Louise Bernard, directrice d’exploitation de So Watt, ingénieure de formation, a d’abord travaillé dans le secteur pétrolier, avant de se réorienter vers les énergies renouvelables chez Engie puis à So Watt il y a un an et demi. Elle accompagne depuis les entreprises des Antilles-Guyane dans leur projet de production d’électricité verte, de la conception à l’exploitation des centrales solaires photovoltaïques. Avec l’entrée en vigueur en janvier 2024 d’un nouveau décret facilitant l’installation de centrales de plus grande puissance, jusqu’à 500 kWc, So Watt avec ses 10 collaborateurs, se positionne comme un des acteurs incontournables de la transition énergétique dans en Martinique, Guadeloupe et Guyane. Explications…
Pouvez-vous nous présenter l’entreprise So Watt et son positionnement dans les Antilles-Guyane ?
So Watt existe depuis 2018 et fait partie du groupe Athéna, acteur emblématique local du marché de la distribution de matériaux de construction. Initialement, créée pour équiper les bâtiments du groupe en panneaux solaires, So Watt s’est développé et propose ses services à d’autres clients professionnels dans les trois territoires des Antilles-Guyane. Aujourd’hui, environ 80% de nos projets sont réalisés en Martinique, 15% en Guadeloupe et 5% en Guyane. La Guadeloupe se développe fortement et nous anticipons à peu près le même volume qu’en Martinique pour 2024.
Quels sont les principaux produits et services proposés par So Watt ?
Nous proposons deux types d’offres à nos clients professionnels. La première est la location de toiture pour faire de l’injection sur le réseau électrique. Nous installons et exploitons la centrale solaire sur le toit du client, et lui versons un loyer annuel en contrepartie. La deuxième offre est l’autoconsommation, qui connaît un fort développement avec l’augmentation des tarifs de l’électricité et les nouvelles obligations de décarbonation. Depuis janvier 2024, les entreprises peuvent bénéficier d’une prime à l’autoconsommation qui représente 50% à 60% de l’investissement initial.
Pouvez-vous nous donner des ordres de grandeur sur les investissements et les économies réalisées par vos clients ?
Pour un bâtiment moyen nécessitant une installation de 30 kWc, l’investissement se situe autour de 50 000. Avec la prime à l’autoconsommation, le client peut récupérer environ 25 000 euros dès sa première facture EDF. Cela lui permet d’effacer entre 30 et 40% de sa facture électrique. Au final, l’investissement est généralement rentabilisé en moins de 5 ans.
Quelles sont les principaux freins au développement du solaire photovoltaïque dans les Antilles-Guyane ?
Malgré les avantages financiers évidents, nous rencontrons encore des réticences de la part de certains clients. Certains craignent d’avoir un « locataire » sur leur toit ou attendent encore de voir si d’autres solutions plus avantageuses émergent. Il y a aussi eu par le passé des problèmes avec des installateurs peu scrupuleux, ce qui crée encore un manque de confiance.
Enfin, les collectivités locales et municipalités peinent parfois à lancer des appels d’offres pour équiper leurs bâtiments, alors que cela permettrait de donner l’exemple. Nous attendons beaucoup des décideurs publics pour accélérer la transition énergétique dans nos territoires.
Quels sont vos objectifs de développement pour les prochaines années ?
Notre ambition est de continuer à nous imposer comme un acteur de référence du solaire aux Antilles-Guyane. Nous visons un équilibre progressif entre nos activités en Martinique, Guadeloupe et Guyane. Actuellement, nous comptons une dizaine de collaborateurs, mais nous prévoyons de renforcer nos équipes dans les prochaines semaines. Nous avons notamment une équipe de poseurs en interne depuis fin 2023.
Parallèlement, nous allons poursuivre notre démarche commerciale proactive auprès des professionnels, tout en répondant aux appels d’offres des collectivités et autres grands comptes. Nous travaillons par exemple actuellement sur des projets autoconsommation de grande envergure pour les Grands Ports de Martinique et Guadeloupe. Notre objectif est de décarboner l’électricité aux Antilles Guyane pour accélérer la transition énergétique de ces territoires.
Nouvel arrêté ministériel pour l’achat de l’électricité photovoltaïque dans les zones non interconnectées de France
Le 5 janvier 2024, le ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique, en collaboration avec le ministère de la Transition Énergétique et le ministère des Outre-mer, a promulgué un nouvel arrêté régissant les conditions d’achat de l’électricité produite par les installations photovoltaïques situées dans les zones non interconnectées de France, telles que la Corse, la Guadeloupe, la Martinique, Mayotte, La Réunion, et d’autres territoires ultramarins. Cet arrêté cible les installations sur bâtiment, hangar ou ombrière avec une puissance crête installée inférieure ou égale à 500 kilowatts. Il vise à soutenir l’expansion de l’énergie solaire dans ces régions, en offrant un cadre stabilisé pour l’achat de l’électricité générée, favorisant ainsi l’autonomie énergétique tout en contribuant à la transition écologique. Par rapport au texte de 2017, cet arrêté introduit également une prime à l’autoconsommation pour les centrales de puissance inférieure à 100kWc.
IL FAUT SAVOIR QUE :
L’arrêté précédent, daté du 4 mai 2017, fixait les conditions d’achat de l’électricité produite par les installations photovoltaïques pour des puissances crête installées inférieures ou égales à 100 kilowatts. Ce plafond a été augmenté à 500 kilowatts dans le nouvel arrêté de 2024, ce qui élargit considérablement le champ des installations éligibles aux conditions d’achat favorables dans les zones non interconnectées. Il introduit également rapport au texte de 2017 : une prime à l’autoconsommation pour les centrales de puissance inférieure à 100kWc.