Le secteur de la construction en Guyane traverse une période difficile. Les derniers chiffres dévoilés par la CERC Guyane dans la Conjoncture de la construction 2024, indiquent des chutes importantes dans l’activité, que ce soit au niveau des mises en chantier, des autorisations de construction ou encore de la commande publique. Alors, quelles sont les données les plus marquantes et leurs conséquences sur le secteur ?
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Les mises en chantier en fort repli
Avec une baisse de 21,1 % en un an, les mises en chantier ont atteint un total de seulement 900 logements à la fin de 2024. Cette contraction est d’autant plus alarmante que la demande en logements reste très forte en raison de la croissance démographique du territoire.
Parmi les causes potentielles figurent des difficultés d’accès aux financements, une hausse des coûts des matériaux et des retards administratifs dans l’instruction des dossiers.
Ces facteurs combinés mettent sous pression les petites et moyennes entreprises locales, souvent dépendantes des délais de réalisation pour maintenir leur trésorerie.
Moins de chantiers, c’est aussi moins d’opportunités pour les artisans, les fournisseurs de matériaux et les sous-traitants qui contribuent à l’écosystème du secteur.
Forte chute des autorisations de construire
Le constat est encore plus marquant en ce qui concerne les autorisations de construire. Le nombre de permis accordés est tombé à 1 100 logements, soit une chute spectaculaire de 49,2 % en un an.
Ce chiffre reflète un manque de renouvellement des projets, compromettant la capacité du territoire à anticiper ses besoins futurs.
Cette baisse pourrait être liée à une réticence croissante des investisseurs face à l’instabilité réglementaire et économique.
Par ailleurs, les collectivités doivent souvent faire face à des budgets restreints, ce qui limite les appels d’offres pour des projets d’envergure.
Locaux neufs : Des projets en panne
Les projets de construction de locaux professionnels connaissent également un recul important, avec une baisse de 34,5 % des mises en chantier.
Cette tendance pourrait freiner le développement économique local, les entreprises ayant de plus en plus de mal à accéder à des infrastructures modernes.
L’arrêt ou le report de projets comme la création de zones industrielles ou de locaux commerciaux freine l’attractivité pour les nouvelles entreprises. De plus, certaines structures existantes ne répondent plus aux normes actuelles, ce qui pèse sur la compétitivité des acteurs économiques.
Emploi : Moins de chantiers, moins de travail
Les conséquences sur l’emploi se font déjà sentir. Le nombre d’intérimaires dans la construction a diminué de 2,8 % sur un an.
Cette évolution est un indicateur préoccupant, car l’intérim représente souvent un baromètre de l’activité globale du secteur.
Ce sont les jeunes travailleurs et les profils moins qualifiés qui souffrent le plus de cette contraction, les entreprises privilégiant le maintien de leur personnel permanent.
Le risque est d’entraîner une fuite des compétences locales vers d’autres régions ou secteurs.
Commande publique en baisse
La commande publique, qui joue un rôle crucial dans le dynamisme du BTP, affiche une baisse de 26 % en Guyane. Ce recul limite la réalisation de grands projets d’infrastructures tels que les écoles, routes ou hôpitaux, essentiels pour le développement territorial.
En Guadeloupe et en Martinique, la situation est similaire, avec des baisses respectives de -8 % et -10 %.
Un plan de relance adapté, avec un soutien accru des collectivités locales, pourrait être nécessaire pour redynamiser la commande publique.
La CERC Guyane mise sur l’innovation
Pour répondre à ces défis, la CERC Guyane mise sur l’exploitation des données et des outils innovants.
Elle propose des tableaux de bord numériques, des analyses prédictives et des cartographies dynamiques pour aider les décideurs à mieux comprendre et anticiper les cycles économiques.
Ces outils permettent d’évaluer les opportunités et les risques en temps réel, favorisant ainsi une meilleure coordination entre les acteurs publics et privés.
L’objectif est de sécuriser les investissements, tout en évacuant les incertitudes liées aux fluctuations conjoncturelles.
Conjoncture de la construction 2024 par la CERC Guyane
2025 : année de relance ? Les chiffres de 2024 témoignent d’une situation critique, mais des solutions existent. L’accélération de la commande publique, le soutien aux entreprises locales et l’investissement dans des projets innovants pourraient permettre une relance durable dès 2025.