Observatoire de l’Eau de la Guadeloupe a publié, en 2024, la septième édition des chiffres clés de l’eau et de l’assainissement, présentant un bilan complet de l’année 2022. Ce rapport met en évidence les avancées, mais aussi les enjeux persistants liés à la gestion de l’eau dans un territoire confronté à des contraintes climatiques et structurelles. Retour sur les faits marquants et les actions entreprises.
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Une gouvernance réorganisée pour une gestion optimisée
Depuis septembre 2021, la gestion de l’eau et de l’assainissement en Guadeloupe repose sur deux entités principales : le Syndicat Mixte de Gestion de l’Eau et de l’Assainissement de Guadeloupe (SMGEAG) et la Communauté de Communes de Marie-Galante (CCMG).
Cette réorganisation a permis une meilleure structuration des compétences, mais les défis techniques et financiers restent considérables, notamment en termes d’entretien des réseaux et de gestion des fuites.
En 2022, plusieurs exploitants, dont Karuker’ô, Eaux’Nodis et Saur Guadeloupe, ont collaboré avec les collectivités pour assurer l’approvisionnement en eau potable et la gestion des systèmes d’assainissement.
Toutefois, la transition vers une gestion plus efficace se heurte encore à des infrastructures vieillissantes.
Tempête Fiona : des infrastructures sous pression
La tempête tropicale Fiona, qui a frappé la Guadeloupe en septembre 2022, a illustré la vulnérabilité des réseaux face aux aléas climatiques. Avec des cumuls de pluies records dépassant 500 mm dans certaines zones, de nombreuses infrastructures ont été endommagées.
Le rapport recense 30 casses de canalisations, 10 chemins d’accès détruits et 6 prises d’eau gravement touchées. Ces dégâts ont perturbé l’approvisionnement en eau potable, en particulier à Capesterre-Belle-Eau et Goyave, où des infrastructures stratégiques ont subi de lourdes pertes.
Un taux de perte alarmant : 68 % des ressources non consommées
En 2022, seulement 32 % de l’eau prélevée pour l’alimentation en eau potable (AEP) a été consommée. Le taux de perte moyen a atteint 68,3 %, une augmentation significative par rapport à 2021 (61,7 %).
Les principales causes identifiées incluent des fuites sur des réseaux vieillissants, des compteurs défectueux et des piquages clandestins. Près de 90 % des fuites proviennent des branchements, souvent situés chez les usagers.
Face à cette situation, le SMGEAG a initié des plans d’action pour améliorer la gestion patrimoniale des réseaux et renforcer les opérations de réparation.
Vers une gestion durable des ressources en eau
Pour faire face à l’augmentation des prélèvements et aux aléas climatiques, l’exploitation des eaux souterraines s’impose comme une solution viable.
En 2022, le SMGEAG a lancé un projet de recherche de nouvelles ressources souterraines en Basse-Terre, visant à renforcer la résilience du système. Cinq sites prioritaires ont été identifiés pour le forage, avec des travaux préparatoires prévus dès 2024.
Parallèlement, les dispositifs de récupération des eaux de pluie sont encouragés, avec un appel à projets dédié en 2024, doté d’un budget d’un million d’euros. Ces initiatives visent à diversifier les sources d’approvisionnement tout en réduisant la pression sur les ressources naturelles.
L’économie de l’eau : entre tarification et impayés
Le principe de « l’eau paie l’eau » reste central dans la gestion des services publics. Cependant, un taux d’impayés élevé complique le financement des opérations de maintenance et de modernisation.
Les collectivités et exploitants doivent donc jongler entre la nécessité d’offrir un service accessible et les réalités budgétaires.
Les Chiffres clés de l’eau et de l’assainissement de Guadeloupe