Bilan énergétique 2023 : la France produit plus, consomme moins, mais paie toujours autant

0
bilan énergétique France 2023

En 2023, le système énergétique français a connu un retournement notable. Après les tensions de 2022 marquées par la guerre en Ukraine, la crise de disponibilité du parc nucléaire et la flambée des prix, l’année 2023 se distingue par une reprise de la production, une baisse généralisée de la consommation et un niveau de dépenses toujours élevé. Cette situation hybride, entre amortissement des chocs et rééquilibrage partiel du système, est riche d’enseignements. Voici les principaux enseignements à retenir du dernier Bilan énergétique de la France publié par le SDES.

 


 

Reprise nette de la production : nucléaire et renouvelables en tête

La production d’énergie primaire s’établit en 2023 à 1 421 TWh, en hausse de 13 % par rapport à 2022. Cette progression est largement portée par le redémarrage du parc nucléaire, qui atteint 1 025 TWh (+14,7 %). Après les vérifications et les réparations liées aux problèmes de corrosion en 2022, les réacteurs français ont fonctionné à un rythme plus soutenu, rétablissant une production historiquement majoritaire dans le mix français.

Dans le même temps, les énergies renouvelables électriques enregistrent une progression spectaculaire de 24,6 %, grâce à une année particulièrement favorable sur le plan météorologique, notamment pour l’hydraulique. L’essor du parc éolien et photovoltaïque contribue également à cette dynamique.

Quant aux énergies renouvelables thermiques et la valorisation des déchets, elles reprennent aussi une trajectoire ascendante (+2,2 %, soit 257 TWh), portées en grande partie par la diffusion croissante des pompes à chaleur dans le résidentiel.

 

Une consommation finale en recul dans tous les secteurs

La consommation primaire réelle augmente légèrement (+1,6 %) pour atteindre 2 525 TWh. Cette hausse, modeste, s’explique notamment par les pertes de chaleur associées à la relance du nucléaire. Mais la tendance générale, elle, est à la baisse : la consommation finale corrigée du climat chute de 4,0 %, pour s’établir à 1 496 TWh.

Ce repli touche tous les secteurs. Le tertiaire enregistre la plus forte baisse avec -7,8 %, suivi par l’industrie (-6,5 %). Cette contraction est directement liée à la hausse des prix de l’énergie, qui pousse les acteurs à revoir à la baisse leurs consommations. La sobriété subie, dictée par des considérations économiques plutôt qu’environnementales, semble avoir gagné tous les segments.

 

Une autonomie énergétique en amélioration sensible

Bonne nouvelle sur le front de la souveraineté énergétique : le taux d’indépendance énergétique grimpe à 56,3 %, soit une hausse de 5,6 points en un an. Il s’agit du niveau le plus élevé depuis 1992.

Ce résultat est lié au redressement de la production domestique et à la baisse des importations nettes. La France devient de nouveau exportatrice nette d’électricité, après l’avoir été importatrice en 2022.

Dans le détail, les importations nettes de gaz naturel reculent de 19,6 %, avec un bouquet d’approvisionnement dominé par la Norvège (32,5 %) et les États-Unis (25,7 %). Le gaz naturel liquéfié (GNL) reste la forme prédominante d’importation.

Côté pétrole, les importations de produits raffinés baissent de 15 %, alors que les entrées de brut progressent de 10,6 %, traduisant une relance de l’activité dans les raffineries hexagonales.

 

Des prix toujours en hausse, malgré la détente sur les marchés

Si les prix de gros ont globalement diminué en 2023, cette baisse ne s’est pas encore pleinement traduite dans les prix finaux payés par les consommateurs. En moyenne, les prix de l’énergie pour usage énergétique augmentent de 12,5 % sur l’année.

Le secteur tertiaire subit une explosion tarifaire de +49,2 %, là où l’industrie est confrontée à une hausse plus modérée (+19,5 %), atténuée par l’accès préférentiel aux prix de gros pour les gros consommateurs.

Côté ménages, la hausse moyenne des prix est de 10,7 %, bien que partiellement contenue par le bouclier tarifaire prolongé en 2023. L’électricité affiche la plus forte hausse (+35 %), devant le gaz (+9 %) et les produits pétroliers (+4 %).

 

Une facture énergétique toujours aussi lourde

En 2023, la France a dépensé 230 milliards d’euros pour satisfaire ses besoins énergétiques. Un montant stable par rapport à 2022, mais qui reste historiquement élevé. Ce chiffre cache toutefois des dynamiques contrastées : la consommation diminue, mais les prix restent hauts.

Pour les ménages, la facture moyenne atteint 3 678 euros. Elle se compose de 1 851 euros pour l’énergie du logement (en hausse de 6,8 %) et de 1 827 euros pour les carburants (légère baisse de -0,6 %).

Ces montants confirment que le logement devient le principal poste de dépense énergétique des foyers, en lien avec la hausse des prix de l’électricité et du gaz, malgré une consommation en baisse.

 

Moins de consommation, moins d émissions

Autre conséquence directe de la baisse de consommation : les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à la combustion d’énergie chutent de 6,8 % en 2023. Cette baisse s’inscrit dans une tendance plus longue de -2 % par an depuis 2005. La décarbonation progresse donc, même si elle est ici en grande partie subie plutôt que choisie.


bilan énergétique France 2023

BILAN ÉNERGÉTIQUE DE LA FRANCE POUR 2023


 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici