Canicules plus fréquentes, inondations intenses, érosion accélérée des côtes… Le changement climatique n’est plus une hypothèse, mais une réalité tangible qui impacte directement nos territoires et nos infrastructures.
Face à ces bouleversements, la France a dévoilé le 3e Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3) le 10 mars 2025. Ce document stratégique fixe un cap clair : anticiper et rendre les infrastructures, notamment celles du BTP, plus résilientes aux effets du climat futur.
L’objectif principal de ce plan est d’assurer la sécurité des populations, d’éviter les dégâts économiques liés aux catastrophes naturelles et de préparer les infrastructures aux nouvelles contraintes environnementales. Il repose sur une approche intégrée où l’adaptation ne doit pas être considérée comme un élément secondaire, mais comme un levier essentiel pour préserver la viabilité des territoires.
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Un cap fixé : adapter la France à un climat à +4°C
Le PNACC-3 repose sur la Trajectoire de Réchauffement de Référence (TRACC), qui prévoit un réchauffement de +4°C en 2100. Concrètement, cela signifie des vagues de chaleur plus longues, des sécheresses accentuées, une montée du niveau de la mer et des tempêtes plus destructrices. Pour le secteur du BTP et des infrastructures, cela implique une remise en question profonde des méthodes de construction et d’aménagement.
Les bâtiments et les réseaux doivent être pensés pour un climat plus extrême, avec des normes adaptées aux réalités de demain.
Cela implique d’intégrer des paramètres comme des températures plus élevées dans le choix des matériaux, d’adopter des solutions de ventilation naturelle plus efficaces et de renforcer la résistance des bâtiments aux aléas climatiques.
De même, l’urbanisme doit être repensé pour limiter l’imperméabilisation des sols et favoriser des infrastructures capables d’absorber les excès d’eau lors d’inondations.
52 mesures pour une France plus résiliente : ce qui concerne le BTP
Le PNACC-3 contient 52 mesures, organisées autour de cinq grands axes. Certaines touchent directement le secteur de la construction et des infrastructures, qui doivent s’adapter pour prévenir des risques majeurs.
- Construire des bâtiments capables de résister aux chaleurs extrêmes
Les canicules de plus en plus fréquentes et intenses imposent de revoir les standards de construction. Le plan encourage l’utilisation de matériaux limitant l’accumulation de chaleur, des conceptions favorisant la ventilation naturelle et la végétalisation des espaces urbains. L’isolation thermique des bâtiments est aussi un enjeu majeur, avec des solutions adaptées aux climats chauds pour éviter la surconsommation énergétique liée à la climatisation.
- Adapter les infrastructures aux événements climatiques violents
Les routes, ponts et réseaux électriques doivent être conçus pour faire face à des précipitations plus intenses et des sols plus instables, notamment en raison du retrait-gonflement des argiles. La conception des infrastructures de transport doit aussi prendre en compte les risques de submersion dans les zones littorales. Des travaux de consolidation des ouvrages existants et des nouvelles normes de construction sont nécessaires pour assurer la pérennité des infrastructures.
- Aménager les territoires en intégrant les risques côtiers et fluviaux
En Outre-mer comme dans l’Hexagone, l’érosion côtière impose de repenser l’urbanisme pour éviter des pertes majeures. Les stratégies d’adaptation passent par l’interdiction de construire dans certaines zones à risque, la mise en place de solutions de protection côtière, et l’intégration d’infrastructures capables de résister aux assauts répétés des vagues et des tempêtes.
- Sécuriser l’accès à l’eau
Des stratégies de gestion de l’eau sont mises en avant, notamment dans le BTP où la consommation doit être optimisée. La récupération des eaux pluviales, l’installation de systèmes de réutilisation des eaux usées et l’amélioration de l’efficacité des réseaux d’eau potable sont des pistes prioritaires.
Outre-mer : une adaptation encore plus cruciale
Les territoires ultramarins sont particulièrement exposés aux dérèglements climatiques : montée des eaux, intensification des cyclones, sécheresses accrues. Selon les projections climatiques, le niveau de la mer pourrait s’élever de 60 à 90 cm d’ici 2100 dans certains bassins océaniques, menaçant directement les littoraux. Le PNACC-3 prévoit des mesures spécifiques pour ces régions, adaptées à leurs vulnérabilités particulières.
Renforcer la résilience des infrastructures face aux cyclones et aux fortes chaleurs
Aux Antilles, à La Réunion et à Mayotte, le plan met en avant l’amélioration des normes de construction parasismiques et paracycloniques, imposant des structures capables de résister à des vents dépassant 250 km/h. De nouvelles techniques de ventilation naturelle et d’isolation thermique sont aussi encouragées pour limiter l’impact des vagues de chaleur.
Lutter contre l’érosion et la submersion marine
Les côtes ultramarines reculent sous l’effet des tempêtes et de la montée des eaux. Le PNACC-3 recommande des solutions mixtes alliant ingénierie et protection naturelle, comme la restauration des récifs coralliens, la reconstitution de mangroves et la mise en place de brise-lames artificiels. Ces infrastructures naturelles réduisent l’impact des houles et protègent les habitations côtières.
Optimiser la gestion des ressources en eau
Face aux périodes de sécheresse de plus en plus longues, le plan propose un renforcement des capacités de stockage et de distribution de l’eau potable, avec une modernisation des réseaux pour réduire les pertes. L’installation de unités de désalinisation et de systèmes de récupération des eaux pluviales est envisagée pour garantir un accès durable à la ressource.
Ces adaptations nécessitent des investissements massifs et une coopération entre les collectivités locales, l’État et les acteurs économiques. L’efficacité du PNACC-3 en Outre-mer repose sur la capacité à intégrer ces solutions dans les politiques publiques et les plans d’aménagement locaux.
Un changement de cap pour les professionnels du BTP
Le PNACC-3 impacte directement les entreprises du secteur de la construction. Désormais, il ne s’agit plus seulement de réduire l’empreinte carbone des bâtiments, mais de les rendre résistants aux conditions climatiques futures.
Les nouvelles réglementations à intégrer concernent notamment des critères de conception plus stricts, des exigences accrues en matière de choix des matériaux et une obligation d’adaptation des bâtiments aux conditions locales.
Les professionnels devront aussi investir dans des solutions innovantes, comme les matériaux biosourcés et la construction modulaire, pour répondre à ces défis.
Enfin, la formation et la sensibilisation des architectes, urbanistes et ingénieurs deviennent essentielles pour assurer la transition vers un BTP plus résilient.
Les collectivités territoriales et les entreprises doivent anticiper ces changements pour éviter des coûts de mise en conformité plus élevés à l’avenir.
Consulter ici le 3e Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3).
Le 3e Plan national d’adaptation au changement climatique est un signal fort : il ne suffit plus d’atténuer le changement climatique, il faut désormais apprendre à y vivre. Le secteur du BTP est en première ligne, et son adaptation déterminera la résilience de nos territoires.
Les mesures sont posées, mais leur mise en œuvre effective reste le grand défi des prochaines années. La réussite de ce plan dépendra des investissements, de la mobilisation des acteurs et de la capacité du secteur à anticiper les évolutions climatiques qui s’annoncent.