L’Assainissement, le stockage et la réutilisation de l’eau aux Antilles : Défis, solutions et professionnalisation

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    Entretien avec Patrick Lanes, dirigeant de Procap et Cotram

    Dans un contexte où les problématiques liées à l’assainissement deviennent de plus en plus pressantes, Patrick Lanes, Président et fondateur du groupe Caïali, partage son expérience et ses perspectives sur les enjeux du secteur dans nos régions. Avec une approche pragmatique et une vision axée sur la professionnalisation, il aborde les défis rencontrés, les solutions mises en place et l’importance cruciale de respecter les lois pour une gestion efficace des filières installées. Rencontre…

    Monsieur Lanes, pouvez-vous nous parler des principales préoccupations dans le domaine de l’assainissement, du stockage et de la réutilisation de l’eau dans nos régions ?

    Patrick Lanes : Les sujets relatifs à l’eau potable sont des sujets de santé publique : à ce titre Caïali les aborde avec une préoccupation sanitaire maximale. Il est crucial que les acteurs privés et publics impliqués dans l’installation et l’entretien des systèmes proposés soient de véritables professionnels, experts, respectueux des règles en tant que sachant du domaine de l’eau.

    Prenons l’exemple du stockage de l’eau de pluie ou de la réutilisation de l’eau. Ce sont des sujets complexes qui nécessitent une expertise poussée.

    La réglementation actuelle évolue, avec la perspective inévitable de réutilisation des eaux usées, avec toutes les préoccupations sanitaires, associées, comme cela se fait dans de nombreux pays développés.

    Sans professionnels qualifiés, nous courons le risque de voir ces systèmes mal dimensionnés et mal entretenus, ce qui peut avoir des conséquences graves tant environnementales que sanitaires.

    Vous avez mentionné l’importance des lois en matière d’assainissement. Pouvez-vous nous en dire plus ?

    Patrick Lanes : Des lois et des documents techniques existent pour encadrer les pratiques et sont heureusement en évolution positive, dans le contexte de stress hydrique de nos territoires.

    Il est essentiel que les responsables, professionnels respectent ces lois pour assurer un service de qualité. Par exemple, il est demandé de maintenir des « cahiers de vie » pour tous ces systèmes, qui documentent toutes les interventions effectuées, de vidange des systèmes à l’entretien des infrastructures. Malheureusement, nous constatons très peu de bonnes pratiques et de respect des exigences dans ce domaine. Il est nécessaire que des actions fortes soient prises pour que le cadre réglementaire soit respecté. Car dans les faits, ces réglementations existent pour protéger le consommateur final, le citoyen.

    Quelle est la situation actuelle concernant la gestion des boues issues des systèmes d’assainissement ?

    Patrick Lanes : La gestion des boues est un sujet crucial. Inévitablement, l’activité humaine pollue l’eau et cela se traduit par la production de boues retenues par les systèmes d’assainissement. Des filières doivent être fonctionnelles, adaptées et efficaces pour traiter correctement ces boues.

    Les structures actuelles n’acceptent pas toutes les boues existantes, ce qui rend impossible leurs bons traitements. Il est impératif de développer des filières adaptées pour traiter ces différents types de boues. Nous avons fait des progrès avec des systèmes comme les filtres plantés de végétaux, qui permettent de réduire considérablement la quantité de boue, mais il reste encore à adapter les structures existantes ou à en créer d’autres pour la gestion de toutes les boues. Les solutions techniques sont connues.

    Vous parlez souvent de la nécessité de la professionnalisation. Quels sont les enjeux à ce niveau ?

    Patrick Lanes : La professionnalisation est au cœur des préoccupations. C’est un secteur passionnant qui pourrait créer beaucoup d’emplois. Nous avons besoin de davantage de professionnels privés et publics qui connaissent non seulement le métier, les techniques, mais aussi les lois et les réglementations en vigueur. Il est également crucial que les professionnels soient équipés afin de permettre d’entretenir correctement les infrastructures d’assainissement. Sans cela, nous risquons de voir des installations se détériorer rapidement et être inefficaces. L’entretien de nos biens est un challenge à relever. Il sera créateur d’emplois, de richesse mais surtout d’efficacité. Un réseau d’eau pluviale ou d’assainissement qui n’est pas entretenu, pourrait conduire à une situation d’échec. C’est pourquoi nous militons pour des actions fortes visant à professionnaliser davantage le secteur.

    Le mot de la fin ? Un message aux lecteurs ?

    Patrick Lanes : Je voudrais insister sur l’importance de ces sujets environnementaux et de santé publique. Cela ne concerne pas seulement les professionnels et les autorités publiques du secteur, mais aussi les citoyens.

    S’assurer de faire le bon choix en matière de qualité de traitement des eaux usées et bien entretenir son système d’assainissement sont des conditions indispensables pour permettre l’utilisation de l’eau épurée pour l’irrigation.

    La professionnalisation du secteur est une priorité et je pense qu’en agissant de manière concertée, nous pouvons améliorer significativement la situation.

    Les sujets sont techniques ; parfois, difficile à appréhender et comprendre. Notre mission est d’accompagner nos territoires de cœur et ses populations.

    À tous les lecteurs, je dirais :

    Soyez vigilants, informez-vous et n’hésitez pas à demander des comptes pour garantir que les infrastructures dont nous dépendons tous soient gérées de manière optimale.

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