L’Outre-Mer est un terrain fertile pour les solutions innovantes en matière de logement et d’emploi. Entre défis climatiques, contraintes géographiques et besoins sociaux spécifiques, ces territoires nécessitent des approches adaptées.
C’est dans cette dynamique que s’inscrivent les Trophées de l’Innovation Outre-Mer 2025, organisés par Action Logement, qui ont récompensé 10 projets porteurs de changements concrets. Matériaux biosourcés, énergie solaire, inclusion sociale… Décryptage des solutions qui réinventent l’habitat ultramarin.
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Pourquoi l’Outre-Mer est un laboratoire d’innovation?
Avec un accès restreint aux ressources locales, un coût du foncier souvent élevé et des enjeux climatiques pressants, l’innovation en Outre-Mer est une nécessité. Le fonds ALINOV, présenté dans AGIR ENSEMBLE POUR LE LIEN EMPLOI-LOGEMENT en Outre-mer, mis en place par Action Logement, accompagne des projets ambitieux qui s’attaquent à ces problématiques à travers trois axes stratégiques :
Avec un accès restreint aux ressources locales, un coût du foncier souvent élevé et des enjeux climatiques pressants, l’innovation en Outre-Mer est une nécessité.
Le fonds ALINOV, présenté dans AGIR ENSEMBLE POUR LE LIEN EMPLOI-LOGEMENT en Outre-mer, mis en place par Action Logement, accompagne des projets ambitieux qui s’attaquent à ces problématiques à travers trois axes stratégiques :
- Innovation technique et environnementale : développement et certification de nouveaux matériaux, réduction de l’empreinte carbone.
- Innovation sociale : insertion professionnelle, structuration de nouvelles filières de production, lutte contre l’habitat indigne.
- Innovation servicielle : adaptation des services aux réalités locales, nouvelles solutions numériques pour l’habitat.
Parmi plus de 70 projets accompagnés, 10 initiatives exemplaires ont été primées cette année. Ces projets apportent des réponses concrètes et s’inscrivent dans une dynamique de transformation durable du logement ultramarin.
10 projets qui façonnent l’habitat de demain
Chaque projet primé illustre une réponse innovante à des problématiques spécifiques de l’Outre-Mer. Qu’il s’agisse de nouveaux matériaux, d’insertion professionnelle ou d’énergies renouvelables, ces initiatives démontrent que le logement peut être repensé de manière durable et adaptée aux réalités locales.
1. Transformer les déchets en logements durables – Habit’Âme (Mayotte)
À Mayotte, l’accumulation des déchets plastiques constitue une problématique majeure. Habit’Âme propose une solution innovante en recyclant ces matériaux pour concevoir des kits de logements modulables. Ces kits s’appuient sur un processus de tri, séchage et revalorisation des plastiques collectés.
L’objectif est d’offrir une alternative aux matériaux conventionnels tout en développant une filière de recyclage locale. En intégrant les habitants dans ce processus, le projet contribue également à sensibiliser la population à la gestion des déchets et à l’économie circulaire.
2. L’énergie solaire au service de l’insertion – Solar Mamas (Mayotte)
Inspiré d’un programme déployé dans plusieurs pays, Solar Mamas forme des femmes de quartiers précaires à l’installation et à la maintenance de systèmes solaires autonomes.
Ces techniciennes reçoivent une formation complète sur les panneaux photovoltaïques, leur installation et leur entretien, permettant ainsi une autonomisation énergétique dans les zones rurales et isolées de Mayotte.
Cette initiative encourage l’accès à l’électricité pour les foyers les plus précaires tout en renforçant l’employabilité des femmes dans un secteur en pleine expansion.
3. Construire plus vite et mieux – Octogone Construction (Guadeloupe)
Les méthodes traditionnelles de construction sont souvent longues et coûteuses. Octogone expérimente une ossature métallique légère, qui offre une alternative plus rapide et plus efficace.
Ce procédé réduit les délais de construction des logements sociaux, tout en garantissant une résistance optimale aux conditions climatiques locales.
L’utilisation d’un acier spécifique limite les risques de corrosion en milieu tropical et améliore la durabilité des bâtiments. Le projet vise à démontrer que l’industrialisation de certaines étapes du chantier peut accélérer l’accessibilité au logement.
4. Former les jeunes aux métiers du BTP – CFAI Hors les Murs (Guyane)
La Guyane fait face à un déficit de main-d’œuvre qualifiée dans le secteur du bâtiment. Le CFAI Hors les Murs apporte une réponse en installant un centre de formation mobile qui se déplace directement sur les chantiers pour former les jeunes.
Grâce à cette approche, les apprenants bénéficient d’une formation immersive dans des conditions réelles de travail, tout en répondant aux besoins spécifiques du marché local.
L’initiative contribue à structurer une filière de formation adaptée aux réalités ultramarines, en réduisant les freins à l’apprentissage.
5. Un laboratoire pour des matériaux biosourcés – LABIMAC (La Réunion)
La dépendance aux matériaux importés représente un défi économique et écologique. Le LABIMAC se concentre sur l’étude et la production de matériaux de construction issus de ressources locales, comme les fibres végétales et les déchets de l’industrie agroalimentaire.
Grâce à des analyses en laboratoire, ces matériaux sont testés pour leur performance thermique, mécanique et environnementale, afin de valider leur intégration dans des projets de construction.
Cette initiative pourrait permettre à La Réunion de réduire son empreinte carbone en limitant les importations de matériaux.
6. Mieux gérer l’eau, un défi essentiel – Ozanam & Ecotime (Martinique)
Avec une gestion de l’eau souvent compliquée dans certains territoires ultramarins, Ozanam et Ecotime testent Hydraloop, un système permettant de réutiliser les eaux grises pour des usages domestiques.
Ce dispositif intègre un cycle de filtration avancé pour récupérer l’eau des douches et des lavabos, réduisant ainsi la consommation d’eau potable de 45 % par logement. Le projet s’inscrit dans une perspective de résilience face aux sécheresses et aux tensions sur les ressources hydriques.
7. Réhabiliter l’histoire en formant des bâtisseurs – GEIQ Archipel (Guadeloupe)
La valorisation du patrimoine bâti est un enjeu culturel et économique en Outre-Mer. Le projet du GEIQ Archipel combine formation et restauration pour offrir aux jeunes une opportunité d’apprentissage tout en contribuant à la réhabilitation d’un site historique à Marie-Galante.
Ce programme permet d’acquérir des compétences en maçonnerie traditionnelle, charpenterie et finitions du second œuvre, adaptées aux techniques anciennes et aux matériaux locaux. L’objectif est double : préserver l’identité architecturale guadeloupéenne et créer des débouchés professionnels durables dans le secteur du bâtiment.
8. Construire autrement avec des isolants biosourcés – Emerwall (Martinique, Guadeloupe, Guyane)
L’efficacité énergétique des bâtiments est un défi majeur dans les climats tropicaux, où la chaleur excessive augmente la consommation de climatisation.
Emerwall propose un isolant biosourcé fabriqué à partir de bagasse de canne à sucre, un déchet agricole abondant en Outre-Mer. Ce matériau présente des propriétés thermiques avancées, réduisant la transmission de chaleur et optimisant le confort intérieur.
L’objectif est d’offrir une alternative aux isolants classiques, souvent importés et peu adaptés aux conditions locales, tout en développant une filière de production locale favorisant l’économie circulaire.
9. Accompagner l’auto-reconstruction dans les quartiers précaires – Les Compagnons Bâtisseurs (Guyane)
En Guyane, un grand nombre de logements précaires nécessitent des rénovations urgentes, mais l’accès aux artisans qualifiés et aux matériaux adaptés reste limité.
Les Compagnons Bâtisseurs interviennent en proposant un accompagnement à l’auto-réhabilitation, permettant aux habitants de rénover leurs habitations avec un soutien technique et des formations adaptées.
L’initiative repose sur un modèle collaboratif où les bénéficiaires apprennent à utiliser des matériaux locaux et à mettre en œuvre des solutions adaptées au climat guyanais. En plus d’améliorer les conditions de vie, ce programme renforce l’implication des habitants dans l’entretien et la durabilité de leurs logements.
10. Réinventer l’emploi dans les quartiers – Coop Union (La Réunion)
L’économie sociale et solidaire est un levier puissant pour revitaliser les quartiers en difficulté. Coop Union met en place un réseau de conciergeries de quartier, proposant une gamme de services aux habitants (petits travaux, entretien des espaces communs, livraison de courses, assistance aux personnes âgées).
Ce modèle favorise la création d’emplois locaux en recrutant des résidents du quartier et en leur offrant une formation adaptée. En plus de dynamiser l’emploi de proximité, ce projet contribue à renforcer la cohésion sociale et à améliorer la qualité de vie dans les quartiers urbains.
Un levier pour l’innovation et le développement local
Ces initiatives montrent que l’innovation ultramarine ne se limite pas à des concepts, mais produit des solutions concrètes et duplicables. En s’appuyant sur des ressources locales et en répondant aux besoins spécifiques des territoires, ces projets démontrent une résilience et une ingéniosité exceptionnelles. En intégrant les acteurs locaux, ces solutions offrent un potentiel de généralisation pour une transformation durable du logement en Outre-Mer.
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Si ces projets sont prometteurs, leur généralisation reste un défi. L’enjeu est désormais de pérenniser ces innovations et d’encourager leur diffusion à plus grande échelle. Cela passe par une structuration des filières, un accompagnement renforcé des porteurs de projets et un soutien institutionnel accru. Avec le soutien d’Action Logement et des acteurs locaux, le logement ultramarin de demain se construit dès aujourd’hui.