CEREMA – Le secteur du bâtiment représente à lui seul 25 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France. Face à ce constat alarmant, il devient impératif pour les collectivités territoriales de repenser la gestion de leurs parcs immobiliers afin de réduire leur impact environnemental. La Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) fixe un objectif ambitieux de réduction de 48 % des émissions du secteur d’ici 2030 et une décarbonation complète à l’horizon 2050. Mais comment s’y prendre concrètement ?
—
1. Réhabiliter Plutôt que Construire : Un Réflexe à Adopter
La première solution consiste à privilégier la réhabilitation des bâtiments existants plutôt que la construction neuve. Non seulement cette approche permet de réduire l’utilisation de nouvelles matières premières, mais elle favorise aussi la conservation des structures existantes, dont l’impact carbone est déjà amorti. Selon le Cerema, une rénovation thermique ambitieuse et optimisée du point de vue carbone peut atteindre des performances énergétiques et environnementales équivalentes à celles des bâtiments neufs.
En outre, le rythme actuel des constructions neuves ne renouvelle que 1 % du parc immobilier chaque année. Miser sur la réhabilitation est donc le seul moyen d’agir rapidement et à grande échelle. Pour les collectivités, cela signifie identifier les bâtiments présentant des potentiels de réhabilitation (bureaux, écoles, logements sociaux) et lancer des projets avec des objectifs clairs de réduction des émissions de GES.
2. Optimiser les Surfaces et les Usages pour Réduire l’Empreinte Carbone
L’un des principaux leviers de la décarbonation des bâtiments est l’optimisation des surfaces et des usages. Les collectivités peuvent, par exemple, mutualiser certains espaces pour réduire les besoins en surface tout en améliorant la qualité d’usage. Cela peut se traduire par des bâtiments publics polyvalents, capables d’accueillir des activités variées en fonction des horaires et des besoins. Ce type de rationalisation permet de réduire non seulement les consommations d’énergie, mais aussi l’impact carbone lié à la construction et à l’exploitation des bâtiments.
Les collectivités doivent également réfléchir à la manière dont elles gèrent leur patrimoine immobilier. Quels bâtiments sont sous-exploités ? Peut-on regrouper certains services pour limiter les surfaces occupées ? Ce sont autant de questions à poser pour réduire l’empreinte carbone tout en garantissant un usage optimal des ressources.
3. Encourager le Réemploi des Matériaux et Favoriser l’Économie Circulaire
L’économie circulaire joue un rôle central dans la réduction de l’impact carbone du secteur du bâtiment. Plutôt que de jeter, il est désormais essentiel de réemployer les matériaux dans la mesure du possible. Lors de travaux de rénovation, les collectivités doivent encourager le dépôt soigneux des éléments afin de les stocker pour un réemploi futur. Par exemple, les menuiseries, les cloisons ou encore les réseaux peuvent être récupérés pour éviter de générer de nouveaux matériaux et donc de nouvelles émissions de CO2.
Le réemploi permet non seulement de limiter la consommation de ressources naturelles, mais aussi de réduire les déchets produits lors des travaux. Cette approche est particulièrement pertinente dans les projets de démolition partielle ou de rénovation lourde.
4. Adopter une Gestion Énergétique Décarbonée
Pour aller plus loin dans la décarbonation, les collectivités doivent également optimiser l’exploitation et la maintenance de leurs bâtiments. Cela peut passer par l’installation de systèmes de gestion centralisée de l’énergie (comme des systèmes de contrôle des consommations en temps réel) ou encore par la mise en place de réseaux de chaleur bas carbone.
En parallèle, il est essentiel de privilégier les énergies renouvelables comme le solaire, la géothermie, ou encore la biomasse, pour alimenter les bâtiments publics. Pour ceux qui ne peuvent pas être directement connectés à des réseaux de chaleur bas carbone, des alternatives comme les pompes à chaleur ou les chaudières bois peuvent être envisagées.
5. Matériaux Biosourcés : Une Alternative Verte pour la Construction et la Rénovation
Enfin, la sélection des matériaux joue un rôle crucial dans la réduction de l’impact carbone. Les collectivités peuvent orienter leurs projets vers l’utilisation de matériaux biosourcés tels que le bois, le chanvre ou la paille, qui stockent du carbone tout au long de leur cycle de vie. En plus de leur faible impact environnemental, ces matériaux contribuent à améliorer l’isolation thermique et acoustique des bâtiments.
L’utilisation de matériaux recyclés ou géosourcés (comme la terre crue pour les cloisons) permet également de réduire les émissions liées à la fabrication et au transport de nouveaux produits. Ces pratiques s’inscrivent parfaitement dans une démarche de construction durable, prônée par les labels comme le Label Bas Carbone, qui récompense les projets intégrant des matériaux à faible impact environnemental.
Conclusion : Vers une Gestion Bas Carbone du Patrimoine Bâti
Pour les collectivités territoriales, la décarbonation des bâtiments est un enjeu majeur qui nécessite une approche globale et coordonnée. En privilégiant la réhabilitation des bâtiments existants, en optimisant les surfaces et les usages, en encourageant le réemploi des matériaux et en adoptant une gestion énergétique décarbonée, elles peuvent réduire significativement leur empreinte carbone.
Les stratégies à déployer sont multiples, mais leur mise en œuvre est essentielle pour atteindre les objectifs de neutralité carbone fixés par la SNBC. En adoptant ces bonnes pratiques dès aujourd’hui, les collectivités contribueront à bâtir un avenir plus respectueux de l’environnement, tout en réalisant des économies sur le long terme.
—
Consultez le document « RÉDUIRE L’IMPACT CARBONE DES BÂTIMENTS » de la CEREMA ici