Depuis 2012, les coûts des énergies renouvelables ont connu d’importantes évolutions, portées par le progrès technologique et les politiques publiques. L’ADEME a analysé ces changements dans une étude couvrant la période 2012-2022, basée sur l’indicateur du LCOE (Levelized Cost of Energy), qui évalue la compétitivité des différentes filières énergétiques.
La tendance est marquée : une baisse continue des coûts jusqu’en 2020, suivie d’une hausse en 2021-2022, causée par la flambée des matières premières et les perturbations logistiques.
—
Une décennie de baisse… avant un coup d’arrêt en 2022
Pendant près de huit ans, la transition énergétique s’est accompagnée d’une nette réduction des coûts de production des ENR.
Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs : amélioration des rendements des technologies, diminution des coûts de fabrication, et soutien des politiques publiques à travers des subventions et des incitations fiscales.
Entre 2012 et 2020, les coûts des filières photovoltaïque et éolienne ont chuté respectivement de 40 % et 30 %.
Mais la tendance s’est inversée en 2021-2022. La crise énergétique, accentuée par la guerre en Ukraine et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement, a provoqué une flambée des coûts des matériaux et du transport.
Le gaz naturel a vu ses prix exploser, entraînant une augmentation généralisée du coût de l’énergie. Ce revirement a eu un impact direct sur les ENR, dont certaines filières ont vu leurs coûts remonter de 6 % à 9 % en moyenne.
L’éolien terrestre : toujours le champion de la compétitivité
En 2022, l’éolien terrestre reste la filière la plus compétitive parmi les énergies renouvelables avec un LCOE de 59 €/MWh. Ce succès repose sur plusieurs facteurs : des turbines plus performantes, une production mieux optimisée et des coûts d’installation maîtrisés.
Malgré la hausse des coûts des matériaux comme l’acier et le béton, la filière a su préserver sa rentabilité grâce aux économies d’échelle et aux innovations technologiques.
Ce positionnement avantageux s’explique aussi par la montée en flèche du prix du gaz, qui a triplé depuis 2020, rendant l’éolien encore plus attractif pour les investisseurs et les collectivités locales.
Photovoltaïque : une progression spectaculaire freinée par la crise
Entre 2012 et 2020, le photovoltaïque a connu une réduction de 80 % de son coût de production, portée par l’amélioration des rendements des panneaux solaires et la chute du prix des modules.
Les installations de grande taille ont particulièrement bénéficié de cette dynamique, avec des LCOE passant sous la barre des 70 €/MWh pour les installations au sol de plus de 500 kWc.
Toutefois, en 2021 et 2022, la filière a été confrontée à une hausse brutale des prix des composants (silicium, verre, aluminium), provoquant une remontée du LCOE jusqu’à 91 €/MWh pour certaines installations.
Malgré cela, le photovoltaïque demeure une solution viable et compétitive, notamment pour les bâtiments industriels et commerciaux qui cherchent à réduire leur dépendance aux énergies fossiles.
Chauffage domestique : la montée en puissance des alternatives renouvelables
Le chauffage au bois et les pompes à chaleur (PAC) sont devenus des solutions de plus en plus populaires. Toutefois, les fluctuations des coûts des combustibles ont eu un impact significatif sur ces technologies.
Les systèmes de chauffage à granulés de bois, longtemps perçus comme une alternative économique au gaz, ont été frappés par une hausse de 77 % des prix des granulés entre 2021 et 2022.
Conséquence directe : le coût de production de ces solutions a bondi de 44 % en un an, rendant certains foyers plus prudents dans leurs choix d’investissement.
Les pompes à chaleur, en revanche, ont su tirer leur épingle du jeu. Leur coût reste stable et leur rentabilité s’améliore, notamment grâce aux aides publiques et aux performances accrues des nouvelles générations de PAC géothermiques et aérothermiques.
Biométhane : une filière en plein développement, mais encore coûteuse
Le biométhane représente une alternative prometteuse aux énergies fossiles, avec un LCOE oscillant entre 105 et 112 €/MWh en 2022. Bien que ce coût soit encore supérieur à celui du gaz naturel, la tendance est encourageante.
Grâce à des financements incitatifs et à l’amélioration des processus de méthanisation, cette technologie devient de plus en plus compétitive.
La crise énergétique a temporairement réduit l’écart entre le biométhane et le gaz naturel, mais l’évolution des prix du gaz depuis 2023 pourrait modifier cette dynamique.
Gaz et renouvelables : une inversion des rôles ?
Le gaz a longtemps été une source d’énergie bon marché, ce qui freinait le développement des renouvelables. Mais la crise de 2021-2022 a tout changé. Avec une augmentation de 300 % des coûts des centrales à gaz en deux ans, la compétitivité des ENR s’est renforcée par contraste.
La stabilisation des prix du gaz en 2024 a rebattu les cartes du marché énergétique. Toutefois, les incertitudes demeurent et les professionnels du BTP doivent adapter leurs stratégies en fonction des fluctuations et des opportunités offertes par les ENR.
BTP et énergie : quelles adaptations pour demain ?
L’évolution des coûts des énergies renouvelables présente un contraste marqué. Entre 2012 et 2022, les baisses de coûts ont renforcé leur compétitivité, mais les crises récentes ont révélé leur dépendance aux fluctuations des matières premières et aux tensions géopolitiques.
Pour le BTP, intégrer ces variations dans la planification des projets est devenu une nécessité.
En 2025, malgré la stabilisation des prix du gaz en 2024, des incertitudes persistent.
De plus en plus d’acteurs se tournent vers les ENR, non seulement pour des raisons écologiques, mais aussi pour garantir des coûts énergétiques maîtrisés et renforcer la résilience du secteur face aux fluctuations du marché.