Le taux du livret A a été abaissé à 2,4 % le 1er février 2025, marquant ainsi une première depuis 2020. Ce placement très prisé des Français reste au cœur du financement de projets territoriaux stratégiques. Alors, quels changements cette baisse entraîne-t-elle pour les collectivités, les bailleurs sociaux et les acteurs du développement local ?
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Un système d’épargne réglementée au service des territoires
Le livret A fait partie de ce que l’on appelle l’épargne réglementée. En d’autres termes, ses conditions (taux de rémunération, plafonds de dépôt, fiscalité) sont fixées par les pouvoirs publics.
Mais saviez-vous que près de 60 % des dépôts effectués sur ce livret sont centralisés au sein du fonds d’épargne de la Caisse des Dépôts ? Ces sommes financent des projets cruciaux tels que des logements sociaux, des infrastructures publiques (hôpitaux, écoles, crèches) et des initiatives liées à la transition énergétique et écologique.
Ce fonctionnement repose sur une logique simple : l’épargne des Français devient un levier d’investissement durable.
En 2024, ce mécanisme a permis la construction de 114 928 logements sociaux et la réhabilitation de 108 923 autres. À cela s’ajoutent divers projets territoriaux visant à renforcer la cohésion sociale et l’équité entre les régions.
Des conditions de financement plus attractives
La baisse du taux du livret A peut sembler une mauvaise nouvelle pour les épargnants. Pourtant, elle présente un avantage de taille pour les emprunteurs institutionnels, comme les collectivités territoriales et les bailleurs sociaux.
En effet, des taux d’emprunt plus faibles réduisent directement le coût des projets à long terme.
Prenons un exemple : lorsqu’une mairie souhaite financer la construction d’un écoquartier, elle peut solliciter un prêt de la Banque des Territoires. Plus le projet intègre des critères écologiques ou sociaux, plus les conditions d’emprunt sont avantageuses.
En 2024, par exemple, des prêts pour des projets de rénovation thermique de logements sociaux ont bénéficié de taux inférieurs à 1,5 %, grâce à ces critères. Cette tarification incitative vise à accélérer la réalisation de projets respectueux de l’environnement et inclusifs.
En outre, les conditions d’accès aux prêts sont harmonisées. Qu’il s’agisse d’une grande collectivité ou d’une petite commune, les termes restent similaires, permettant une équité dans le soutien aux projets locaux.
Des impacts concrets pour le secteur du BTP
Ces financements créent une dynamique positive pour les professionnels du BTP. Avec des projets plus nombreux et mieux financés, les entreprises de construction bénéficient d’opportunités accrues, notamment dans le cadre de chantiers de rénovation énergétique ou de construction durable.
Par exemple, dans certaines régions, des chantiers de réhabilitation thermique de bâtiments publics, comme des écoles et des crèches, sont devenus prioritaires.
Ces projets nécessitent des compétences variées, allant de l’installation de matériaux biosourcés à l’intégration de systèmes de production d’énergies renouvelables. Les entreprises locales – souvent TPE ou PME – trouvent ainsi des opportunités pour se développer tout en contribuant à la décarbonation de l’économie.
Une épargne citoyenne, un avenir durable
Le livret A, au-delà de son rôle d’épargne individuelle, reste un pilier du développement territorial.
Cette double fonction permet d’associer les Français au financement d’un avenir plus vert et plus solidaire. En facilitant les conditions d’emprunt, la baisse du taux de rémunération ouvre de nouvelles perspectives pour les projets structurants.
Certaines initiatives emblématiques en préparation incluent des parcs solaires en Outre-mer, des écoquartiers en zones rurales et des hôpitaux basse consommation dans les grandes agglomérations. Ces projets permettront de réduire les disparités territoriales tout en contribuant aux objectifs nationaux de neutralité carbone.
Alors, quels seront les prochains grands projets financés par cette épargne collective ? Les collectivités et les bailleurs sociaux sont déjà à l’œuvre pour répondre aux besoins croissants en logements et infrastructures durables.
Source : Banques des territoires