessitent une attention particulière en raison de leur vulnérabilité accrue à l’érosion côtière et à la montée des eaux. Leur petite taille, leurs infrastructures souvent insuffisantes et leur dépendance à des activités littorales comme le tourisme amplifient les impacts du recul du trait de côte.

    Pour ces territoires, il est essentiel de renforcer les infrastructures de protection, d’investir dans des solutions naturelles comme les mangroves et les récifs coralliens, et de mieux les intégrer dans les financements et les politiques nationales d’adaptation.

     

    Recul du trait de côte

    Consultez le document de Cerema : Les enjeux du recul du trait de côte d’ici à 2100

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